Jacques Franois HENRY,

historien de Boulogne-sur-mer

 

Ci-dessus : portrait de Jacques Franois HENRY en uniforme dĠadjudant du GŽnie, donnŽ par Louise Ernestine HENRY sa petite-fille ˆ la SociŽtŽ AcadŽmique du Boulonnais en 1883, lors de la restauration de son tombeau. Ernest DESEILLE archiviste de Boulogne dŽclare que Çsa physionomie respire une bontŽ sympathiqueÈ[1].

 

Jacques Franois HENRY est nŽ le 21-5-1755 dans la haute ville de Boulogne-sur-mer dans la rue qui sĠappelle aujourdĠhui rue HENRY (depuis 1822), et qui relie la place de lĠH™tel de Ville ˆ la rue de lĠOratoire. Son pre Jacques Nicolas, venant de Montreuil-sur-mer o il est nŽ en 1716 y a ouvert une boucherie. Il fait ses Žtudes chez les Frres des Žcoles chrŽtiennes, o il se trouve encore en 1768 dans la cinquime classe dite classe dĠŽcriture et du commerce, pour lesquelles ses parents paient 3 £ par mois. Il entre ensuite au collge de lĠOratoire, mais suite au dŽcs de son pre en 1768, il doit arrter ses Žtudes pour aider sa mre Marie Anne Franoise PINCEDƒ ˆ tenir son commerce.

Mais lĠenfant studieux profite de ses quelques loisirs pour Žtudier seul, en particulier les langues anciennes et les mathŽmatiques. Quelques amis de la famille pensent que lĠŽtude des lois peut lui convenir, et lĠengagent ˆ travailler dans un cabinet dĠhommes dĠaffaires. Il sent quĠil nĠy rŽussira pas, ˆ cause de son caractre rŽservŽ.

Il entre alors dans lĠadministration du Boulonnais, et il obtient peu avant 1786 la place de contr™leur gŽographe des Ponts et ChaussŽes, qui correspond ˆ ses gožts et ses talents, et le met ˆ mme de conna”tre la topographie de cette rŽgion, ˆ lĠhistoire duquel il consacrera un jour tous ses soins. En 1792 il est conducteur des Ponts et ChaussŽes des districts de Boulogne et dĠHesdin. Les chemins quĠil arpente, les monuments quĠil peut admirer, lĠincitent ˆ Žtudier et ˆ Žcrire lĠhistoire de son pays. Ds 1790 il en Žcrit le premier chapitre dans son Calendrier historique.

En dŽcembre 1789, il fait un don patriotique ˆ la Nation de boucles dĠargent pour lĠH™tel des Monnaies. Aux plus sombres moments de la RŽvolution, le pain manque ˆ Boulogne. Le 27 frimaire an II, le conseil gŽnŽral de la commune le fait nommer administrateur du district concernant les subsistances, le ravitaillement en blŽ en particulier. Il sĠacquitte de sa mission avec autant dĠintŽgritŽ que dĠefficacitŽ, sauvant ses concitoyens de la famine. La disette conjurŽe, il quitte les Ponts et ChaussŽes pour entrer dans les corps des ingŽnieurs militaires en qualitŽ dĠadjudant, place quĠil occupera jusquĠˆ sa mort. Il participe ˆ lĠŽpopŽe du Camp de Boulogne en 1804 comme adjudant du GŽnie chargŽ de la surveillance des travaux de la place.

HENRY est lĠun des membres fondateurs en 1797 de la SociŽtŽ dĠAgriculture, des Lettres et des Arts. Ds ses origines, cette sociŽtŽ regroupe des officiers dĠŽtat-major, des professeurs de lĠEcole Centrale du Pas-de-Calais Žtablie ˆ Boulogne par Pierre DAUNOU, des travailleurs de Boulogne. Son objectif est de dŽvelopper toutes les connaissances humaines, et dĠaider le laboureur en espŽrant que le peuple puisse manger ˆ sa faim. Vers 1798 il publie la Description typographique du district de Boulogne, ouvrage agrŽŽ par le Conseil des Cinq Cents et publiŽ par le ministre de lĠIntŽrieur afin quĠil serve de modle.

 

 

Ci-dessus : ÇUn membre, au nom de la sociŽtŽ dĠagriculture et des arts de Boulogne sur mer, fait hommage au conseil dĠune Description topographique du ci devant district de Boulogne sur mer, par les citoyens DELPORTE et HENRY membres de cette sociŽtŽ, il observe que le ministre de lĠintŽrieur vient dĠordonner que cet ouvrage seroit insŽrŽ dans la Feuille du cultivateur, affin quĠil serve de modle aux administrations auxquelles il est demandŽ des renseignements relatifs ˆ lĠagriculture. Le Conseil accepte lĠhommage, arrte quĠil en sera fait mention au procs-verbal et renvoye lĠouvrage ˆ la Bibliothque du Corps LŽgislatif. CollationnŽ ˆ lĠoriginal par nous PrŽsident et secrŽtaire du conseil des Cinq Cents. A Paris le 8 fructidor de lĠan six de la RŽpublique Franaise une et indivisible.È On observe deux signatures intŽressantes : celle de Pierre DAUNOU prŽsident dudit Conseil, et celle de Lucien BONAPARTE frre de NapolŽon, secrŽtaire[2].

 

 Son nom revient souvent dans les procs-verbaux des rŽunions de cette SociŽtŽ dĠAgriculture de 1797 ˆ 1819. Par exemple le 1e frimaire an VII, il est dŽsignŽ pour participer ˆ la rŽdaction dĠun Dictionnaire des termes techniques et patois de lĠagriculture. Le 21 pluvi™se an VII, il prŽsente ses rŽflexions sur les paratonnerres placŽs sur les Ždifices publics. En lĠan XI ˆ la demande du sous-prŽfet, HENRY publie une Table de conversion des anciennes mesures du Boulonnais avec les nouvelles issues du systme mŽtrique, signe de lĠestime dans laquelle il est tenu; on y apprend quĠune verge vaut 6,55 m, un journel Žquivaut ˆ 2860 m2, une gonne contient 149 litres, et un septier 168 litres.

A la veille de son dŽcs le 24-8-1819 il commence la rŽdaction dĠun Almanach ˆ lĠusage des cultivateurs et des marins.

Mais son monument est lĠEssai historique, typographique et statistique de lĠarrondissement communal de Boulogne, publiŽ en 1810 par un Žditeur boulonnais courageux car peu dĠexemplaires seront vendus.

 

Page de garde de lĠEssai historique (collection personnelle ; exemplaire ayant appartenu ˆ Pierre AndrŽ WIMET en 1962)

 

Cet ouvrage[3] contient tout ce quĠHENRY a pu trouver sur lĠarrondissement de Boulogne et comporte les sections suivantes:

- LĠŽtendue du pays et ses limites, jusquĠˆ lĠŽpoque o Jules CŽsar en fait la conqute ; on y trouve la signification des noms de lieux, et des cartes indiquant les deux rives du dŽtroit.

- La situation du mme pays depuis la retraite des Romains jusquĠˆ 1800 et lĠŽtymologie des noms de lieux. HENRY commet des erreurs sur les sanctuaires druidiques de Landrethun, mais ne se trompe pas sur les emplacements de GŽsoriacum (le port) et Bononia (la ville haute), sauf quĠil fait de GŽsoriacum une ”le. [4]

- La topographie de lĠarrondissement de Boulogne : criques, baies, rivires, fontaines, sources, chemins, tempŽrature etc.

- LĠŽconomie rurale : modes de culture, instruments aratoires, assolement du terrain, anciennes mesures et leur correspondance avec celles du systme mŽtrique, p‰turages, bois, bestiaux du pays. Cette division se termine par quelques vues personnelles dĠHENRY sur lĠamŽlioration de lĠagriculture.

- LĠindustrie, le commerce, la navigation, la pche.

- LĠorigine des Morins, les mÏurs, coutumes, langage de ses habitants. Dans un petit glossaire du patois boulonnais, on peut lire que affolure veut dire blessure, agroŽ : engourdi, arnu : orage, coillot : lait caillŽ, hu : porte, gluis : botte de paille pour couvrir les toits...

- Un rŽpertoire des personnages importants de lĠhistoire de Boulogne. Par exemple il est facile dĠapprendre quĠen 1565 Robert de PARENTY est mayeur, Jean de MONCHY gouverneur, AndrŽ DORMY Žvque.

- LĠouvrage se termine sur le Camp de Boulogne en citant les militaires de plus haut grade qui y interviennent.

En plus de son Essai historique, HENRY a laissŽ des oeuvres manuscrites, des mŽmoires sur lĠhistoire dĠAmbleteuse et celle de Desvres, des Žtudes sur les souterrains et moulins de Boulogne, et sur son climat particulier. De 1814 ˆ 1819 il est archiviste de Boulogne, succŽdant au citoyen PATENAILLE chargŽ le 27 germinal an II de remettre en ordre les archives ; ce dernier ne sĠen est gure occupŽ, faute de temps et de motivation.

HENRY Žpouse en 1789 Marie PACQUE fille dĠun couple dĠaubergistes de la haute ville de Boulogne. LĠun de leurs enfants Louis HENRY nŽ en 1790 est nommŽ par le prŽfet en 1833 architecte des travaux de la colonne NapolŽon, aprs le dŽcs de LABARRE architecte en titre peu souvent prŽsent ˆ Boulogne. CĠest sous sa direction que se fait le montage de la statue (7,5 tonnes), que la foudre endommage dŽjˆ en 1849. Il fait poser des bas-reliefs en bronze, et participe au tracŽ du jardin attenant. Louis HENRY lgue ˆ la Bibliothque le manuscrit (cotŽ 580) de son pre, qui est une Žtude des ch‰teaux du Boulonnais faite ˆ la demande du prŽfet. On y lit que lĠancien ch‰teau de Boulogne se nommait autrefois le ch‰teau de haute murŽe ; un manuscrit datant de 460 affirme quĠArthus roi de Grande Bretagne donna ˆ son neveu LŽger le ch‰teau de haute murŽe.

 

Extrait dĠune carte du Boulonnais (collection personnelle), tracŽe en 1558 par Nicolas Nicola• (mort ˆ Paris en 1583), gŽographe du roi de France, ŽditŽe sous forme dĠatlas par Abraham OrtŽlius (1527-1598 Anvers). On note le recul de la c™te de 1550 ˆ nos jours. A droite de Boullongne, on voit le village de Bollemberg. Selon HENRY (manuscrit 211) : ÇBollemberg ou Boulambert doit tre compris comme Žtant le Bourg Lambert, prs de Boulogne en allant ˆ Baincthun. o il y a le Mont Lambert, endroit o lĠon dŽcouvre la vallŽe, et sur lequel on faisait des feux pour avertir le pays lorsque le Boulonnais Žtait envahiÈ.

 

Louis HENRY a un fils Jacques HENRY, chef de bataillon au 55e de ligne, qui publie en 1868 un Essai sur une tactique ŽlŽmentaire de lĠinfanterie en rapport avec le perfectionnement des armes. Son essai nĠa pas ŽtŽ lu avec attention par les responsables militaires de lĠŽpoque, si on en juge par le dŽsastre de la guerre de 1870-1871 ! Il meurt en 1871 des suites de blessures reues pendant ce conflit. Il fait don ˆ la Bibliothque en 1868 dĠun manuscrit (cotŽ 211) de son grand-pre intitulŽ Recueil de documents historiques. Il sĠagit en plus de ses recherches personnelles, de la compilation de tout ce que les Anciens ont trouvŽ sur le Boulonnais. La mise en ordre mŽthodique de ce manuscrit sera lĠossature de son ouvrage publiŽ en 1810. On y apprend par exemple quĠen plus du village nommŽ Baincthun, il existe un lieu-dit nommŽ Paincthun, hameau du village dĠEchinghen. On y lit aussi un journal dŽtaillŽ du sige de Boulogne par la Ligue de 1586 ˆ 1591, et un recueils de faits sur le sige de Boulogne en 1544. A propos de la Tour dĠOrdre, nommŽe the old man par les Anglais, Jacques Franois HENRY Žcrit que la cause principale de sa chute est dĠabord le recul de la c™te, dĠau moins 200 mtres de 1550 ˆ 1800, causŽ par lĠimpŽtuositŽ des vagues[5], le flux et le reflux de la mer. Mais en plus les Boulonnais, en extrayant dĠŽnormes quantitŽs de pierres au pied de cette falaise pour les vendre aux Hollandais qui sĠen servaient pour faire leurs digues, ont accŽlŽrŽ son Žcroulement.[6]

LĠhistorien HENRY est affiliŽ en 1806 ˆ la franc-maonnerie. On trouve dans le courrier interne[7] de la loge de Saint FrŽdŽrick des Amis Choisis ˆ lĠOrient de Boulogne, une lettre datŽe du 6 mai 1806 o lĠon dŽnonce Çles frres LAMBERT, LAURENSON, BERTRAND pharmacien en haute ville et ROGERÈ, qui ont crŽŽ une loge dissidente ˆ Selles, situŽe ˆ cinq lieues de Boulogne, intitulŽe ÇSaint NapolŽon des Amis de lĠAgricultureÈ. Ils sont accusŽs dĠavoir confiŽ Çle grade dĠapprentif ˆ plusieurs profanes dont lĠofficier de gŽnie de la place de BoulogneÈ, cĠest-ˆ-dire Jacques Franois HENRY. LĠex-abbŽ LAMBERT, commissaire de police de la ville de Boulogne, membre de la loge de Saint FrŽdŽrick, se plaint en juin 1806 pour expliquer cette scission que depuis quelque temps, Çquelques frres arrachent des signatures aux frres faibles, et organisent des rŽunions clandestinesÈ. Le 7 juillet 1806, des sanctions sont prises, certains frres sont exclus, mais le 16 mars 1808 LAMBERT, BERTRAND et LHEUREUX greffier de mairie sont rŽintŽgrŽs et reprennent leur rang. HENRY adhre le 10-10-1807 ˆ la loge de Saint FrŽdŽrick.

Au dŽcs de Jacques Franois HENRY, la SociŽtŽ dĠAgriculture vote une somme de 600 francs pour lui construire un monument funŽraire, qui est en 1883 restaurŽ par la SociŽtŽ AcadŽmique du Boulonnais sous lĠimpulsion dĠErnest DESEILLE, lui aussi historien et archiviste. Les inscriptions de droite et gauche du tombeau rŽsument sans doute bien le personnage : Çil ne connut de passions que celles du bien et de lĠŽtudeÈ et ÇlĠhonneur et la prospŽritŽ de son pays ont ŽtŽ le constant objet de ses travauxÈ.

Jacques Franois HENRY a comme petit-neveu Jean Baptiste DŽsirŽ HENRY qui est maire de Boulogne en 1870-1871 pendant la guerre franco-prussienne. La famille HENRY a bien mŽritŽ dĠavoir en son honneur une rue de Boulogne, si modeste soit-elle.

 

Dessin de la Tour dĠOrdre par HENRY

 

 

Marcel FOURNET

 

(Sources : Archives Municipales, manuscrits et fonds ancien de la Bibliothque Municipale de Boulogne)

 

La famille HENRY

 

 

Jacques Nicolas HENRY

 

 

(1719-1768)

 

 

x Marie Anne Franoise PINCEDƒ

 

 

(1727-1793)

 

 

 

 

Jacques Franois HENRY, historien

 

Jean Franois Esprit HENRY

x Marie Jeanne Robertine PACQUE

 

x Marie Louise Gabrielle LOUCHET

 

 

 

Louis Marie Robert HENRY

 

Martial Placide HENRY

x FlorŽale FAUDIER

 

x Marie Louise CLETON

 

 

 

Jacques Louis ThŽodore HENRY

 

Jean Baptiste DŽsirŽ HENRY,

chef de bataillon

 

maire de Boulogne en 1870-1871

 

1-Louis Marie Robert HENRY

 

Professeur de dessin, il est aussi surveillant des travaux de la colonne NapolŽon. En 1832, son salaire de surveillant Žtant abaissŽ ˆ 1000 francs, il sĠen plaint au prŽfet TALLEYRAND, rappelant que son oncle Jacques Franois Esprit HENRY avait facilitŽ en 1792 le dŽpart en Žmigration pour lĠAngleterre du futur prince Charles de TALLEYRAND alors que la vie de ce dernier Žtait en danger. En 1833 le prŽfet le nomme architecte des travaux, aprs le dŽcs de LABARRE architecte en titre peu souvent prŽsent ˆ Boulogne.

CĠest sous sa direction que se fait le montage de la statue (7,5 tonnes), que la foudre endommage dŽjˆ en 1849. Il fait poser des bas-reliefs en bronze, et participe au tracŽ du jardin attenant.

Il sĠintŽresse aussi au chemin de fer, et imagine mme un train de Boulogne au Caire. Il dŽcde ˆ Marseille en 1863.

 

2-Jacques Louis ThŽodore HENRY

 

Chef de bataillon au 55e de ligne, il publie en 1868 un Essai sur une tactique ŽlŽmentaire de lĠinfanterie en rapport avec le perfectionnement des armes. Son essai nĠa pas ŽtŽ lu avec attention par les responsables militaires de lĠŽpoque, si on en juge par le dŽsastre de la guerre de 1870-1871 !

Il meurt en 1871 des suites de blessures reues pendant ce conflit avec le grade de lieutenant-colonel.

 

3-Jean Franois Esprit HENRY

 

Ses tribulations pendant la Terreur

(par lĠabbŽ G. DELAMOTTE ; extraits dĠun Bulletin de la sociŽtŽ acadŽmique de Boulogne)

 

A lĠH™tel de Ville de Boulogne sŽvissaient de dignes Žmules des extrmistes sanguinaires dĠArras et de Paris. SADET, BELLE, CATTAèRT, LISSƒS, et autres sans-culottes de marque, avaient remplacŽ aux fonctions municipales le feuillant LOISON et sa coterie. Suspects de modŽrantisme, destituŽs par le reprŽsentant du peuple DUMONT, ces faux rŽpublicains avaient quittŽ la maison de ville pour la prison. On leur reprochait, par exemple dĠavoir sans scrupule dŽlivrŽ ˆ profusion des passeports aux agents de la royautŽ et de la superstition. AvisŽe, la Convention avait donnŽ lĠordre de tenir pour non avenues ces pices frauduleuses, et dŽcidŽ le ch‰timent des tra”tres.

Les Jacobins de la localitŽ poursuivaient dĠune animositŽ particulirement implacable le secrŽtaire adjoint de la municipalitŽ. A les en croire, cet individu vŽnal aurait ŽtŽ lĠ‰me de cette conspiration, et en tenant boutique de ces certificats mensongers, aurait fait le jeu des ennemis de la RŽvolution.

Quel Žtait ce fonctionnaire prŽvaricateur ? Comment sĠappelait sa famille ? Quels antŽcŽdents lui connaissait-on ? Quel sort allait donc lui tre fait ?

LĠinculpŽ Žtait nŽ ˆ Boulogne le 14 mars 1758. On le dŽsignait ordinairement sous le nom de HENRY le Jeune, pour le distinguer de son frre HENRY lĠA”nŽ, administrateur pour lors du district,historien du Boulonnais. HENRY le Jeune avait pour prŽnoms : Jean Franois Esprit.

Toute sa carrire sĠŽtait ŽcoulŽe en sa citŽ natale dans lĠexercice dĠemplois publics. DĠabord commis cinq ans durant, du Directeur des Aides, il avait quittŽ ce poste pour celui dĠemployŽ au Contr™le des Actes. Aprs trois ans de fonction en cette charge, et un sŽjour de quatre ans au greffe de la SŽnŽchaussŽe, et un autre de cinq ans ˆ la SubdŽlŽgation, il Žtait devenu dĠoctobre 1789 ˆ avril 1791, commis de ville ˆ lĠAdministration de lĠOctroi provincial du Boulonnais.

Son passŽ professionnel lui faisant honneur, lors de la suppression de lĠOctroi, le Directoire du district avait recommandŽ ˆ la bienveillance gouvernementale ce fonctionnaire consciencieux. ÇSon travail, avait-il Žcrit textuellement, a toujours eu lĠapprobation de ses chefs. Sans fortune il mŽrite commisŽration.È

Aussi, soucieux dĠattacher au bureaux de lĠH™tel de Ville un serviteur aussi apprŽciŽ, le maire de Boulogne, le citoyen LOISON lui avait confŽrŽ le titre de secrŽtaire adjoint le 11 juillet 1792, en remplacement de MONTLAURE.

HŽlas ! Alors surtout, la Roche TarpŽienne Žtait voisine du Capitole. Quelques mois plus tard, une rŽvolution de palais Žtant survenue, le ci-devant maire Žtant tombŽ en disgr‰ce, son secrŽtaire adjoint privŽ lui aussi de sa charge, fut ignominieusement jettŽ en mme temps que lui sous les verrous, peu aprs le 6 avril 1793, date ˆ laquelle il commence ˆ tre suspectŽ.

ArrachŽ ˆ une femme enceinte de cinq mois, et ˆ deux petits-enfants en bas ‰ge, dont il Žtait lĠunique providence, le prisonnier dut de longs mois, attendre son Žlargissement.

Les terribles logiciens de lĠŽpoque ne pŽchaient point par excs de sensiblerie. Aussi peu leur importaient les pleurs et le dŽnuement de femme et dĠorphelins ; pour eux le souvenir dĠune famille et dĠun passŽ sans taches ne comptait pas. Leur haine Žtait inexorable.

EplorŽe la malheureuse femme de HENRY le Jeune tenta cependant de les dŽsarmer. Aux abois, elle envoya cette poignante supplique :

ÇAux citoyens maire, officiers municipaux, et membres du Conseil gŽnŽral de la commune de Boulogne.

Citoyens, FŽlicitŽ LOUCHET femme de Jean Franois HENRY Žcrivain, demeurant ˆ Boulogne, mre de deux enfants, et dĠun troisime quĠelle porte dans son sein depuis huit mois, se trouvant actuellement sans secours, vous expose que la dŽtention de son mary en la maison dĠarrt des sÏurs Glaudes ˆ Abbeville, la mest hors dĠŽtat de se procurer et ˆ sa famille la subsistance dont ils ont besoin ; que depuis la dŽtention de son  mary, elle sĠest vue obligŽe de vendre des linges et hardes tant pour subvenir aux besoins particuliers de sondit mary, ˆ Abbeville, quĠˆ ceux de sa pauvre famille, que bient™t cette ressource va lui manquer, et quĠelle va se trouver ainsi que ses enfants, ˆ la charge commune de la RŽpublique, pourquoi elle a recours ˆ vous, citoyens, composant le Conseil gŽnŽral de la commune, pour obtenir le prompt Žlargissement de son mary, de celui qui par son travail peut la prŽserver et sa famille naissante des horreurs de la misre qui les menace. Elle attend de votre justice et de lĠhumanitŽ qui caractŽrisent toujours les vrais rŽpublicains, que vous ferez droit ˆ sa juste rŽclamation. SignŽ femme HENRY.

PrŽsentŽe le 13 frimaire an II (3 dŽcembre 1793) de la RŽpublique, une et indivisible.È

Cette requte appela lĠattention du reprŽsentant DUMONT et de la municipalitŽ sur le cas du malheureux HENRY. Ses papiers enfin examinŽs, disculprent le prisonnier. Il nĠavait point vŽcu lui et les siens, de lĠargent de la trahison ; ses moyens dĠexistence ds la perte de son emploi avaient ŽtŽ ses travaux dĠŽcriture chez les hommes de loi, et ceux de couture de sa femme. Il Žtait sans peur parce que sans reproche.

DUMONT agrŽa ces explications ; et les portes du sombre cachot furent ouvertes au prisonnier, qui va pourvoir dŽsormais ˆ lĠexistence des siens. Boulogne Žtant devenue pour HENRY le Jeune le gupier o ses jours demeuraient en danger, il partit pour Abbeville o un poste de ma”tre dĠŽcole Žtait vacant. NŽcessitŽ fait loi. En faisant acte de candidature, il assura la municipalitŽ ÇquĠil ferait ses efforts pour inculquer aux jeunes rŽpublicains de la paroisse Saint-SŽpulcre le peu de talent quĠil avoit acquis, et les vrais principes que la loi ordonne de suivre.È Il joignait ˆ sa demande, pour donner connaissance de son travail, un compte quĠil avait formŽ.

Le 26 niv™se an II (15 janvier 1794), Çexaminant les pices dĠŽcriture faites par le citoyen HENRYÈ, le Conseil gŽnŽral dĠAbbeville Çtrouva quĠelles provenaient dĠun ma”tre habile et aprs sĠtre assurŽ que le citoyen susdit en Žtoit lĠauteur le reut en qualitŽ de premier instituteur du quartier Saint-SŽpulcre. Il le lui accordoit 15 jours pour se munir dĠun certificat de civisme.È

In cauda venenum. Etant donnŽes les circonstances politiques gŽnŽrales, cette dernire clause retournait le magister dĠAbbeville dans les fourches caudines boulonnaises. A peine dŽbarrassŽe la victime retombait dans les pattes du loup terroriste.

Cr‰nement, HENRY le Jeune revint devant ses ennemis. Le Conseil gŽnŽral de la commune de Boulogne, lĠayant renvoyŽ au ComitŽ de Salut Public de la section de lĠH™tel de Ville pour lĠobtention de ce certificat, Jean Franois Esprit HENRY le 13 pluvi™se an II (premier fŽvrier 1794) plaida sa cause en ces termes Žloquents : ÇlibŽrŽ, le peuple dĠAbbeville me trouvant quelques talents propres pour lĠŽducation de la jeunesse, me choisit pour remplir une place dĠinstituteur aux appointements de 800 £. Je me rendis, il y a de cela 15 jours, pour obtenir un certificat de civisme. Je me prŽsentois, pour cet effet, ˆ la Commune qui me remit ˆ quelques jours. Le dŽlai expirŽ, je retournais ˆ la Commune, qui mĠassigna un nouveau terme, lequel fut prorogŽ jusquĠau dŽcadi dernier, o on mĠaccorda une audience. Quelle fut ma surprise, citoyens, lorsque pour un des motifs de mon arrestation, jĠentendis me reprocher que jĠavois achetŽ pour 15000 £ de biens depuis la RŽvolution, moi qui nĠen possde point pour un sou, moi qui nĠen ait jamais eu dĠautre que celui de mes bras, moi qui nŽ sans-culotte, en ai toujours menŽ la vie. Il est vrai que mon frre, par arrangement de famille, Žtant chargŽ de me remettre 3600 £, jĠavois comptŽ sur cette somme pour acquŽrir une petite maison dans quelque quartier de Boulogne ; que je peux avoir communiquŽ ce projet ˆ quelque ami, qui lĠaura dit ˆ une autre personne, mais rien nĠa ŽtŽ effectuŽ, ni mme tentŽ. On mĠa reprochŽ encore dĠavoir fait des dŽpenses au-dessus de mes facultŽs. Il est bien facile de rŽpondre ˆ ces inculpations. tout le monde sait que les notaires, les avouŽs, et tous ceux qui ont des Žcritures ˆ faire, mĠont donnŽ toujours leur confiance, et cĠest que qui mĠa mis ˆ portŽe de nourrir ma famille. Personne nĠignore encore que je donnois des leons dĠŽcriture et dĠarithmŽtique. DĠailleurs la vie dĠun sans-culotte dans sa maison est toujours frugale, et peu de choses suffisent ˆ son entretien.

Tout le monde ˆ Boulogne sait ce que jĠai fait pour la RŽvolution. Un des premiers qui ait arborŽ la cocarde tricolore, ds la formation de la garde nationale, ayant ŽtŽ nommŽ capitaine dĠune compagnie de chasseurs, jĠai employŽ toutes mes facultŽs au maintien de lĠordre et ˆ la conservation dĠun magasin au blŽ, qui se trouvoit alors menacŽ vŽhŽmentement. JĠai constamment supportŽ avec mes camarades chasseurs, les fatigues attachŽes ˆ la seuretŽ de la ville, et au maintien de lĠordre. JĠŽtois un des premiers ˆ la prise des armes au Ch‰teau et alors, jĠai dŽpensŽ des sommes assez considŽrables qui ne mĠont point ŽtŽ remboursŽes. Personne alors ne mĠa fait un crime de mes dŽpenses, et ne mĠa demandŽ compte de mes moyens de subsistance. Cependant ils Žtaient les mmes que lĠan passŽ, puisquĠalors je jouissois dĠune place de 600 £ au Bureau des Aides et quĠen 1793, celle de greffier adjoint me rapportoit la mme somme. Il faut que je le confesse, citoyens, je nĠaurois point ŽtŽ dans le cas de supporter la dŽpense que je faisois en 1789 pour la RŽvolution, parce quĠelle Žtaient plus considŽrables que celles que lĠon me reproche actuellement. Mais mon frre ˆ qui rien ne cožte lorsquĠil sĠagit des intŽrts et du salut de la patrie, me seconda alors de toutes ses facultŽs.

Il est un fait que je rapporterai encore ici, pour prouver jĠŽtois dans le sens de la RŽvolution. CĠest le jour que jĠallois ˆ Samer, faire la demande de mon Žpouse. Je trouvois ˆ mon retour la ville de Boulogne en grande fermentation. On battoit la gŽnŽrale de tous c™tŽs. Alors mon frre, me laissant ˆ peine le temps de descendre de la voiture o jĠŽtois avec ma mre, me prŽsente un fusil et je le suis au milieu du rassemblement.

Un autre fait plus marquant encore, et dont le gŽnŽral VINCENT  peut rendre tŽmoignage, cĠest que 15 jours environ avant mon arrestation , sur le bruit que des brigands Žtoient rassemblŽs dans la fort de Desvres, on commanda un dŽtachement pour aller ˆ leur poursuite. VINCENT en Žtoit le chef. QuĠil dise comment je mĠy comportois.

SĠil se trouve ici quelquĠun qui puisse allŽguer la moindre chose contre la vŽracitŽ du rŽcit qui vient dĠtre fait, je lĠinterpelle et le somme de donner un dŽmenti ÉVous le voyez, citoyens, ce calme profond est le tŽmoignage le plus Žclatant que le peuple nombreux, ici prŽsent, puisse rendre de ma conduite.

Je rŽitre donc la demande dĠun certificat de civisme. je vous le demande au nom de la justice, au nom de lĠhumanitŽ. Quoi ! Depuis 15 jours que jĠai laissŽ une femme prte ˆ donner un citoyen ˆ la patrie, que jĠai quittŽ deux pauvres enfants, qui dans ce moment ont besoin de ma prŽsence, pour leur porter les soins que leur mre ne peut leur donner dans lĠŽtat o elle se trouve ˆ prŽsent, on surseoiroit encore ˆ la dŽlivrance dĠun certificat dont jĠai besoin pour occuper une modique place qui asureroit la subsistance de ma famille. Chaque minute de retard apportŽe ˆ cette dŽlivrance est un coup de poignard que lĠon plonge dans le sein dĠune famille dŽsolŽe.È

Les circonstances font les orateurs, HENRY le Jeune, stylŽ par lĠadversitŽ et criant justice, Žtait superbe dĠŽloquence.

A vrai dire, au milieu des siens le tableau Žtait navrant. Une lettre de la malheureuse femme de lĠemployŽ disgraciŽ nous peint toute la dŽsolante tristesse de sa situation. La voici : ÇAbbeville lundy soir 8 pluvi™se an II (27 janvier 1794). Cher Žpoux, jĠay receu ta lettre aujourdhuy lundy, et je mĠempresse de rŽpondre. La municipalitŽ est trs surprise du retard que tu Žprouves pour ton certificat. Ils en sont trs impatiens. LĠinstituteur de la petite classe est toujour ˆ leurs oreilles pour leur tŽmoigner la fatigue quĠil Žprouve, et la nŽcessitŽ quĠil y a que tu y sois. Les citoyens municipaux ont dŽcidŽ ce matin quĠon auroit attendu jusquĠˆ jeudy. Un autre particulier se presente pour ta place et la postule fortement, on ne lui a rien accordŽ jusquĠˆ prŽsent, mais le moindre retard pourroit beaucoup nous nuire. Quoique jĠai employŽ VENANT et PINTHIAU ˆ prier les citoyens municipaux dĠattendre un jour ou deux, et moi-mme demain jĠirai chez PICOT et DUFOURNY, quoique VENANT a dž leur parler ce soir. Ne nŽglige point de mĠŽcrire, et t‰che de mĠenvoyer lĠexpŽdition de la dŽlibŽration et pour tre plus t™t icy, prends le courrier de la Malle aussit™t ton affaire finie. Ne perds pas de tems. Crois moi. Ou prends la diligence mercredy si il est possible, ou au plus tard samedy. car je leur dis quĠil nĠest gure possible que tu sois icy avant la fin de la semaine. Il seroit bien malheureux pour moi et mes enfans que tu perdes la place par la nŽgligence quĠon met ˆ Boulogne ˆ finir ton affaire. DŽpeinds leur notre position, et lĠhumanitŽ qui doit tre le guide de tout bon rŽpublicain, les forcera dĠaccŽlŽrer la chose.

Tu ignores peut-tre que POILY est ˆ Boulogne. Il est logŽ chez DAMBRON. Vois le sĠil nĠest pas reparty. Ne pars pas sans mĠen donner avis, et par quelle occasion le plus vite que tu pourras arriver sera le mieux, il est venu diffŽrentes personnes pour tĠapporter de lĠouvrage, perte de tous les c™tŽs. Juge combien je suis dŽsolŽe, et peut-tre nĠarriveras-tu pas assez t™t pour ma couche. Je tĠassure que je suis bien tracassŽe. Bien des choses de ma part ˆ tes parents. Je tĠembrasse. Je tĠatend avec impatience, et je suis pour la vie ta fidelle Žpouse. SignŽ LOUCHET HENRY.È

Le ComitŽ de Salut Public de Boulogne Žmit un avis favorable ˆ la dŽlivrance du certificat : ÇHENRY, dit-il , a ŽtŽ compris dans la liste des gens suspects dressŽe le 24 septembre dernier, comme nĠayant pas de moyens connus dĠexistence depuis la perte de son emploi au secrŽtariat de la municipalitŽ. DUMONT aprs examen, nĠa pas trouvŽ la prŽvention fondŽe. DĠautre part, ce fonctionnaire justifie de ses moyens de subsistance, une visite domiciliaire a prouvŽ quĠil nĠavait jamais eu de correspondance suspecte. En consŽquence, attendu quĠil sĠest toujours distinguŽ par son zle et son exactitude au service de la Garde Nationale, le comitŽ le renvoie au Conseil gŽnŽral de la commune pour y obtenir son certificat de civisme.È Les LATTEUX, BLANGY, BOIDART, DANGIS, MITOIRE, Jacques LEPORCQ, MARTIN, se firent ses garants. La municipalitŽ nĠosa passer outre.

Enfin le monstre rŽvolutionnaire laissait aller sa proie. ExpatriŽ ˆ Abbeville, lĠemployŽ de bureau devenu magister allait pouvoir donner du pain ˆ sa famille, un instant si pauvre et si angoissŽe. Mais ce bonheur au temps de ROBESPIERRE ne pouvait quĠtre ŽphŽmre. La terreur faisait recrudescence. Trois mois plus tard, dŽclarŽ ˆ nouveau suspect, en raison de son attitude louche lors de son passage ˆ la mairie de Boulogne, HENRY le Jeune allait devoir se dŽfendre devant les jurŽs. En vain, plus humains que ses compatriotes dĠorigine, ses concitoyens dĠadoption envoyrent pŽtition sur pŽtition en sa faveur, le dŽclarant Çbon citoyen, bon et loyal rŽpublicain, digne de lĠamitiŽ, digne de lĠestime de tous les bons patriotes.È QuĠimportait ! Les Montagnards boulonnais nĠavaient point perdu de vue leur victime. HENRY avait ŽtŽ un fidle lieutenant de LOISON. LOISON et son parti devait dispara”tre. Il fallait se servir dĠHENRY pour compromettre LOISON et ses amis. Et pour faire gravir ˆ tous ces faux rŽvolutionnaires les Žchelons de la guillotine.

Le 12 messidor an II (30 juin 1794) au paroxysme de la Terreur, le comitŽ de surveillance rŽvolutionnaire de Boulogne Žtait rŽuni en sŽance. QUIGNON-SAUVAGE prŽsidait, F. FOISSEY tenait la plume de secrŽtaire, COSTE, LEDEZ, MOLEUX, LAFOIREZ, CROUY, J. BODOIN, Ch. VOVELLE, MARTIN, Dominique GUCHE, GRISET Žtaient prŽsents. Citons dans son texte leur dŽlibŽration. Le comitŽ avait ˆ se prononcer sur les opinions publiques de HENRY, le greffier.

ÇJean Franois HENRY, lors de lĠŽvŽnement du 14 juillet 1789, fut un des premiers ˆ se passer la cocarde tricolore et organiser la garde citoyenne dont il fut un des chefs. LĠenthousiasme qui lĠemportoit Žtoit ˆ son comble, et il persŽvŽra dans ces heureuses dispositions aussi longtemps quĠil frŽquenta les hommes de la RŽvolution. Mais bient™t se liant aux premiers conspirateurs (les prtres), il fit retraite subite et sĠattacha fortement ˆ quelques insermentŽs ; quoique depuis longtemps on ne lui connut aucune sorte de culte ; ds lors il tomba dans le fanatisme et le royalisme, et on lui entendit souvent rŽpŽter ces mots : mon Dieu et mon Roy, cri de ralliement des contre-rŽvolutionnaires de toutes les Žpoques de la RŽvolution. A ce moment commencent les orgies auxquelles il assista, et la bombance de tous genres fut de permanence chez HENRY, et le prtres pestifŽrŽs quĠil avoit suivis. Cependant HENRY Žtoit sans aucune sorte de fortune, et nĠavoit de moyens connus dĠexistence que des appointements de 600 £, avec ce quĠil pouvoit gagner dans des moments de loisir en travaillant pour les avouŽs, ce quĠon peut Žvaluer ˆ 600 £ encore au maximum, et si on considre la dŽpense ˆ laquelle il se livroit, on seroit surpris quĠelle fut moindre de 2000 £.

A peu prs au temps de la dŽportation des scŽlŽrats ses amis, il entra comme secrŽtaire adjoint au bureau municipal, et cĠest ici que prennent date les infidŽlitŽs dont il est gravement suspectŽ. On le vit alors comme de permanence chez la veuve NOLY et PARKER, auberge louŽe pour ne pas dire vendue ˆ toute la horde des ennemis extŽrieurs et intŽrieurs de la RŽpublique. Il Žtoit aussi fort assidu dans les maisons o sĠŽtoit retirŽe cette engeance perverse dĠŽtrangers dont la commune de Boulogne Žtoit inondŽe : on lui en fait des reproches et il a rŽpondu que ses dŽmarches nĠŽtoient point criminelles, quĠil sĠy abandonnoit parce que les personnes auxquelles il avoit ˆ remettre des certificats de rŽsidence ou de passeport, le gratifioient de 5 ˆ 10 £ et quelquefois plus, et que ces remises lĠaidoient ˆ faire la dŽpense bornŽe quĠon lui reprochoit.

Mais le fait est quĠHENRY avoit une agence active, dans la dŽlivrance des actes dont sĠagit. A cet effet, il sĠŽtoit liŽ intimement avec lĠimmonde et cupide BARSE, quĠune mort prŽmaturŽe a ravi ˆ la guillotine ; on lĠa vu souvent encore, bien avant dans la nuit, dans la Chambre du Conseil de la commune avec DELARUE ; il Žtoit aussi le protŽgŽ de LOISON ex-maire, de BLANGY, et de plusieurs autres dont les nomenclatures Žchappent maintenant au ComitŽ. Il protŽgeoit ˆ son tour DUBUARD, les CLAIRET, et autres abonnŽs aux certificats de rŽsidences, de messieurs les contre-rŽvolutionnaires. Il a signŽ lui-mme antŽrieurement ˆ sa commission de secrŽtaire adjoint plusieurs de ces certificats ; il fut Žtabli gardien des effets dŽlaissŽs par BALIN le dŽportŽ, et on ne sait ce que sont devenus ces effets. Enfin, il montoit une boutique dĠindiennes, mousselines, et au moment o il fut frappŽ dĠarrestation, en exŽcution de la loi du 17 septembre dernier (stile esclave), on observe quĠil fut expulsŽ de la commune ˆ peu prs en juin prŽcŽdent. Au surplus, HENRY est regardŽ par toute cette commune comme lĠennemi de la RŽvolution, et les preuves en existent dans les sentiments de tous les habitans de Boulogne.È

Un tel rŽquisitoire appelait sur lĠinculpŽ la peine de mort. LĠex-employŽ de la mairie de Boulogne Žtait en prison ˆ Arras. SIMENCOURT le secrŽtaire du comitŽ de surveillance de Boulogne, sĠempressa dĠappeler lĠattention du proconsul dĠArras sur le malheureux accusŽ. Avant de lĠexŽcuter, il importait dĠen faire un dŽlateur, de tirer de lui tous les renseignements confidentiels susceptibles de compromettre ceux qui avaient ŽtŽ ses amis. Le 14 messidor an II (2 juillet 1794), SIMENCOURT et GUCHE lĠa”nŽ Žcrivirent ˆ Joseph LEBON : Çnous tĠavertissons que le nommŽ HENRY peut donner de grands renseignements sur la conduite quĠa tenue lĠancienne municipalitŽ envers les Žtrangers.È

Les complices boulonnais de ROBESPIERRE rvaient pour cette ville une vaste et terrible hŽcatombe. Le sang nĠavait point suffisamment coulŽ.

Retour des choses, cĠest pour les terroristes que lĠheure du ch‰timent Žtait venue. Lasse de tant dĠhorreurs, la Convention sĠŽtait enfin dŽcidŽe ˆ faire justice des assassins. Dix jours plus tard, ce nĠŽtait pas HENRY le Jeune qui gravissait les degrŽs de lĠŽchafaud, cĠŽtaient ROBESPIERRE et ses complices. LĠatroce rŽgime avait pris fin, la France respirait. Rendu ˆ la libertŽ, revenu ˆ Boulogne, Jean Franois Esprit HENRY mourut le 30 avril 1808.

Outre une fille Pauline, Jacques Franois Esprit HENRY a trois fils :

a) FŽlix Franois HENRY nŽ le 8-3-1791 ˆ Boulogne, qui Žpouse le 28-4-1817 Jeanne Franoise POSTEL. Il monte un Žtablissement de fabrication et vente de meubles rue Siblequin. Cette famille est frappŽe par le malheur : dans la nuit du 1-3-1842 un incendie dŽtruit tout et cause lĠasphyxie du pre, de sa fille et de son fils a”nŽ.

b) Charles Edouard HENRY, nŽ le 12-12-1793 ˆ Abbeville, qui Žpouse le 6-9-1807 Justine DUBOIS. En 1816 il entre dans lĠinfanterie royale, finit sergent et est libŽrŽ en 1826, aprs avoir obtenu le brevet de ma”tre dĠarmes . Il crŽe alors ˆ Boulogne une salle dĠescrime et un Žtablissement de bains chauds. Il meurt en 1874.

c) Martial Placide HENRY, nŽ le 7-6-1792 ˆ Boulogne, qui Žpouse le 2-5-1820 Marie Louise Augustine CLETON. EntrŽ au service de la marine ˆ Anvers en 1812, il est sergent des grenadiers en 1813, et fait les campagnes de Belgique et de France. Il est adjudant de la garde royale en 1816, rŽformŽ en 1820 et devient nŽgociant rue Neuve ChaussŽe. Il fait partie en 1819 de la loge franc-maonnique dite Loge de Saint Augustin de la parfaite intelligence du Grand Orient, puis de la Loge de lĠAmitiŽ ˆ Boulogne. Il dŽcde le 25-10-1831, ayant eu trois filles et un fils Jean Baptiste DŽsirŽ HENRY. Marie CLETON est par sa mre une petite-fille de Michel Franois DUBUISSON, nŽ ˆ Enocq en 1716, huissier en la SŽnŽchaussŽe du Boulonnais, et historien de Boulogne qui Žcrit entre autres : Recherches sur les antiquitŽs du Boulonnais et aussi une Dissertation sur les reliques o il dŽclare que la relique de Boulogne contenant le sang du Christ est fausse. (Source : Les DUBUISSON du Boulonnais par Michel CHAMPAGNE).

 

4-Jean Baptiste DŽsirŽ HENRY

 

Buste de Jean Baptiste DŽsirŽ HENRY situŽ au cimetire de lĠest ˆ Boulogne

 

Jean Baptiste DŽsirŽ HENRY, est nŽ le 28-1-1823 ˆ Boulogne. Le 15-6-1855 il Žpouse ˆ Paris (2e) Marie Reine Franoise SAUVAGEOT, et dŽcde ˆ Boulogne le 22-2-1888 sans descendance.

 Il fait ses Žtudes ˆ Paris o il obtient le baccalaurŽat s-lettres en 1843, et le doctorat en droit en 1848. Il exerce ˆ Boulogne pendant 30 ans la fonction dĠavocat.

DŽsirŽ HENRY, lors conseiller gŽnŽral, est nommŽ maire de Boulogne le 14-9-1870 par le gouvernement de dŽfense nationale pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, suite ˆ la dŽmission de son poste de maire du docteur LIVOIS qui nĠaccepte pas, selon le journal lĠImpartial, quĠune partie des Parisiens impose depuis le 4 septembre son gouvernement ˆ la France entire. LIVOIS demeure quand mme au conseil municipal et assiste alors HENRY de son expŽrience en tant que premier adjoint.

DŽsirŽ HENRY oeuvre au mieux pour le bien-tre des Boulonnais, des soldats blessŽs ou malades, et pour lĠorganisation de la dŽfense de la France envahie.

Une note assez nŽgative sur DŽsirŽ HENRY : en 1871 il chasse de son emploi dĠarchiviste de Boulogne lĠabbŽ Daniel HAIGNERƒ qui critique le gouvernement dans le journal lĠImpartial . Ernest DESEILLE sucŽdera ˆ HAIGNERƒ.

Quelques unes des dŽcisions du conseil municipal sous son majorat, extraites des dŽlibŽrations du conseil municipal (AM Boulogne, ouvrage cotŽ 1D29) :

- Suite aux ŽvŽnements du 4-9-1870 (dŽchŽance de NapolŽon III et proclamation de la RŽpublique), la dŽnomination ˆ Boulogne du Boulevard de lĠImpŽratrice, nĠa plus sa raison dĠtre. HENRY propose lĠappellation boulonnaise de Boulevard DAUNOU, en hommage ˆ lĠhomme qui, pendant sa longue existence, se fit un bonheur de rendre service aux Boulonnais, surtout aux plus humbles et aux plus jeunes.

- DŽs le dŽbut de son majorat le 25-9-1870, il propose que, Boulogne Žtant ville ouverte, il est inutile dĠy maintenir des force considŽrables qui pourraient tre employŽes ailleurs ; il invite les prŽfets des dŽpartements voisins ˆ se rŽunir pour organiser la dŽfense du pays : 200000 hommes pourraient ainsi tre levŽs. Il est votŽ un emprunt de 400000 francs pour les dŽpenses relatives ˆ la dŽfense et au soulagement des misres locales. Le service dĠordinaire de la Garde Nationale est installŽ au Ch‰teau.

- Le maire octroie des crŽdits supplŽmentaires au Bureau de bienfaisance : 9500 francs dont 6500 pour le pain, et un budget supplŽmentaire pour lĠhospice. Il rgle ses frais au chef dĠorchestre de lĠŽtablissement de bains.

- En hommage ˆ lĠingŽnieur Pierre MARGUET qui a participŽ ˆ la construction des digues, nŽ ˆ Paris le 14-8-1785 et dŽcŽdŽ ˆ Lausanne le 29-11-1870, on dŽcide que le le barrage ŽclusŽ qui fait face ˆ la place FrŽdŽric SAUVAGE portera son nom.

- Le 3-2-1871 a lieu une dŽlibŽration sur le collge communal (lĠactuel LycŽe Mariette) au cours de laquelle on exprime le regret de la suppression de lĠaum™nier, dont le service est fait par le vicaire de St Nicolas. On estime que 6 heures par semaine sont insuffisantes pour assurer une Žducation religieuse bien nŽcessaire pour former les jeunes gens ˆ la vertu et conserver leurs bonnes moeurs.

- Le 4-9-1870 le conseil accepte le testament de Mme DELAHODDE nŽe ISAAC, qui lgue 40000 francs aux pauvres du faubourg de Brecquerecque.

- Suite au dŽcs de Mgr HAFFREINGUE, le conseil demande que son corps soit inhumŽ dans lĠŽglise Notre Dame, dont il est le crŽateur, et quĠil a lŽguŽe ˆ la ville pour le service du culte.

- A cette Žpoque, on parle du projet dĠouverture de la rue Beaurepaire, on Žtablit un chemin de communication du Portel ˆ Boulogne, on assainit la Ruelle ˆ cochons situŽe Rue de Constantine.

- Les indemnitŽs et salaires annuels sont fixŽs ainsi par la ville: 2500 francs au  prŽposŽ en chef de lĠoctroi, 4000 fr au commissaire central de police, 50 fr ˆ un adjudant de la garde nationale ; lĠindemnitŽ de logement au trois curŽs de la ville est de 1000 fr .

- Le 21-4-1871, Mr LIPSIN conseiller fait un rapport sur les archives municipales de Boulogne. Elles contienent 360000 pices qui doivent tre classŽes en trois groupes : archives municipales modernes ; archives anciennes contenant 1683 articles rŽpartis en 181 registres ou portefeuilles et qui avaient ŽtŽ classŽes en 1785 par la mayeur LE PORCQ de Lannoy ; archives dŽpartementales et ecclŽsiastiques comportant 1100 articles, qualifiŽes de trŽsor au point de vue de la science et des intŽrts municipaux car les archives des Žtablissements religieux renferment des documents pour la solution de questions de voirie et de droit de propriŽtŽ. LIPSIN dŽclare notamment : nos archives ont eu ˆ subir beaucoup de viccissitudes ; lĠinvasion anglaise dŽtruisit ou enleva ce qui se rattachait ˆ notre histoire communale antŽrieure au XVIe sicle ; la rŽvolution de 1793 dispersa celles rŽunies depuis cette Žpoque et les dŽmŽnagements successifs quĠelles eurent ˆ subir, non moins que lĠŽtat dŽplorable dans lequel on les laissa trop longtemps en firent un amas presque sans forme, une espce de chaos, dont une main aussi patiente quĠhabile pouvait seule les tirer. Il rappelle que la place dĠarchiviste fut crŽe le 3-6-1837 et confiŽe ˆ Franois MORAND.

- Les 27 et 28 avril 1871 ont lieu des dŽlibŽrations concernant lĠorganisation, la gestion, les Žtudes au collge municipal. On y dŽnonce lĠimpŽrialisme du latin, comme aujourdĠhui on vitupre lĠimpŽrialisme des mathŽmatiques. Selon Achille DUTERTRE : les aspirations modernes portent les gŽnŽrations actuelles vers la science ; donnons moins de temps aux discours latins et aux vers, Žtudions les choses plus sŽrieuses comme le font les Anglais et les Allemands. Alfred HULEU dit mme que neuf ans dĠŽtude du latin abrutissent les enfants. Lors dĠun autre dŽbat, FAVEROT dŽclare : nous riions il y a quelques annŽes de voir lĠAllemagne rŽduire lĠenseignement des mots (les belles lettres) pour Žlever lĠenseignement des choses (les sciences) ; une Žpreuve cruelle vient de nous montrer que les peuples dĠoutre Rhin nĠont pas eu tout ˆ fait tort. On apprend que pour lĠannŽe 1871-1872, il y aura moins de professeurs littŽraires et de mathŽmatiques, et que les salaires annuels de ceux-ci seront en francs: 3000 pour le professeur de philosophie et rhŽtorique, 2000 pour celui dĠhistoire, 2000 et 2200 pour ceux de mathŽmatiques et sciences, 1000 pour celui dĠanglais et 600 pour celui dĠallemand, 1600 pour lĠaum™nier, 400 et 200 pour ceux qui enseignent le dessin et lĠŽcriture, 1500 pour chaque rŽgent de franais. Comme nouveautŽ il y aura un ma”tre dĠarmes rŽtribuŽ 800 francs : lĠheure de la revanche sonne dŽjˆ au collge municipal !

Le 12 mai 1871 une nouvelle assemblŽe communale est Žlue et le sŽnateur HUGUET succde ˆ HENRY comme maire de Boulogne.

 

Marcel FOURNET.

Sources : archives municipales et fonds ancien de la Bibliothque Municipale de Boulogne.

 



[1] Source : manuscrit 796 de la Bibliothque dite des Annonciades

 

[2] Source : manuscrit 796 BM Boulogne

[3] Dont un exemplaire se trouve ˆ la Bibliothque Municipale sous la cote Z1165.

[4] Voir Bononia nĦ43 : article de C. SEILLIER et A. DEMON

[5] A ce propos, il semble quĠaux alentours de 1600, les temptes soient frŽquentes et violentes, comme le suggrent les notes de Jehan MARETZ (nŽ ˆ Paris) curŽ de Boulogne Saint-Nicolas dans les registres paroissiaux des baptmes:

- 13 avril 1603 : ÇCe dit jour fut une telle tempeste par le diocse de Boullogne que lĠŽglise Saint Nicolas fut presque toute descouverte et plusieurs maisons et granges renversŽesÈ.

- Mars 1606 : ÇLe vingtseptiesme de mars 1606 il fust une telle tempeste de vent depuis sept heures du matin jusques ˆ midy que de mŽmoire dĠhomme lĠon ay ce ouy parler. Presque toutte lĠŽglise Saint Nicolas fust dŽcouverte et une partie de lĠŽglise Notre Dame et de Saint Willemer et de Saint Franois, et se trouva peu de maisons qui ne fut endomagŽes de ceste tempeste, la mer fust jusques dedans le logis de Berthelemy VASSEUR.È

- Octobre 1612 : ÇLe mercredy dixseptiesme dĠoctobre veille de Saint Luc fut un tel vent et tempeste avec le tonerre depuis onze heures du matin jusques ˆ quatre heures du soir que plusieurs esglises furent descouvertes principalement celle de Saint Nicolas et une partie des verrires rompues, et une infinitŽ de maisons ruinŽes tant par les villes quĠaux champs, et depuis Boullogne jusques ˆ Denquerque cinquante cincq vaisseaux perdus la plus grande partie harengueux et furent noyŽes plus de trois cens personnes, toutes fois gr‰ce ˆ Dieu il nĠy eut nul de ceste ville et est ˆ remarquer que depuis le premier jour dĠoctobre jusques au douziesme de janvier 1613 il ne se passa jour ou nuict quĠil ne pleut avec tempeste, et principalement le jour de Saint AndrŽ jusque au quatriesme de dŽcembre fut une tempeste continuelle et admirable aux humains tant par mer que par terre. Il y eut huict grands vaisseaux marchans ˆ la coste de Boullogne et presque tous les hommes noiŽs, et nous a estŽ rŽcitŽ par quelques mariniers dignes de foy que depuis les costes de Bretaigne jusques ˆ la Fresingue il y eust plus de cinq cens voiles perdues durant ce misŽrable temps cy dessus mentionŽ.È (source : archives municipales)

[6] Ds 1617 les mayeurs et Žchevins de Boulogne interdisent lĠextraction de pierres dans la falaise de la Tour dĠOrdre, conscients que cette extraction accŽlre son recul, lequel sera fatal en 1641 ˆ cet Ždifice. Une ordonnance du 26 janvier 1618 stipule : Ç deffences sont faictes ˆ toutes personnes de quelque condition quĠilz soient, de rompre et enlever aucunes pierres pour bastir, du costŽ de la Tour dĠOrdre, du Moulin Wibert, sous peine de confiscation des chars chevaulx et ustenciles, et de 20 £ dĠamende.È (Source : archives municipales) Les Boulonnais bravent cette interdiction, et sont souvent en procs avec la municipalitŽ. LĠun dĠeux est mme poursuivi pour avoir enlevŽ et vendu le poteau ÇposŽ proche du dit lieu, auquel il y avoit un placart contenant les deffenses dĠextraire lesdites pierres, et un carcan de fer attachŽ pour donner crainte aux contrevenans.È

[7] Voir le cahier 109 du Fonds Michel de SAINTE MARƒVILLE ˆ la BM de Boulogne.