Adem RICQUIER, de Pont ˆ Raches (prs de Douai)

(AD59, B1708, folio 16)

 

En 1493 ˆ Arras, Adem RICQUIER ayant mis ses chevaux dans une Žtable ˆ Arras, apprend que quelquĠun a mis le feu ˆ un fumier situŽ devant cette Žtable. Il revient sauver ses chevaux avant quĠils ne soient asphyxiŽs, et se querelle avec Bauduin de TILLOY responsable prŽsumŽ de cet incident. SĠensuit une rixe o ce dernier est blessŽ mortellement ˆ coups dĠŽpŽe. La lettre de rŽmission est signŽe de Maximilien pre de Charles Quint.

 

Maximilien et Philippes, etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplication de Adem RICQUIER, natif du Pont ˆ Raisse en lĠeschevinaige de notre ville de Douay, et homme de guerre de la garnison de notre ville dĠArras soubz notre amŽ et fŽal cousin Robert de MELUN seigneur de Rouvy, contenant comme ledit supliant aient tout le temps de leur vie servy en armes la maison de Bourgoingne et aussi nous Roy depuis que nous sommes venuz s pays de par deˆ, esquelz services ilz ont exposŽ leurs corps et biens, en faon quĠilz en sont devenuz povres. Or est il que environ ˆ ung mois ledit supliant estant logiŽ sur le grant merchiŽ de notredite ville dĠarras, aprs quĠil fut retournŽ dĠune coursse que lui et aulcuns compaignons de ladite garnison avoient faite, mist ses chevaulx en son estable qui est ung celier de lĠostel de la Teste Noire, aiant entrŽe et yssue sur ledit grant merchiŽ. Et aprs quĠil les eust fait mectre ˆ point, sĠen ala sur ledit merchiŽ ou environ ung heure aprs, lui fut raportŽ que lĠon avoit boutŽ le feu en ung fumier estant devant lĠentrŽe du cellier o estoient sesdits chevaulx et que sesdits chevaulx estoient en dangier dĠestre estains de la fumŽe qui entroit dedens ledit celier. Que ce oyant, ledit supliant ala diligemment devers sesdits chevaulx et trouva quĠilz estoient en tel danger que sĠil nĠeust coppŽ les lyecolz et hastivement les emmenez sur le marchiŽ, ilz euseent estŽ mors et estains. Que ce fait, icelluy supliant de ce esmeu se tira devers ung gorrelier son voisin, auquel il demanda sĠil avoit boutŽ le feu oudit fumier. Sur quoy il respondi que non et que ce avoit estŽ ung marissal son compre, nommŽ Bauduin de TILLOY. Et ce oy ledit supliant et ledit gorrelier sĠen alrent devers ledit Bauduin, auquel ledit supliant demanda pourquoy il avoit ainsi boutŽ ledit feu, lui disant que cĠestoit mal fait, ˆ quoy il respondit quĠil ne lĠavoit point fait. Et ledit gorrelier son compre lui dist quĠil le avoit fait et non autre. Et lors ledit Bauduin dist ces parolles ou en substance : et bien quant je lĠauroye fait, je le feroye se lĠavoit encore ˆ faire, et ne voy homme pour que je le deusse laisser  ˆ faire. Sur quoy ledit supliant luy dit que cĠestoit mal fait, et que se ledit fumier lĠempeschoit, il sĠen devoit plaindre ˆ justice et que sĠil avoit beaucop de telz voisins qui lui vouslsissent faire telz desplaisirs, il diroit bien dĠeulx. Et ledit Bauduin dist audit supliant : en votre museau. A quoy icelluy supliant respondi : Bauduin autrefoiz vous mĠavez quŽri et volu faire desplaisir que jĠay endurŽ, et me dŽporte vous quŽrir. Sur quoy ledit Bauduin luy dist quĠil avoit menty. Lequel supliant se voyant ainsi desmenty de chaulde colle donna un cop du plat de son espŽe dedens le fourreau quĠil tenoit en sa main audit Bauduin sur son espaulle. Et icelluy Bauduin tira ung espŽe quĠil avoit et courut aprs ledit supliant, qui tousiours reculla jusques cermy le marchiŽ. Mais ce nonobstant ledit Bauduin cuidant occir ledit supliant lui donna deux cops ˆ sang courant et playe ouverte, dont de lĠun il luy percha le bras droit parmi le beuste et lĠautre parmy le genoul de sa jambe enclenchŽ, en le chassant et batant par telle manire que icelluy supliant pour sauver sa vie se miste ˆ deffence, et en soy deffendant donna audit Bauduin aucuns cops de son espŽe, qui en deffendant se desgaina. Et nŽantmoins ledit Bauduin persŽvŽra tousiours de le chasser et lui courut suz jusques ung Almant y survint, qui mist sa picque entre eulx deulx et les sŽpara. Et ˆ tant se partirent lĠun de lĠautre. Et combien que ledit Bauduin ne fut fort blŽchiŽ, nŽantmoins environ quize jours aprs, par faulte de bonne garde conduite ou autrement ala de vie ˆ trespas. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois dĠavril lĠan de grace mil IIIIC IIIIXX et XII aprs Pasques, et des rgnes de nous Roy assavoir de celui des Romains le VIIIe et desdits de Hongrie etc le troizime ; ainsi signŽ par le Roy ˆ la relation du conseil ; signŽ de Hondecoutre.