Robert CARPENTIER, Arras
(AD59, B1736, folio
37v)
En 1524, Arras, Jehan CARPENTIER rentre chez
lui vers dix heures du soir, avoir avoir beaucoup bu. Il se dirige vers
lՎtable aux chevaux comme pour y brider un cheval. Son frre Robert arrive et
se querelle avec lui. Leur mre venant voir ce qui se passe, est insulte par
son fils Jehan. Celui-ci frappe alors sa mre et son frre avec une fourche.
Aprs un change de coups, Jehan meurt accidentellement, bless par le couteau
de son frre Robert.
Charles, etc, savoir faisons tous, prsens et
avenir, nous avoir receu lhumble supplicacion de Robert CARPENTIER, josne filz
marier, demourant en notre ville dArras, contenant comme, le XXIIIIe
jour de septembre dernier pass, ledict suppliant disna avec deffunct Jehan
CARPENTIER son frre, Adrien OULTEL et autres, en la taverne
du Chevalet dOr, en ladicte ville, o ilz furent longue espase de
temps, et jusques environ cincq six heures du soir, quilz retournrent
leur maison pour soupper avec leur mre, tenant hostellerie
au logis de lOurs en
icelle notre ville. Et en souppant ledict feu Petit Jehan trencha ung quartier
dune tarte quilz avoient leur soupper, disant quil en alloit faire ung
prsent Hubert HRISSART et autres compaignons de guerres aventuriers qui
estoient souppans en ladicte taverne du Chevalet dOr. Ce que ledict suppliant
eust vouluntiers empescher, disant sondict frre quil nestoit besoing y
aller, ne faire ledict prsent et quil avoit assez beu. Nonobstant lesquelles
remontrances, ledict deffunct se partist dillec et emporta ledict quartier de
tarte ausdessus nommez en ladicte taverne, o il fust encoires longue espace de
temps, et jusques environ dix heures en la nuyt quil retourna en ladicte
maison du lOurs. Et sen alla en lun des estables dudict logis deslier ung
cheval appertenant Hubert FRANOIS dit de Pas ou son frre, lequel il
faindoit vouloir brider. Et ledict suppliant le sievyst, entrant audict
estable, soy donnant merveilles, luy demandant ce quil vouloit faire, disant
son dict frre quil ne savoit en tel estat brider ledict cheval, lequel se
commena tourner et djetter, ruer et eslever, de sorte que ledict suppliant
fut contraint soy saulver en la mengeoire dudict estable. Pendant lequel temps
o le bruyt et murmure estant audict estable, y survint leurdicte mre hostesse
de la maison, demandant audict deffunct quel chose il voloit faire. A quoy il respondit
trs arogamment : va, vielle meschante femme, va ten coucher, tu nas
icy que faire. Ce oyant, ladicte mre
print un fourquette estant audict estable, disant audict deffunct : vien
a, meschant garchon, te ay te nourry si longuement pour me venir iniurier et
vilipender. Et non content, ledict
deffunct arracha sa dicte mre ladicte fourquette, et labbatist par terre si
rudement quelle fut deschevele trs inhonnestement. Et lors commena cryer
aprs ledict suppliant son aide, disant : ce garchon nous tuera il
tous ? Auquel cry pour garander
sadicte mre, et viter que ledict feu ne lui feist plus grand meschief ou
desplaisir, icellui suppliant wida de ladicte mengeoire, sapprocha et releva
sadicte mre et dit audict feu son frre : mon Dieu, que tu es ung
terrible valeton, que veulx tu faire.
Oyant lesquelles parolles ledict feu frappa ledict suppliant de ladicte
fourquette, sy grant coup quil labbatit par terre et la rompist sur luy. Et
aprs le suppliant se releva et pour la tincion et deffence de son corps et de
sadicte mre, tira son cousteau le tenant en sa main pour donner terreur audict
feu, affin quil se dportast de plus lenvayr, nantmoins ne dsister de son
mauvais vouloir, ains seffora de plus en plus de frapper et oultrager ledict
suppliant de lautre bout de ladite fourquette qui estoit demoure en sa main,
mesmes sapprocha ledict suppliant frappant et le poursuyant de si prs quil
ne se savoit o sauver, et fut contraint soy retirer et sauver en lalle de
ladicte estable, o il fut de rechief poursuy par ledict feu tout ledict
baston. Lequel en frappant aprs ledict suppliant, de sorte et radeur quil
marchoit et frappoit, glissa et cheut sur icellui suppliant tenant son cousteau
comme dit est. Et tost aprs se releva et recula quatre ou cinq pas arrire
dudict suppliant, disant quil estoit fort blesch. Et a ledict suppliant ouy
dire que trois ou qutre heures aprs ledict Petit Jean ala de vie trespas,
ayant une playe dessus sa mamelle comme ledict suppliant a entendu. ()
Donn en notre ville de Malines, ou mois de janvier
lan de grace mil cincq cens vingt et quatre, et de noz rgnes assavoir des
Romains et Hongrie le VIIe et des Espaingnes le IXe ;
ainsi escript sur le reply par lempereur en son conseil ; sign de ZOETE.
[se donner merveilles = sՎtonner ; envahir =
attaquer]