Jehan LE GENTIL, ˆ Arras

(AD59 B1736, folio 108v)

 

En 1525 dans une taverne ˆ Arras, Vincent BARBET demande ˆ Jehan LE GENTIL de lui prter six deniers. Ce dernier lui rŽpond quĠil ne le peut ce jour. Vincent sĠemporte et frappe Jehan ˆ coups de pots ˆ bire. Jehan LE GENTIL donne alors deux coups de couteau ˆ son agresseur, le blessant mortellement.

 

Charles, etc, scavoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Jehan LE GENTIL, povre homme du mestier de sayeteur, rŽsident en notre ville dĠArras, contenant que environ par ung samedi, icellui suppliant fut requis dĠun nommŽ Jehan MOLIN aussi sayeteur demourant en icelle ville, de le vouloir aider ˆ mettre sus une flame de fille de sayette pour faire une saye, ce que ledict suppliant feist. Et aprez quĠilz olrent ce fait, sĠen allrent pour rechiner au cabaret des Couteaux ˆ Pointes en notredicte ville, o ilz demandrent ˆ deux, demy lot de cervoise. Et depuis se mirent avec ung autre escot auprs de o estoient Pierre de BAIX et son beau-frre, o ilz despendirent pour leur part de lĠescot, trois deniers.Au boult de laquelle table estoit ˆ prŽsent deffunct Vincent BARBET, lequel estoit seul aiant demy lot de cervoise devant lui. Et ainsi que lesdicts supliant et Jehan MOLIN estoient prestz pour eulx en aller, ledict deffunct demanda audict supliant quĠil lui prestast six deniers. A quoy icelluy suppliant respondit ces motz : certes je nĠen ay point, se jĠen avoye je vous presteroie voluntiers, dont ledict deffunct se malcontenta, reprochant audict suppliant quĠil le povoit bien faire, et que autresfoiz il lui avoit bien prestŽ cincq groz, ˆ quoy icellui supliant respondit de rechief quĠil nĠen avoit point pour lĠheure. Mais ledict deffunct malcontent se leva de sa place garny dĠun cousteau qui nĠavoit point de mance, duquel il vint frapper ledict supliant qui estoit encoires assiz ˆ son escot. Au moyen de quoy icellui supliant soy sentant ainsi fŽrir, poursuyt ledict deffunct jusdques au coing de la salle, et ce fait se retira arrire dudict deffunct, lequel non content poursuyt de rechief ledict supliant jusques ˆ son escot, o icellui deffunct print ung pot de lot, duquel il frappa pluiseurs cops sur ledict supliant, lequel est petit homme se mussoit et garandissoit dudict deffunct il eust estŽ tuŽ. Quoy voiant ledict suppliant soy sentant ainsi agressŽ et tout fourdoyŽ et estourdy des cops quĠil avoit receu, frappa sur ledict deffunct de son cousteau deux cops, lĠun au bras lĠautre en la gorge, desquelz cops peu de temps aprs par faulte de brief secours, appareil ou autrement, ledict feu seroit allŽ de vie ˆ trespas. (É)

DonnŽ en notre ville de Boisleduc ou mois dĠoctobre lĠan de grace mil cincq cens vingt et cincq, et de noz rgnes assavoir des Romains le VIIIe et des Espaignes le X; par lĠempereur en son conseil, signŽ Verderue.

 

[saie = vtement riche ; mance = manche ; se musser = se cacher ; rechiner = prendre une collation]