George de RIVIERES, Arras
(AD59, B1741, folio
240)
En 1529 au sortir dĠun cabaret, George de RIVIERES
tue dĠun coup de couteau Mdart de LE BAR
pour un motif futile : le premier ayant pris une plume
au bonnet du second, ce dernier lui a dit quĠil aurait prfr la donner un
autre consommateur.
Charles etc, savoir faisons tous prsens et
avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de George de RIVIERES, povre
homme couvreur de peille, chargi de femme et quatre petitz enffans, contenant
comme ou mois de septembre lĠan XVC vingt neuf, feu lors vivant
Mdart de LE BAR dit Tropet, en allant boire au cabaret
de lĠAngel sant s fauxbours de Morlens hors de notre ville
dĠArras, appella ledict suppliant pour aller boire avecq luy, disant quĠil
venist hardiment et quĠil ne payeroit riens, ce que ledict suppliant fit. Et
tost aprs et pendant quĠils buvoient vin, arriva audict cabaret ung nomm
Robinet Picque au Plat du villaige de Maroeul, lequel dit et requist audict feu
Mdart quĠil luy voulsist donner une plume quĠil avoit. A quoy ledict deffunct
respondist en jurant et disant ces motz ou en substance : par le mort
Dieu tu ne lĠauras point maintenant, se tu ne donnes ung lot de quintte. Sur quoy ledict Robinet dit audict deffunct quĠil
ne se courouchast point, en recectant illec ladite plume, que lors ledict
suppliant non pensant mal faire print icelle plume. Et ce fait payrent leur
escot et widrent hors dudict cabaret. Mais en sortant ledict deffunct dit
audit suppliant en jurant et blasphmant les corps les playes et mort Dieu,
quĠil eust mieulx aym que ledict Robinet eust eu ladicte plume que luy
suppliant et quĠil estoit aussy bon pour lĠavoir que luy. Et en ce disnat
venoit et approchoit dudict suppliant auquel il dist en jurant encoires par la
mort Dieu que se ne se mettoit deffence quĠil le tueroit. Sur quoy pour responce
ledict suppliant dict et pria audict deffunct quĠil sĠen allast et se dportast
et quĠil ne luy demandoit aucune chose. Et combien que ledict deffunct se
devest tout contenter, nantmoins il print son bonnet entre lĠune de ses
mains et son cousteau en lĠautre. Par quoy ledict suppliant, ce voyant et comme
contrainst se mist deffence allencontre dudict deffunct, lequel lancha aprs
iceluy suppliant tellement quĠil fut constraint lĠaccoler. Mais ce nonobstant
iceluy deffunct sĠestrint dudict supliant et depuis rua et lancha de sondict
cousteau aprs iceluy suppliant, lequel ce voyant et dĠun cousteau quĠil avoit
lancha pareillement aprs ledict deffunct, lequel en ruant et lanchant les ungs
aprs les autres, fut attaint ou assn soubz lĠespaule, duquel cop ledict feu
Mdart par faulte de bon gouvernement ou autrement soit all de vie trespas.
(É)
Donn en notre ville de Malines ou mois de juing
lĠan de grace mil cincq cens et trente et de noz rgnes assavoir de celuy des
Romains etc le XIIe et de Castille etx le XVe ;
soubscript par lĠempereur en son conseil ; sign VERDE RUE.
[accoler = saisir dans les bras ; tout = toute
vitesse, tout de suite ; dvestir = ne plus vouloir ; receter =
ranger]