Jehan LE PREVOST, ˆ Arras

(AD59, B1734, folio 14)

 

En 1522 dans un cabaret tenu par Jehan LE PREVOST ˆ Arras, Franois ELLART traite de son mariage. Surviennent Florentin BAUDUIN et autres ˆ qui Franois propose de rŽgler leur Žcot, ˆ condition de le rembourser le jour de son mariage. Une querelle survient alors et aprs diverses pŽripŽties Jehan LE PREVOST tue Florentin BAUDUIN dĠun coup de hallebarde.

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Jehan LE PREVOST, marchant de bois demourant en notre ville dĠArras et chargiŽ de femme et quatre enfans, contenant comme le second jour de ce prŽsent mois de mars, Jehan de VILLERS dit Buteur, Franois ELLARD, Robert de LIBERSART sa femme et autres gens de bien, vindrent souper en la maison dudit suppliant pour intencion de traittier mariage dudit Franois ELLARD avec lequelz ledit supliant et sa femme furent pryez. Et ainsi quĠilz commenchoient ˆ souper, y survindrent ung nommŽ Florentin BAUDUIN dit Tin et Yop DALURƒ, josnes compaignons ˆ marier, lesquelz avoient bien beut. Et aprez que le soupper estoit prez finy et avant que lĠescot fut payŽ, ledit Franois ELLARD mist en avant par manire de devise quĠil presteroit ledit escot ausdits Florentin et Yop et ˆ ung nommŽ Jennet DU BOIS aussi compaignon ˆ marier, ˆ lui rendre ledit escot par les dessusdits lorsquĠil prendroit en estat de mariage. A quoy ilz se condescendirent, mais quant ce vint ˆ faire cŽdulle dudit prest, ledit Florentin en dŽtestant le nom de Dieu dit quĠil nĠavoit estŽ question de gaignier tout ledit escot montant en tout ˆ cent solz tournois, mais seulement la moitiŽ disant quĠil nĠen feroit riens. Tellement que ledit Franois ELART ce veant demanda son bonnet que icellui Florentin avoit affulŽ sur sa teste. Mais ledit Florentin, par desfit et dŽdain , rua ledit bonnet au feu et desgaigna incontinent son espŽe, ˆ tout laquelle il rua aprs ledit Franois lequel estoit empeschŽ de retirer sondit bonnet hors du feu. Tellement quĠil fut contraint widier et se dŽpartir de la chambre comme aussi fist ledit Jehan de VILLERS. Et en cest instant, fut lĠhuys de ladite chambre clos et fermŽ pour doubte que ne fussent suys dudit Florentin. Lequel voiant quĠil ne povoit mettre ˆ exŽcucion son maulvais couraige contre ledit Franois, se adressa audit Robert de LIBESART son oncle et estant garny dĠun estocq en lĠun de ses mains et dĠun cousteau en lĠautre et jurant et blasphŽmant la chair de Notre Seigneur, luy dit ces mots ou semblables : tu le soustiens je te tueray. Et lors icellui supliant se voyant et oyant et pour doubte que ledit Florentin ne oultragast ledit Robert qui est homme impotent et dŽbile lui dit ces motz : quel effroy est ce cy, veult tu tuer ton oncle. Nonobstant quoy ledit Florentin continua en son mauvaiz propos etdudit estocq quĠil avoit lancha par diverses foiz aprs ledit Robert, tellement que icellui suppliant contendant de garandir ledit Robert, print ung tison au feu. Et alors ledit Job DALURƒ illec prŽsent auquel lĠon ne parloit et touchoit ledit dŽbat dit audit supliant que sĠil sĠen vouloit mesler ou parler, que cĠestoit ˆ lui quĠil en vouloit. Et de fait soy joindant avec ledit Florentin, lana de son espŽe toute nue aprs ledit suppliant comme faisoit aussi ledit Florentin et nĠeust estŽ la femme dudit suppliant et celle dudit LABESART lesdits Florentin et Job lĠeuissent tuŽ ou grandement oultragŽ. Et nonobstant quĠil estoit en sa maison fut contraint pour eschever inconvŽnient wider hors de ladite chambre. En partant de laquelle il fut poursuy par lesdits Job et Florentin aiant leurs espŽes nues jusques en la court dĠicelle maison et auprez dĠune montŽe bien estroite par laquelle on va en une petite chambre de derrire o gisoit lors malade ung homme de guerre nommŽ REGNART de la charge et compaignie de notre gouverneur dĠArras. En laquelle chambre icellui supliant se retira hastivement pour soy sauver et en lĠentrŽe dĠicelle chambre trouva la hallebarde dudit RENART, laquelle il print pour soy deffendre et garandir contre les aggressions que faisoient contre lui lesdits Florentin et Job, lesquelz le poursuyoient tousiours de leurs espŽes aprs lui. A laquelle cause, icellui suppliant, en deffendant ladite entrŽe au mieulx quĠil povoit et garandi de ladite hallebarde, attaindit ledit Job au costŽ destre. Aprs lequel cop icellui Job et ledit Florentin avec luy se dŽpartirent incontinent de lˆ. Et environ dix huit jours aprs ledit Job par faulte dĠappareil ou autrement, termina dudit cop vie par trespas.

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois de mars lĠan de grace mil cincq cens vingt et deux et de noz rgnes assavoir de cely des Romains et Hongrie le quatriesme et des Espaignes et autres le huitiesme ; ainsi signŽ par lĠempereur en son conseil ; VERDE RUE.

 

[eschever inconvŽnient = Žchapper ˆ une situation dŽlicate]