Nicolas LE CARON, ˆ Arras

(AD59, B1734, folio 32v)

 

En 1523 chez un tassetier dĠArras, Nicolas LE CARON sergent du gouverneur veur mettre fin ˆ une querelle entre plusieurs hallebardiesr de la mme compagnie. Cette noise dĠenvenime et dŽgŽnre en bataille rangŽe. A un moment donnŽ, une femme veut sĠinterposer entre les participants et reoit de la part de Nicolas un coup mortel de rapire. Ce fait divers est dramatique car cette femme est enceinte et quĠavant de mourir elle met au monde son enfant, vivant semble t-il.

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Nicolas LE CARON, sergant de notre gouverneur dĠArras, contenant comme le joedi XVIe jour dĠavril en cest an XVC XXIII, luy estant en devises ˆ lĠestat dĠung tassetier nommŽ Jehan DUPUICH de la Rouge Maison en notredite ville dĠArras, veit sourdir grosse noise entre Loys JOURDOIS dit le Paige et No‘l LE BARBIER par ensemble, alencontre dĠung nommŽ Gilles LE LACQUéRE pour y mettre le bien, considŽrŽ quĠilz estoient tous ses compaingnons et bons amis et tous trois hallebardiers de notredit gouverneur dĠArras, cuidant quĠil feroit plaisir et honneur audit gouverneur de empescher ces gens de eulx entrebatre ˆ intencion de les desmeller et dŽpartir, se approcha dĠeulx leur requerrant et remonstrant doulcement quĠilz ne feissent desplaisir lĠun ˆ lĠautre, les advisant que se on leur vouloit faire desplaisir, quĠilz se deubvroient ayder et assister lĠung lĠautre actendu quĠilz estoient ˆ ung maistre, leur disant par diverses fois : messieurs que voulez vous faire, vous tes tous ˆ ung maistre, espŽrant quĠilz prendroient lesdites parolles de bonne part et en ce, leur avoir fait grant plaisir. Et ˆ ceste cause et intencion, se meist au devant desdits LE PAIGE et LE BARBIER lesquelz estoient en grande apparance eulx deulx ensemble tuer ou inhumainement oultraigier ledit Gros Gilles. Mais ledit PAIGE estant esmeu dit audit suppliant : tĠen vouls tu mesler. A quoy il respondist que non, mais sĠil povoit quĠilz ne feroient nul mal et saisist par familiaritŽ leurs hallebardes. Et incontinent ledit PAIGE sĠescouyst dudit suppliant et le frappa rudement de son poing. Ce voyant ledit suppliant tira ung cousteau quĠil avoit pour le faire cesser, considŽrant quĠil nĠestoit pas bien entre hallebardes ˆ main desgarnie. Et incontinent ledit LE PAIGE en jurant blasphŽmant et profŽrant ces motz : mort Dieu en veulx tu parler, lanchant de sa hallebarde dĠestocq aprs ledit suppliant et pareillement ledit No‘l LE BARBIER par ensemble. Et doubtant ledit suppliant, pour soy garander, tira une rapierre quĠil avoit ˆ sa sainture. Et comme ledit No‘l sĠestoit escou de sa femme, laquelle sĠestoit tenu au devant de luy affin de empescher oultraiger ledit Gros Gilles. Icelle femme de rechief se reprŽsenta au devant dudit dŽbat en se lanant au cop dĠestocq prŽsentŽ par ledit suppliant alencontre desdits deulx hallebardes contre luy lancŽes et bassŽes. Et auparavant que ledit suppliant se eust advisŽ et perceu quĠelle se feust mise mise entre deulx, fut attainte dudit estocq, tout au dehors de la voulentŽ dudit suppliant, ˆ son trs grant regret et desplaisir. Et termina ladite femme tost aprs dŽlivrŽe de son fruit qui fut baptisŽ. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois de may lĠan de grace mil incq cens vingt et trois et de noz rgnes assavoir de cely des Romains et de Hongrie etc le Ve et des Espaingnes etc le huitiesme ; par lĠempereur en son conseil ; DEZOETE.

 

[en lĠestat dĠun tassetier = en la maison dĠun fabricant de bourses, de poches en cuir ; sĠescouyst = se dŽlivra de lĠemprise]