Pierre MARTIN, ˆ Arras

(AD59, B1740, folio 153 v)

 

En 1528 ˆ Arras, Pierre MARTIN est mŽcontent dĠtre convoquŽ au tribunal parce quĠil doit neuf sols de bois et deux sols dĠescot ˆ Jehan CUVELIER. Aprs un Žchange de propos peu aimables, Pierre tue Jehan dĠun coup de poignard.

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplication de Pierre MARTIN dit Mahouche, demourant en notre ville dĠArras, contenant comme ou moys de novembre XVC XXVIII par ung jour de jeudy, ledit supliant estant adjournŽ aux petyts plays en notre dite ville dĠArras pardevant les eschevins pour ce commis ˆ la requeste de Jehan CUVELIER ˆ prŽsent deffunct, ledit suppliant estant ou lieu o se tiennent lesdits plays et oyant appeler la cause entre ledit Jehan CUVELIER comme demandeur, contre icelluy suppliant deffendeur, demanda audit defunct la cause pourquoy il le mandoit et ˆ quelle occasion il lĠavoit fait adjourner. Lequel deffunct respondit audit supliant quĠil luy demandoit par une partie neuf solz tournois pour une pice de boys quĠil luy avoit bailliŽ pour mettre en euvre en sa maison et deux solz quĠil luy avoit prestŽ ˆ ung escot. A quoy ledit suppliant aiant oy ladite demande dŽclara que au regart de ladite pice de boys il estoit content soy rapporter et prendre droit sur lĠouvrier aiant icelle mis en euvre et quant ausdits deulx solz se rapporta au serment dudit feu, lequel afferma iceulx deux solz luy estre deubz. Et aprs avoir oy ledit serment paia lesdits deulx sols audit feu et en tant quĠil touchoit ledit boys, le juge ordonna que lĠouvrier aiant icelle mis en euvre seroit oy. Et ainsi que le grŽ se feist escripvoit ladite ordonnace au registre, ledit suppliant dit audit feu quĠil avoit mal fait de lĠavoir fait adjourner pour si peu de chose et quĠil luy faisoit dŽshonneur et quĠil luy debvoit ung escot de cincquante solz, mais il ne vouloit faire adjourner, ne luy faire le dŽshonneur quĠil luy faisoit. Ausquelles choses ledit feu respondit quĠil ne luy debvoit riens et quĠil nĠestoit que un garchon belistre avec autres parolles iniurieuses et quĠil avoit bien de lĠargent pour aller veoir les ribaudes, chanter cocquiner ou hasetter, mais il nĠavoit point le payer ny autres ausquels il debvoit. Et en disant cesdites parolles ledit feu tenoit sa main sur une daghe quĠil avoit ˆ chainture, faisant semblant le vouloir tirer et sur ce sortirent desdits plais et vindrent s rues, disant tousiours par ledit feu audit supliant pluiseurs parolles comme de dire quĠil nĠestoit point si meschant que luy et quĠil nĠavoit regniŽ son sang comme avoit fait ledit supliant, par ce quĠil avoit eu ung enffant dĠune fille quĠil avoit regniŽ et partant estoit ung meschant homme. Et lors ledit supliant desplaisant desdites parolles et iniures que luy disoit ledit feu, contre vŽritŽ et en plaine rue et devant chacun et de ce esmeu, luy dit que sĠil retournoit vers luy quĠil luy donneroit de son baston sur la teste. NŽantmoins ledit feu continua disant audit suppliant : tu es ung garchon quant on te preste tu veulx quĠon te donne, tu ne veulx payer nulluy. A quoy ledit suppliant respondit quĠil paieroit mieulx ses debtes quĠil ne feroit et ledit feu dit audit suppliant que quant il auroit paiŽ toutes des debtes, il auroit peu de demourant et sur ce demanda ledit suppliant quelle chose il luy debvoit. A quoy il luy respondit quĠil luy devoit la pice de boys dessusdite et ne le vouloit payer et partant estoit ung meschant garchon. Et pour chose que luy dit ledit supliant, ledit feu ne cessoit dont icelluy suppliant se courrouchoit, meisment que lesdites iniures tournoient ˆ son grant schandalle et dŽshonneur. Et voiant que ledit feu ne se vouloit dŽporter ne cesser retourna vers luy, tira ung poignart quĠil avoit ˆ sa chainture et de chaude colle soy voiant ainsi iniurier en donna un cop au ventre dudit feu, dont tost aprs il termina vie par mort.(É)

DonnŽ en notre ville de Bruxelles ou mois de septembre lĠan de grace mil cinc cens vingt et neuf et de noz rgnes assavoir des Romains etc le XIe et de Castille etc le XIII(É).

 

[adjourner = convoquer au tribunal ; un belistre = un gueux, un gredin ; escot = quote-part de chacun des convives]