Charles de REUBEMPRƒ, ˆ Arras

(AD59, B1733, folio 44)

 

En 1522 dans une taverne dĠArras, le b‰tard de Licques homme de guerre querelleur et de caractre emportŽ, prend un repas en compagnie dĠun homme de Douai, ˆ qui il veut faire payer tout lĠescot, Pierre RABY Žtant parti sans payer. SĠensuit dans la rue plusieurs rixes car ledit b‰tard de Licques veut absolument occire ledit homme de Douai et sĠen prend ˆ ceux qui le dŽfendent. Ledit b‰tard finit par tre tuŽ dĠun coup dĠŽpŽe, mais par qui ?

 

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Charles de REUBEMPRƒ, homme dĠarmes soubz la charge de notre trs chier et fŽal cousin le conte de NASSOU, contenant comme le mardy VIIIe jour du mois de juillet dernier passŽ, feu le bastard de LICQUES homme de guerre comme lĠon dit soubz le conte de FAULQUEMBERGUES seigneur de Lignes, estant avec autres au disnŽ en certaine taverne o pend pour enseigne le Croissant dĠOr sur le grant marchiet de notre ville dĠArras, o estoit semblablement ung compaignon de guerres lequel, comme ledit suppliant a entendu, estoit de notre ville de Douay et duquel il nĠa congnoissance autrement que estoit houssŽ et avoit les couleurs de notre trs chier et fŽal cousin le conte de Gaures seigneur de Fiennes, survint sur leur escot ung nommŽ Pierre RABY homme de guerre soubz la charge de notredit cousin le conte de Nassou notre premier chambellan. Et aprs que ledit bastard de Licques eust disnŽ avecq les dessusdits mandrent leur escot et incontinent ce fait, ledit Pierre RABY se dŽpartit sans payer sone scot. Parquoy Regnault FREMAULT serviteur de ladite taverne leur rapporta response quĠilz avoient despendu pour lĠescot desdits bastard de Licques et homme de Douay six solz huit deniers tournois, lequel homme de Douay offrit payer son escot. Ce oy par ledit bastard lui dit rigoureusement quĠil failloit quĠil paiast tout, en usant de hautaines parolles en disant : vilain tu payera tout lĠescot. Et en ce disant donna ung soufflet audit homme de Douay en le prenant par le collet. Et encores non content de ce, tira son baston pour ce que ledit homme estoit surprins de vin comme il sambloit et par ce moien ne se povoit bonnement ayder, tellement quĠil le fist en ladite du Croissant dĠOr o il lui donna pluiseurs cops de poing meismement ung cop dĠestocq en son corps, pensant quĠil eust tuŽ. Et ainsi que ledit homme de Douay sortist hors de ladite maison et passoit audevant lĠhuys dĠicelle ung nommŽ Martin FREMIN aussi homme de guerre de la compaignie dudit conte de Faulquembergues, percevant lĠoutraige que sĠefforchoit faire ledit bastard contre ledit homme de Douay et quĠil nĠestoit homme de deffence ˆ cause du vin dont il estoit surprins, desgaina son espŽe pour y mectre le bien entre deulx, disant audit bastard de Licques ces motz : monsieur le bastard que demandez vous ˆ ce povre homme, il est bon ˆ batre, je payeray demi lot o il vous plaira. En disant lesquelles parolles ledit homme de Douay retournoit vers ledit bastard se plainiant de luy. En quoy faisant ledit bastard se tira vers ledit homme de Douay et eulx estans sur ledit marchiet rurent pluiseurs cops dĠespŽe les ungs sur les autres disant ledit homme de Douay : doulcement audit bastard , je ne vous demande riens. NŽantmoins ruant encores pluiseurs cops sur ledit compaignon telleemnt quĠil fut navrŽ en deux ou trois lieux tant ou corps comme en la teste, disant ledit compaignon audit bastard : vous mĠavez tuŽ, sur quoy il respondit : maistre paillart se je retourne je te batray bien. Aprs lesquelles parolles ainsi dictes ledit de Licques sĠefforoit encores oultragier ledit compaignon, ce voyant ledit Martin dit ˆ pluiseurs assistens au dite affaire : messieurs laisserez vous tuer cest homme icy. Et incontinent par le moyen dudit Martin et autres gens de bien, ledit homme de Douay saulva en la maison de Franchois le barbier et fust defaicte la meslŽe dĠeulx deux. Et sĠen alla ledit bastard asseoir sur le bancq de ladite maison du Croissant dĠOr que lors ayant reboutŽ son espŽe, lesdits Martin et suppliant, parcevant que ledit bastard estoit couroucŽ, sĠapprochrent de luy et lui dirent : mon frre et mon compaignon allons nous en boire ung lot de vin et nous le payerons. Et voyant ledit Martin que ledit bastard ne voulu boire se dŽpartissent. Et tost aprs ledit Pierre RABY huyda hors de ladite taverne fort eschauffŽ et bien beu, ayant les bras ˆ demi hors de son sayon, jurant disant : qui est qui en veult au bastard de Licques, auquel il dit : mon compaignon estes vous navrŽ. A quoy ledit bastard respondit que non, mais il y a eu quelque vilain qui mĠa empeschŽ de user de ma vouluntŽ et se je le trouvoye je mĠen vengeroie. Et tost aprs ainsi que ledit Martin, lequel passoit sur ledit marchiŽ sans plus penser au fait dessusdit, retournoit et approchrent furieusement de luy lesdits bastard et RABY, lesquels et chacun dĠeulx ayans leurs bastons tyrez, par ensemble sĠefforchrent oultraigier icelluy Martin. Et de fait ledit bastard rua pluiseurs fois aprs luy et lui en donna deux cops lĠung sur la teste et lĠautre sur le costŽ dextre et fist cheoir son bonnet. Ce voyant ledit suppliant, lequel passoit son chemin sur le grant marchiŽ sans paravant avoir quelque parolles aux dessusdits, remonstrans doulcement et ˆ bonne intencion audit bastard son tort et lui disoit que le mouvoit de batre ledit povre homme, requerrant quĠils se voulsissent dŽpartir et appaisir, actendu que ledit Martin y avoit mis le bien pour luy. Dont le bastard ne se contenta, mais au contraire usant de haulx termes desgaigna son espŽe disant en regardant ledit Martin : ce paillart cy mĠa empeschiŽ, lĠautre me povoit bien tuer. Et de fait ledit bastard rua de sadite espŽe ung cop sur la teste dudit Martin dont il fut bleschiŽ et si rua de sa dite espŽe sur les autres qui estoient auprs de luy. Et mesmement sĠeffora vouloir oultragier ledit suppliant tousiours continuant de son baston dĠestocq contre lui, pour le mectre ˆ mort sĠil eust peu. Ce voyans aucuns compaignons de guerre estans audit marchiŽ sĠapprochrent dudit bastard et firent tellement quĠil se retira en lĠallŽe devant la maison du CONTENTIN o demeure Jehan HERLIN, o ung homme de guerre, duquel ledit suppliant nĠa congnoissance, accoustrŽ dĠune cappe grise sayon pourpoint bonnet et chausses noires sievit premirement ledit feu bastard lequel behourdoit de son estocq aprs ledit homme et quant audit suppliant il poursuyvit ˆ tout son espŽe nue ledit bastard ayant aussy son espŽe jusques au devant de ladite allŽe en laquelle il receut ung cop dĠestocq ou corps, duquel cop il termina incontinent vie par mort.

Et combien que ledit suppliant ne sache ˆ la vŽritŽ qui donna ledit cop et quĠil soit amŽrement desplaisant de lĠadvenue dudit hommicide, nŽantmoins pour ce quĠil sĠen alla incontinent vers la porte Saint Michiel de notre dite ville, et se absenta de la compaignie il doute que lĠen lui vouldra imposer avoir comme ledit cas, ne se oseroit trouver en noz pays et seigneuries, ne retirer en sa garnison en notre service ˆ son trs grand regret dommaige et interrest se notre grace ne luy estoit impartie. (É)

DonnŽ en notre ville de Dordrecht ou mois dĠaoust lĠan de grace mil cincq cens et vingt deux,et de nos rgnes asavoir des Romains et de Hongrie le quatrime et des Espaignes etc le septiesme, ainsi soubzscript et signŽ par lĠempereur en son conseil ; L. DEBLIOUL visa.