Simon MERLE, ˆ Arras

(AD59, B1734, folio 6v)

 

En 1523, dans un cabaret ˆ Arras, Michiel de ROEUVILLE prŽtend que Simon MERLE a une dette envers lui. Ce dernier rŽpond ironiquement quĠil le remboursera sĠil lui montre une preuve Žcrite de cette dette. Une bagarre en rŽsulte au cours de laquelle le premier est tuŽ par le second dĠun coup de poignard en la poitrine.

 

Charles, etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠhumble supplicacion de Simon MERLE, josne homme, contenant que le dimence premier jour de ce prŽsent mois de mars au soir, environ huit heures, se transporta en ung cabaret nommŽ le Repos en notre ville dĠArras, ˆ intencion de y boire comme font pluiseurs personnes. Auquel lieu ainsi quĠil buvoit et se rŽcrŽoit avec aucuns de ses compaignons, entre lesquelz estoit ung nommŽ feu Michiel de ROEUVILLE, lequel combien que ledit suppliant ne lui deist ou feist mal ou iniures, par grant Žgreur et de felon coraige, lui demanda sĠil ne le payeroit point, ˆ quoy en toute doulceur et gracieusetŽ ledit supliant respondit en demandant quelle chose il lui devoit, dŽclarant quĠil lui monstrast la cŽdulle du deu et quĠil le payeroit trs voulentiers. Oy laquelle responce ledit feu incontinent saillit de la table o ilz estoient assis, garny de son espŽe disant audit supliant quĠil y laisseroit le chappron quĠil portoit. Quoy voiant ledit supliant, cuidant tousiours par belles parolles appaiser lĠire et fureur dudit feu, lui offroit namptir ung escu dĠor ou cas quĠil voulsist aller quŽrir ladite cŽdulle, dont ledit feu ne se contenta. Ains en persŽvŽrant en son mauvais propos dit audit supliant quĠil nĠestoit que ung dansseur, que lĠon le congnoissoit bien, quĠil y avoit en lui pluiseurs braghes et nestoit que filz dĠun merchier et que sĠil le tenoit s rues, lui feroit mengier son pongnart. En quoy disant, ledit feu se mist en paine dĠoultrager ledit supliant, lancha aprs lui pluiseurs cops de sadite espŽe en jurant et blasphŽmant le nom de Dieu et autres juremens excŽcrables, tellement que ledit suppliant pour cuiter le pŽril et dangier ouquel il estoit, lancha aprez ledit feu et lĠattaindit en la poitrine dĠun pongnart quĠil tenoit en sa main. Duquel cop ledit feu tantost aprez, il termina vie par mort. (É)

DonnŽ en notre vile de Malines ou mois de mars lĠan de grace mil cincq cens vingt et deux et de noz rgnzes asavoir de celluy des Romains et Hongrie le quatriesme et des Espaignes et autres le septiesme ; ainsi dsignŽ par lĠempereur en son coseil ; L. DUBLIOUL.

 

[cŽdulle = billet, reconnaissance de dette ; chaperon = chapeau ; namptir = donner un gage en garantie de dette ; brague, braghe = pantalon ; merchier = petit marchand, colporteur ; cuiter = considŽrer ; pongnart = poignard]