Regnault OUDART, ˆ Arras

(AD59, B1741, folio 364v)

 

En 1530 on rŽpare les fortifications de la ville dĠArras. Jehan OUDART sĠinquite auprs de Quentin MARTIN, ancien receveur de la citŽ, sĠil a les deniers nŽcessaires pour payer les ouvriers. Ce dernier nĠen a pas et on lui reproche en outre ses arrŽrages en retard. Quentin se f‰che et tue Jehan OUDART dĠun coup de poignard. Il est pardonnŽ par Charles Quint, ˆ condition de ne pas habiter trop prs de la famille du dŽfunt.

Quelque temps aprs Regnault OUDART fils du prŽcŽdent rencontre prs de son domicile lĠassassin de son pre et le tue dĠun coup dĠŽpŽe. Etant clerc tonsurŽ ledit Regnault est poursuivi par la juridiction de lĠŽvque dĠArras, puis Žlargi aprs punition. Il demande quand mme la rŽmission de son crime, craignant des reprŽsailles de la part des autoritŽs civiles dĠArras.

 

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplication de Regnault OUDART, josne compaignon ˆ marier, filz de feu Jehan OUDART en son vivant bourgois rŽsident en notre citŽ dĠArras, contenant comme au commenchement des guerres dernires, ung nommŽ messire MARSILLE, Italien pour nous commis ayant visitŽ la citŽ, portes tours et murailles et fossez dĠicelle, y fut trouvŽ par lui aulcuns ouvraiges et rŽparacions nŽcessaires estre faictes pour la seurtŽ et fortiffication de ladicte citŽ contre noz ennemis. Et fut ledict feu dŽputŽ par les Estatz et CommunaultŽ pour entendre et solliciter lesdicts ouvraiges, ce que voulentiers il print, pour le bon conseil quĠil avoit au bien publique, sans aulcuns gaiges ou rŽtribution. Et ensuyant ce, pluiseurs ouvriers y besongnrent ausquelz convenoit payer chaque sabmedy de la sepmaine, tellement que entre autres jours advint que ledict feu ODART, affin dĠavoir argent et furnir ˆ chacun desdits ouvriers leur payement en la manire accoustumŽe, sĠest approchiŽ de ma”tre Jehan de BUIRES, receveur des Trois Estaz de ladicte citŽ, auquel il requist avoir deniers. Surquoy ledict receveur respondit non avoir aulcuns deniers et ledict feu dit que se aulcuns en vouloient prester que lui meismes se obligeroit en son nom privŽ. Durant lesquels propos survint deffunct Quentin MARTIN qui avoit quelque tamps eu la recepte de ladicte ville et debvoit encoires grans arrŽraiges par ses comptes renduz. A ceste cause lesdicts feu et receveur ensamble lui demandrent argent sur quoy il dŽclaira quĠil nĠen avoit point. Et ledict feu OUDART dit que lĠon nĠestoit quitte par telle dŽclaracion. A quoy icelluy Quentin respondist audict feu trs arrogamment quĠil nĠen auroit aultre chose. Et tantost aprs ainsi que ledict feu sĠen alloit ˆ intencion dĠoyr vespres en lĠŽglise Notre Dame dĠArras ˆ cause quĠil estoit la veille de la TrinitŽ, ledict Quentin revint ˆ luy profŽrant ces motz ou en substance : viencha garchon, qui te meut de toy mesler du paiement de mes arrŽraiges, mesle toy de porter chemise blanche ˆ ta femme, il sera demain dimenche. Et voyant ledict Quentin que ledict feu ODART ne lui respondoit, il retira plusieurs fois lesdictes parolles et autres injures, tellement que icellui feu OUDART lui demanda quĠil en vouloit dire. Et en ces propos ledict Quentin dĠun coutiau quĠil tira de sa manche en frappa ledict OUDART dessus la mamelle dont il cheut mort sur la place ou aprs sans confession.

Et depuis ledict Quentin sur soy donnŽ ˆ entendre a obtenu noz lettres de rŽmission quĠil prŽsenta ˆ notre gouvernance dĠArras et sur ce fust eslargy de prison durant lĠentŽrinement, ˆ charge toutesvoyes quĠil ne hanteroit ou converseroit de propoz dŽlibŽrŽ s lieux quĠil penseroit trouver les femme enffans et parens dudit feu. Mais ce nonobstant, vint ledict feu Quentin faire sa rŽsidence en notre ville dĠArras, droit ˆ la porte de citŽ lieu le plus hantŽ de la ville, par lequel convient ung chacun nŽcessairement passer er rapasser pour aller et retourner de ladicte citŽ dĠArras, ou ledict suppliant ses frres parens et amis faisoient leurs rŽsidences, tellement que ledict Quentin chacun jour hantoit partout ladicte citŽ, Žglise, paroiche de laquelle estoient lesdicts enffans dĠicellui feu parens et amis parochiens.

Et sans avoir poursuy ne procŽdŽ depuis son eslargissement lĠintŽrinement de sadicte rŽmission, se laissant en suspens ˆ touiours illec rŽsident, tant que ledict suppliant qui est ŽagiŽ de vingt ans seullement ou environ, ainsi que le jour Saint Leurens ou mois dĠaoust dernier lĠan XVC vingt neuf il passoit ladicte porte et Grant Rue dĠArras, retournant de quelque feste o il avoit fait grant chire et estoit aucunement surprins de boire, veit et apparceut en icelle rue ledict Quentin publicquement avec grant assemblŽe de gens qui se esbatoient ensamble, sur lequel meu de courroux douleur de la mort de sondict feu pre et remort soudain tira son espŽe et frappa aprs ledict Quentin sans le bleschier, finalement aherdirent et entreprindrent lĠun lĠautre et en soy escouant ledict suppliant frappa et attaindist ledict Quentin en la cuisse et chopprent et cheurent tous deux, dont douze jours aprs ou environ, par incuriositŽ, mal soing, garde et appareil, ledict Quentin est terminŽ vie par mort. Au moyen de quoy icellui suppliant qui est clerc tonsurŽ sĠest rendu prisonnier s prisons de lĠŽvesque dĠArras esquelles il est encoires dŽtenu prisonnier.

Et en vertu de certain mandement ŽmanŽ de lĠofficial dĠArras juge ecclŽsiasticque, a fait Žvocquier les justices tant de notredicte citŽ que de notre gouvernance avec inhibition et deffence de non attempter au prŽjudice de ladicte iurispendence dont les officiers dĠicelles justices ont inteiectŽ appellacion encoires pendant indŽcise en notre Grant Conseil  ˆMalines, et jachois que pour raison dudict cas il soit comme clerc tonsurŽ en procs en la court dĠŽglise ˆ Arras contre le procureur dĠicelle o il a estŽ purgiŽ et pugny. NŽantmoins il doubte que ˆ cause dĠicellui cas noz officiers ne voulsissent cy aprs procŽder rigoreusement contre luy par banissement et confiscation de ses biens ou aultrement criminellement se notre grace ne lui est sur ce impartie. (É)

DonnŽ en notre vile de Malines ou mois dĠoctobre lĠan de grace mil cincq cens et trente et de notre empire le premier et de noz rgnes de Castille etc le XV; ainsi soubzescript par lĠempereur en son conseil ; signŽ DEZOCT.

 

[finablement = enfin ; aherdre = saisir, toucher ; chopper = trŽbucher]