Pierre LE MAISTRE, de la Bazicle près d’Arras

(AD59, B1725, folio 53)

En 1522, Pierre LE MAISTRE allant d’Arras à la Bazicle près d’Arras, après avoir trop bu, rencontre une femme qui lui dit que son épouse «va avec les chanoines». Rentrant chez lui, très en colère, il veurt frapper sa femme d’un coup de couteau, mais il tue sa propre sœur qui voulait s’interposer.

Charles, etc, savoir faisons à tous présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Pierre LE MAISTRE povre homme manouvrier chargié de femme et enfans, de la parroisse de La Bazicle lez notre ville d’Arras, contenant que environ le vingtiesme jour d’avril dernier passé, en cest an mil cincq cens vingt et deux après Pasques, ledict suppliant se seroit trouvé en notre ville d’Arras au disner en la maison et taverne de La Couronne, séant sur le petit marchié d’icelle, accompaignié de pluiseurs gens de bien. Et après le disner, que lors il estoit tout légier et surprins de boire, se partit de notredicte ville d’Arras, pour se retirer en sa maison. Et en retournant rencontra en son chemin une josne femme qui s’en alloit audict Arras, nommée Jennette, femme de Gilles BONNEL, à laquelle ledict suppliant non pensant aucun mal dit : à Dieu trop belle. A quoy elle lui respondit : je suis aussi belle que ta femme, qui va journellement avec les prestres et chanoines, avec autres injurieuses parolles. Lesquelles parolles ainsi dittes contre l’onneur de sadicte femme il révocqua et rappella en son courraige, et d’illec tout animé alla en sa maison, où il trouva sadicte femme, acompaignée de Marie LE MAISTRE seur dudict supliant. Et après y avoir esté assis quelque peu de temps sur ung banc, se recoidant et enflambé desdictes parolles comme homme esgaré de son sens, tempté de l’ennemy d’enfer, desgaigna son cousteau et après le avoir desgaigné dit à sa femme qu’il lui copperoit la gorge. Et en ce disant, l’approcha et rua après un cop dudict cousteau, duquel il attaindit Marie LE MAISTRE qui se mettoit audevant de sadicte femme en l’espaulle, dont elle fut navrée à sang courant et playe ouverte. Au moyen de laquelle navrure, elle par faulte d’appareil ou autrement, trois ou quatre jours après est terminée vie par mort. (…)

Donné en notre ville de Malines le jour du Vendredi Saint ou mois de mars l’an de grace mil cincq cens vingt et trois, et de noz règnes, assavoir des Roamains et Hongrie le cincquiesme, et des Espaignes le neufiesme ; par l’empereur en son conseil ; signé Verderue.