Guillaume MARCON, d’Hermaville

(AD59, B1698, folio21)

En 1473 à Tilloy lez Hermaville, Colart PETIT emprunte sans autorisation les outils du charpentier Guillaume MARCON. Lorsque ce dernier les retrouve, Il se met en colère,et après une bagarre, tue Colart d’un coup de cognée en la poitrine.

Charles, etc, savoir faisins à tous présens et avenir, nous avoir receu l’umble suplicacion de Guillaume MARCON, carpentier demourant à Hermaville, contenant comment ou mois de janvier en l’an mil IIII^X soixante et treize, tandiz que ledict supliant qui ouvroit de son mestier en la ville de Tilloy, avec autres ouvriers estoit alé avec les autres ouvriers disner et prendre sa reffection, pour après retourner en euvre, vint ou lieu où ilz ouvroient ung nommé Colart PETIT demourant audict Tilloy assez prez dudict lieu, lequel de sa pleine voulenté et sans en parler audict supliant print sa cuigné dont il ouvroit et l’emporta en l’atre de ladicte ville, où il en tailla et hecqua du bois à son plaisir. Et tellement la détint que, au retour dudict disner ledit supliant ne trouva sadicte cuigné dont il se malcontenta. Et tost après perceut que ledict Colart la luy renvoyoit, auquel ledict supliant dist que d’avoir ainsy prins et emporté dadicte cuigné sans mot dire, et en taillé bois il ne lui savoit gré. Pour lesquelles parolles ou autres qui se meurent à cause dudict emport, ledict Colart prinst ladicte cuigné et le jecta arrière dudict Guillame par despit, aussi loing qu’il peut. Et pour ce que ledit supliant l’y remonstra assez gracieusement que c’estoit fait d’un homme de nient, icelui Colart prinst le soyoire dudict supliant et pareillement la gecta au loing aussi fort et rudement qu’il peut. Que lorsledict supliant luy dist que c’estoit fait d’un cocquin de ainsi se getter ses hostieux. Après quoy ledict Colart prinst une pierre et le rua grousement après ledict supliant, et se print une fourcque appartenant à icelui supliant, en ly disant pour ce qu’il faisoit semblant de l’approchier, que se il l’approcheroit il le fraperoit de ladicte forcque. Et non content de ce, en délaissant icelle fourque, reprint encoires une autre pierre faisant semblant de la vouloir getter audict supliant, lequel à tout sadicte forque qu’il avoit reprinse, et disant à ceulx qui oyr le povoient, que ilz regardassent comment force lui estoit de deffendre son corps, approcha ledict Colart et d’icelle le navra en la poictrine. Depuis quel cop ledict Colart, qui pour lors tenoit en sa main ung baston, s’en ala à l’ostel sa mère quérir une fourque ferrée, avec laquelle il s’aprocha furieusement dudict supliant, lequel ce veant dit audict Colart que se il l’approchoit pour faire mal, il luy rueroit après sa cuigné qu’il tenoit. Mias ce non obstant, ledict Colart sans cesser s’efforçoit de fraper ledict supliant, en luy disant avec pluiseurs iniures et obprobres que s’il estoit tant hardy qu’il la jectast. Et lors ledict supliant, veant la continuacion dudict Colart meut de grande yre, pour les grandes iniures qu’il lui faisoit à tort et sans cause, et principalement pour sa vie sauver, et que force ly estoit son corps deffendre, gecta sadicte cuigné après ledict Colart, lequel il attaindi au cousté, et tellement le navra que dudict cop ledict Colart termina brief après vie par mort. (…)

Donné en notre ville de Valencienne ou mois d’octobre l’an de grace mil CCCC LXXV, ainsi signé par monseigneur le duc à la relacion du conseil ; Courroy visa.

[cuigné = cognée ; homme de nient = homme de rien ; soyoire = scie ; hostieux = outils ; ostel = chez soi, demeure]