PiŽrotin PIERON, de Villers-au-Bois

(AD59, B1734, folio 38)

 

En 1515 ˆ Angres, PiŽrotin PIERON tue LŽgier BARTELOT dĠun coup de fourche ou de grauet sur la tte, aprs avoir eu des mots avec ce dernier, certainement pour des raisons futiles.

 

Charles etc, savoir faisons  ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplication de PiŽrotin PIERON dit le Brde, povre josne filz ˆ marier sans pre et mre chargiŽ de pluiseurs enffans ses frres et sÏurs, demourant au villaige de Villers au Bois en ntre pays et contŽ dĠArtois, contenant comme le lundi aprs le My Quaresme de lĠan mil VC et quinze, icellui suppliant, lors demourant en la maison de Jehan MERCADƒ laboureur demourant ˆ Angre, comme varlet menant les chevaux dudit MERCADƒ, se seroit party environ le soir aprs le souper de la maison de sondit maistre pour aller jouer s rues. Et lors oyt que en une maison assez prs de la maison de sondit maistre, y avoit grant bruyt et esbatement et alla vers ladite maison pour soy esbatre et trouva en la court dĠicelle ung nommŽ LŽgier BARTELOT ˆ prŽsent deffunct, lequel estoit desguisŽ en contrefaisant la chvre, auquel icellui demanda qui menoit si grand bruyt en ladite maison. A quoy ledit feu respondit que cĠestoit lui et aultres estans en ladite maison avecq aulcunes josnes filles. Ce dit rentra ledit BARTHELOT dedens ladite maison et le suyvit ledit suppliant. Et tost aprs prindrent icellui deffunct et suppliant parolles ensemble tellement que ledit deffunct le voulut frapper dĠun baston quĠil tenoit en sa main. Au moyen de quoy ledit suppliant wida dĠicelle maison et sĠen alla en la maison de sondit maistre, o il trouva Bonnet MERCADƒ filz dudit Jehan son maistre qui estoit en lĠestable des chevaux, auquel ledit suppliant dit : allons veoir les esbatemens que font LŽgier BARTELOT et aultres qui sont en une maison cy aprs. A quoy ledit Bonnet se consentit et prindrent chacun ung baston en leurs mains, assavoir le suppliant une fourcque et ledit Bonnet ung hot ou grauet sacque fien, se partirent et allrent veoir lesdits LŽgier et compaignons qui estoient en ladite maison, non pensant ˆ mal ny aux parolles quĠil avoit eu audit deffunct, rencontrrent ledit LŽgier BARTELO qui estoit encoires desguisŽ. Et estoient avec lui ung ou deux compaignons assez prs de la maison de ung nommŽ LE PESQUEUR, lequel deffunct dit aucunes parolles arrogantes audit suppliant. Non content de ce, icellui suppliant et Bonnet commenchrent ˆ ruer aprs ledit deffunct et lui pareillement aprs eulx dĠun baston quĠil tenoit en sa main. Tellement que icellui LŽgier eut pluiseurs cops que lui donnrent ledit suppliant et Bonnet de leursdits bastons, assavoir de ladite forcque et grauet et en eulx garandisssant contre ledit deffunct qui lanchoit touisours dudit baston aprs eulx, ce voyant ledit suppliant, de chaudecolle et non pensant ainsi le frapper, lui donna ung cop sur la teste duquel cop ledit LŽgier BARTELOT cheut par terre. Au moyen desquelz cops, par faulte de bon appareil, gouvernement ou autrement, il seroit trois sepmaines aprs terminŽ vie par mort.

Et combien que ledit suppliant soit trs dolent et sincŽrement repentant de lĠadvenue dudit cas et que depuis il sĠest bien et honnestement conduit, nŽantmoins icellui suppliant est ˆ prŽsent pour ledit cas dŽtenu prisonnier s mains de notre prŽvost des mareschaulx en notre ville dĠArras et doubte que pour icellui cas lĠon ne vueille mectre au dernier supplice ˆ son trs grand regret et ˆ la dŽsolation de sesdits povres frres et sÏurs, se notre grace et misŽricorde ne lui est sur ce impartie, si comme il dit pour laquelle actendu ce que dit est, il nous a trs humblement suppliŽ et requis. Pour ce est il que nous, ces choses considŽrŽes, ˆ icellui PiŽrotin PIERON suppliant, avons ouquel cas dessusdit en lui prŽfŽrant grace et misŽricorde ˆ rigeur de justice, quittŽ remis et pardonnŽ, quictons remettons et pardonnons de notre grace espŽcial par ces prŽsentes, le cas et homicide dessus dŽclairŽ, cironstances et deppendences ensemble toute paine amende et offence corporelle et criminelle en quoy il puet ˆ la cause ditte avoir offencŽ et mesprins envers nous et justice. Et lĠavons quant ˆ ce, restituŽ et restituons ˆ ses bon nom fame et renommŽe et ˆ ses biens non confisquez sĠaucuns en a, comme il estoit auparavant lĠadvenue dudit cas, en imposant sur ce, sillence perpŽtuel ˆ notre procureur gŽnŽral et ˆ tous noz aultres justiciers et officiers quelzconques, satisfaction toutesvoyes faite ˆ partie intŽressŽe, premirement et avant toute euvre se faite nĠest et elle y chiet civillement tant seullement pourveu que ledit suppliant sera tenu lĠamender envers nous aussi civillement selon lĠexigence du cas et la facultŽ de ses biens et aussi payer et refondre les mises raisonnables de justice sĠaucunes en ont estŽ faites ˆ la cause ditte, ˆ lĠarbitraige et tauxacion de notre gouverneur dĠArras ou son lieutenant que commettons ˆ ce. Si donnons en mandemant ˆ notredit gouverneur ou sondit lieutenant que appellez ceulx qui pour ce seront ˆ appeler, ilz procdent bien et deuement ˆ la vŽrifficacion et intŽrinement de cesdites prŽsentes et ˆ lĠarbitraige et tauxation de laditte amende civille et despens dessusdits. Et ce fait et ladite amende civille tauxŽe arbitrŽe et payŽe s mains de noz receveurs quĠil appartiendra, lequel en sera tenu faire recepte et rendre compte et reliqua ˆ notre proufit avec les aultres deniers de sa recepte, il et tous aultres noz justiciers et officiers cui ce peut et pourra toucher et regarder leurs lieuxtenans et chacun dĠeulx endroit soy et si comme ˆ lui appertiendra facent seuffrent et laissent ledit PiŽrotin PIERON suppliant de notre prŽsente grace, quictance rŽmission, pardon et de tout le contenu en ces dites prŽsentes, selon et par la manire que dit est, plainement paisiblement et perpŽtuellement joyr et user sans lui faire mettre ou donner ne soufrir estre fait mis ou donnŽ aucun destourbier ou empeschement au contraire, en corps ne en bien en manire quelconque, ains se son corps ou aulcuns de ses biens non confisquez sont ou estoient cy aprs pour ce prins saisiz ou empeschez, les mettent ou facent mettre incontinent et sans dŽlay ˆ plaine et entire dŽlivrance, car ainsi nous plaist il. Et ffin que ce soit chose ferme et estable ˆ tousiours, nous avons fait mettre notre seel ˆ ces prŽsentes, saulf en aultres choses notre droit et lĠaultruy en toutes.

DonnŽ en notre ville de Malines le jour du Vendredi Saint lĠan de grace mil cincq cens vingt et deux et de noz rgnes assavoir de cely des Romains et de Hongrie le IIIIe et des Espaignes le VII; signŽ DARDENNE.

 

[ung hot = une houe ; un grauet sacque fien= un croc pour tirer le fumier ; destourbier = trouble, empchement]