Loys de SEMPY, de Lens

(AD59, B1698, folio 68v)

En 1476 à lens, Loys de SEMPY entend dire par Perot DRUON qu’un nommé LE NOIR est un ribaud. Il lui répond que lui Perot est encore plus ribaud, puisqu’il l’a vu en compagnie d’une fille légère. S’ensuit une rixe où Loys tue Perot d’un coup de bâton ferré sur la tête.

Charles, etc, savoir faisons à tous présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Loys de SEMPY, escuier, contenant comme, dès le voiagié et armée par nous faits au Mont Le Héry, et touiours depuis en tous noz autres voiagiés et armées, il nous ait servi bien et diligemment en estat d’homme d’arme à ses grans fraiz et despens, et tellement qu’il est fort diminué de sa chemince, biens et revenus. Or est il que, depuis certain temps, lui estant en nostre ville de Lens en Artois, lieu de sa demeurance, en la maison d’un nommé Baltasar CUVELLIER cordwanier, assiz sur ung banc par dedens ladicte maison, vint asseoir à l’uys d’icelle par dehors, feu lors vivant Perot LE DRUON demourant en notredicte ville de lens, lequel après aucunes devises dit que ung nommé Perot LE NOIR estoit homme ribault. Oyant lesquelles parolles par ledict supliant fut dit audict feu, que encores n’estoit point ledict LE NOIR si ribault qu’il estoit, et qu’il l’avoit veu paravant en la maison d’un nommé Jehan de VENDOME dit Photier, avec sa serviteresse fille de joieuse vie, que estoit chose maséant à luy attendu qu’il avoit une belle bonne et jeune femme. Non entendant que de ce, ledict feu se devist courouché, et lors ledict feu se oyant par grant ayr, combien que de ce il ne se pevist excuser, dist audit suppliant qui est noble homme qu’il avoit menty, lequel supliant qui de ce se meut ainçois souffry paciemment ceste injure et pluiseurs autres, luy dit derechief par manière de parolle raisonnée qu’il faisoit en ce mal, et encore avoit il fait pis car il avoit dit et proféré que sa femme n’estoit point propice ne digne pour estre en compaignie d’homme ce qu’il ne devoit faire, et n’eust été que pour l’honneur de la Vierge Marie. Sur quoy encores derechief ledict deffunct plus cuyéement que devant, se leva tenant en sa main ung baton que l’on appelle fouet garny de fer par dedens, en pamyant dedict fouet pour férir ledict suppliant, lequel il approucha et desmenty en déclairant qu’il en gettoit son gaaige que lui, et l’apelloit en camp, à quoy ledict suppliant respondit qu’il n’entendoit point que ung homme non noble eust gaaigié ne jetté ne appelé ung noble homme en camp, dont ledict deffunct dist qu’il estoit homme pour ledict suppliant en tout. Et en ce disant entra en ladicte maison pammoyant ledict baston, et aprocha icelluy suppliant de si prez qu’il fut meu pour doute qu’il ne le frapast, de le pousser de la main dont ledict feu cheyt par terre. Et ce fait haussa ung baston portatif armé de fer et de pelonc au bout, qu’il tenoit et tient communément en sa main, et d’icelluy frapa ledict deffunct sur le chief ung cop seulement dont il fu bleschié tellement que XVI jours après, par faulte de bon cirurgien et de ce que cellui qui l’avoit en cure l’abandonna ou autrement, il termina vie par mort. (…)

Donné en notre ville de gand ou mois d’aoust l’an mil IIII^C LXXVI ; ainsi signé par monseigneur le duc à la relacion du conseil.

[voiagié et armée = expédition militaire ; sa chemince = ses biens ; cordwanier = cordonnier ; pamyer ou paumoier = brandir ; cuier = rancune, donc cuyéement = avec rancœur ; getter son gaaige = jeter son gant ; appeler en camp = provoquer en duel]