Jehennet PRONNIER, de Roclincourt

(AD59, B1737, folio 14)

 

En 1525 ˆ Neuville-Saint-Vaast au sortir dĠun cabaret, Jehennet PRONIER et un soldat importunent deux jeunes filles quĠils croyaient tre filles de joie. Le suppliant est emprisonnŽ pour ce dŽlit.

 

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠhumble suplicacion de Jehannet PRONNIER, josne filz ˆ marier ŽaigiŽ de vingt ans ou environ, natif du villaige de Roclencourt en notre contŽ dĠArtois, contenant comme le Xe jour dĠaoust dernier passŽ, en cest an XVC XXV, jour de la dŽducasse de Noeufville Saint Vaast, ainsy que luy suppliant estoit au cabaret oudit lieu, entrrent illec deux josnes filles dont lĠune dĠicelles, ˆ la requeste dĠung josne compaignon parent de lĠhostesse dudit cabaret, dansa une danse. Ce que regarda ledit suppliant qui lors estoit accompaignŽ dĠung homme de guerre nommŽ Sire MARTIN, par lequel il fust induit de regarder quelle part lesdites filles yroient, entendans, tant par ce quĠelles avoient dansŽ ladite danse oudit cabaret qui est lieu assez suspect comme aussi de leur contenance et habitz lŽgiers et lubriques, que ce fussent filles de joye et de fait les suyvirent jusques aux champs tirant dudit villaige vers notre ville dĠArras. Et en approchant dĠicelles dirent aulcunes parolles telles quĠilz feroient les nopces avec elles, ce quĠelles ne volurent consentir. Et nŽantmoins pensans que ce fussent fictions et simulations les prindrent par les bras, continuant en leur premier propos auxquelles ne volurent condescendre. A ceste cause, veans leur parsŽvŽrance prindrent aucunes tartes quĠelles portoient en les dŽlaissant aller leur chemin vers ladite ville, et se retirrent audit cabaret dont ils estoient partiz. Et nŽantmoins auroit estŽ ledit suppliant depuis averti quĠilz avoient estŽ deceuz dĠicelles filles, et quĠelles estoient de vie honneste. Par raison duquel caz ledit supliant, craindant rigeur de justice, se absenta certain espace de temps dudit lieu de Noville et autres noz pays. Et aprs pensant lĠadvenue dudit caz estre mis en oubly, se trouva en notredite ville dĠArras pour exercer son mestier o il fut, pour ledit cas, par les seschevins dĠicelle ville, constituŽ prisonnier s prisons de la chastellenie illec o il est encoires ˆ prŽsent en grant povretŽ et misre, et doubte que on vouldra ˆ ceste cause contre luy procŽder rigoreusement, ou autrement, criminellement se que si ainsi advenoit luy tourneroit ˆ sa totale destruction, scandale et dŽshonneur de ses parens et amis, ne soit moyennant notre grace de laquelle attendu ce que dit est, meisment quĠil est bien famŽ et renommŽ sans avoir commis autre caz (É).

DonnŽ en notre ville dĠAnvers ou mois de fŽvrier lĠan de grace mil cincq cens vingt et cincq, et de noz rgnezs assavoir des Rommains et Germanie le VIIIe et de Castille le X; par lĠempereur en son conseil ; DUBLIOUL visa.

 

[estre deceuz= tre dans lĠerreur, tre trompŽ]