Jehan LENFFANT, dĠEstres-Cauchy
(AD59, B1741, folio
89v)
En 1525 Gauchin, Jehan LENFFANT se sentant
menac, tue dĠun coup dĠarbalte le nomm Bonyn. En 1527 Estres-Cauchy ledit
Jehan LENFFANT lors tavernier, tue dĠun coup dĠpe Loys CABARET qui avait
mang chez lui et ne voulait payer son escot.
Charles, etc, savoir faisons tous prsens et avenir,
nous avoir receu lĠumble supplication de Jehan LENFFANT, povre homme
mannouvrier charg de femme et enffans, demourant Estres en la Cauchie en
notre cont dĠArtois, contenant comme ou mois de juing lĠan mil VC
vingt cincq, que estant en la compaignie de Pasquier GAMOT, Guillaume CLARET et
Loys CABARET, ung nomm Bonyn, ung autre adventurier se disant son cousin, avec
un nomm Bernart et autres dont il nĠest recors, estans en bende comme
compaignons en temps de guerre, alloient embattonnez parmy les champs, entre
lesquels Bonyn serchoit par tous moyens avoir noise et dbat audit supliant et
ses compaignons. Et pour esmouvoir ledit dbat, furent dites pluiseurs parolles
lĠun lĠautre, sentans menaches et en la parfin lesdits compaignons estans au
villaige de Gauchin y oient que ledit Jehan LENFFANT supliant et ceulx de sa
partie eussent par plusieurs fois dclar audit Bonyn quĠilz ne lui demandoient
riens et quĠilz vouloient boire avec luy et quĠil estoit leur amy, nantmoins
il encommena ledit dbat. Et de prime arriv, tira et arracha de lĠestrain de la
couverture de la maison de lĠhoste dudit Gauchin pour allumer le feu lĠayde
de poudre de canon de sa culinvrine quĠil portoit, dont il cuida bouter le feu
en la maison dudit hoste, o ledit supliant et ses consors sĠestoient retirez
pour seurt de leurs personnes. Et voiant quĠil ne povoit bouter le feu
desserra sadite culinvrine ou hacquebute en icelle maison cuidant tuer ledit
supliant et consors. Quoy voiant par ledit supliant et ses consors,
desserrrent deux arbalestres assavoir ledit supliant lĠune et ung sien
compaignon une autre, dont de lĠun desdits cops, mesmes de celuy du supliant
comme il a entendu depuis, ledit Bonyn fut attaint au corps dont depuis
certains jours aprez il termina vie par mort.
En oultre, environ le XXIIIIe jour dĠavril
lĠan mil cinc cens et vingt sept dernier, icelui supliant se entremettant de
vendre boire et tenir taverne et cabaret audit villaige dĠEstres, vindrent en
sa maison Loys CABARET, Loys GRAMOT, Guillemin CLAIRET et autres. Et aprs
avoir fait bonne chire et compter leur escot, qui portoit la part dudit Loys
CABARET, IIII sols II deniers I pite, ledit CABARET voulloit aller sans payer,
ou atout le moins voulloir que icelui supliant les lui acreut, que ledit
supliant reffusa de faire, lui dclairant quĠil lui debvoit de vielz II sols,
et ne lui crerroit riens au comptant. De quoy iceluy Loys CABARET dist
pluiseurs parolles iniurieuses audit supliant, disant quĠil ne oseroit wider
hors, en le desfiant corps pour corps, rapire rapire. Et tant continua
sdites iniures et desfiances, que ledit supliant pour garder son honneur fut
comme mal conseilli estim descendre en bas et venir sur la rue, o il trouva
ledit Loys CABARET garny de son espe nue et sĠentreferrrent et rurent
pluiseurs cops lĠun sur lĠautre et par deux emprinses, lĠune desquelles
iceluy Loys CABARET receut un cop dĠestocq dĠune espe, duquel il termina tost
aprez vie par mort.
Au trs grant regret et desplaisir dudit supliant et
combien quĠil ait de tout son povoir et sa puissance satisfait aux parens et
amys desdits deffunctz Bonyn et CABARET et leur fait et escordit tant
honnorable que prouffitable amende leur appaisement, ce nantmoins doubtant
rigeur de justice et pour rvrence dĠicelle il sĠest absent de noz pays et
nĠoseroit retourner en iceulx, ains vivre en estranges marches en grant povret
et misre, son grant grief et desplaisir et plus seroit se par nous ne luy
estoit sur ce pourveu de notre grace (É).
Donn en notre ville de Malines ou mois de mars lĠan
de grace mil cinc cens vingt neuf avant Pasques et de noz rgnes assavoir des
Romains et Germanie etc le XIIe et de Castille et autres le XIIIIe ;
soubscript par lĠempereur en son conseil ; sign du secrtaire DESPLEGHEM.
[estrain = paille battue servant de litire, de
chaume ; crer, acrer = accepter une dette ; marche = pays
frontalier ; de prim arriv = sur le coup ; desfiance = dfi au
combat ; pite = petite monnaie valant le quart dĠun denier ;
culinvrine = couleuvrine ; emprinse = combat ; en la parfin = en fin de compte]