Jehan LE GRAND, dĠAyette prs Le Bucquoy

(AD59, B1741, folio 222)

 

En 1523 prs dĠArras, Jehan LE GRAND blesse mortellement Michiel LE BARBIER ˆ qui il reproche de vendre du mauvais blŽ et dĠtre un tra”tre au gouverneur dĠArras.

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Jehan LE GRAND , povre homme mariŽ nagaires demourant au villaige dĠAyette prs le Busquoy en notre pays dĠArtois, contenant comment ou mois de juing XVC vingt trois, ledit supliant accompaignŽ de Jehenne HURTAULT sa femme et tirant leur chemin vers notre ville dĠArras, menant une vache pour y vendre, craindant quĠelle ne leur fust prinse et pillŽe par les Franois lors nos ennemis. Et reposans oudit chemin assez prs de notredite ville dĠArras, trouvrent feu lors vivant Michiel LE BARBIER et ainsi estans assis et reposans, la femme dudit supliant en addreschant ses parolles audit feu luy demanda si ce avoit estŽ luy qui luy avoit vendu du mausvais bled et se il nĠestoit pas le censier de Baliencourt. Que lors il respondit quĠil estoit censier de Baliencourt, mais il ne luy avoit vendu de blŽ. Et lors ledit feu demanda ˆ Jehenne BLONDEL illec prŽsente, si sa fille qui demouroit au villaige de Puysseulx ou Val vendoit du blŽ en son absence, laquelle respondit que non et comme il fait ˆ croire , elle feist ladite responce pour ung mieulx pour ce quĠelle savoit bien que la fille dudit feu en avoit vendu ˆ la femme dudit suppliant. Aprs lesquelles parolles ledit supliant dist que les censiers sur les frontires de France estoient si Franois quĠilz feroient volontiers menger ordures aux povres gens de notredit pays dĠArtois ausquels ilz vendoient leurs bledz ˆ raison que ainsi il en avoit estŽ traictiŽ et pluiseurs autres dudit pays. Que lors ledit feu luy respondist quĠil estoit fort quereleux disant : estes vous envieulx que nous sommes nentis ; vous en faisons nous de pis. A quoy ledit supliant rŽplicqua que ouy et que ceulx dudit villaige dĠAyette avoient estŽs prins des Franais audit villaige de Busquoy par le moyen des femmes dudit Busquoy quy les avoient accusez ausdits Franois. Que lors ladite Jehenne BLONDEL dist audit suppliant que personne du Busquoy ne les avoit accusez, ˆ laquelle il respondist quĠelle avoit menty. Sievant lesquelles parolles ledit feu dit audit suppliant quĠil estoit meschant homme de desmentir ladite Jehenne qui estoit femme de bien. Auquel ledit suppliant respondit quĠil en avoit semblablement menty, luy imposant quĠil estoit traittre au gouverneur dĠArras et quĠil sĠen yroit devant ˆ la porte en advertir ceulx quy y estoient. Lequel deffunct cheminant devant ledit suppliant retourna et vint vers iceluy supliant ayant une vergette blanche en sa main et en le aprochant dist : viencha veulx tu dire et maintenir que je suis traittre au gouverneur dĠArras. Que lors ledit supliant allant vers ledit feu et craindant la fureur dĠiceluy et quĠil ne luy feist invahyr, le congnoissant homme audacieux comme il monstra par aprs, ayant une espŽe dĠarme sans fourreau en frappa ledit feu au costŽ senestre, qui subit prinst ladite espŽe et en fut bleschiŽ en ses doiz, rua ledit suppliant par terre. Et nĠeust estŽ quĠil fust dŽsŽparŽ par ceulx qui estoient prŽsens, il eust estŽ en pŽril de sa vie et se fust ledit feu efforcha luy oster ladite espŽe. A lĠoccasion duquel cop par faulte de soing ou autrement comme il fait ˆ doubter, environ sept ou huit jours ensievant ledit feu finit ses jours. Duquel cas ledit supliant est trs dolent et pour doubte et rŽnŽrence de justice sĠest depuis retirŽ et tousiours tenu en lieu de sceuretŽ, habandonnant sadite femme et famille et ne oseroit aller ne converser en noz pays et terres, ains est apparant misŽrablement finir ses jours en estranges marches et contrŽes se notre grace et misŽricorde ne luy est sur ce impartie. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois de mars lĠan de grace mil cincq cens vingt neuf et de nos rgnes assavoir de celuy des Romains le XIe et de Castille et autres le XIIIIe ; soubzscript par lĠempereur en son conseil ; signŽ VERDE RUE.

 

[viencha = ici : invahyr = attaquer ; estranges marches = pays Žtrangers limitrophes]