Questions sur l’histoire des églises du diocèse

En 1861, Mgr PARISIS, évêque d’Arras, adresse aux curés de son diocèse un questionnaire sur l’histoire des paroisses depuis 1789. Ce qui suit a été noté aux archives diocésaines d’Arras, avec l’aimable autorisation de Mr Michel BEIRNAERT son directeur. Il s’agit des réponses pour Camblain-l’Abbé et Bouvigny.

L’église de Camblain-l’Abbé au XVIII^e et XIX^e siècles

1°) Qu’était l’église de Camblain avant 1789 ?

L’église de Camblain, placée sous l’invocation de Saint Pierre, maintenant administrée par un desservant et faisant partie du doyenné d’Aubigny, était avant 1789 desservie par un curé inamovible, la chapelle de secours de Cambligneul placée sous l’invocation de Saint Killien évêque missionnaire qui a réveillé la foi catholique des habitants de ce lieu, et qui fait partie de la paroisse de Camblain était avant 1789 une chapelle vicariale.

2°) De qui dépendait-elle ?

L’église de Camblain dépendait de l’abbaye de Saint Eloi dont l’Abbé nommait le curé. La cause de cette dépendance paraît tenir de ce que l’abbaye du Mt St Eloi était chargée de l’entretien du choeur. La chapelle vicariale de Cambligneul dépendait de l’église d’Aubigny.dont le titulaire nommait le vicaire. C’était le curé d’Aubigny qui venait faire les mariages et bénir les corps des défunts dont l’inhumation se faisait dans le cimetière de ce bourg.

3°) Y a-t-il eu avant cette même époque dans la circonscription de la paroisse actuelle de Camblain, des événements utiles à connaître pour l’appréciation des moeurs de cette époque et pour l’édification des peuples ?

On croit communément que l’église de Camblain dont la construction remonte à la fin du XII^e siècle a été bâtie par le seigneur du lieu, qui possédait un château non loin de la Chausée Brunehaut. Les corbeaux qui représentent la famille toute entière du seigneur et une chapelle appelée encore aujourd’hui «la chapelle du seigneur» l’indiquent suffisamment. Le choeur d’une date beaucoup plus récente puisque sa construction ne remonte qu’à l’année 1765 a été fait par l’abbaye du Mt St Eloi, qui possédait auprès de l’église une ferme très importante. La tour dont les angles de la flèche sont ornés de pierres figurant des têtes d’hommes, de monstres, et même des crosses végétales remonte au XVI^e siècle.

La chapelle de secours de Cambligneul appuyée contre la ferme de l’ancien château de cette localité dont l’emplacement se fait encore un peu plus haut par une petite éminence avait sans doute été bâtie par le seigneur, puisqu’elle est sur un terrain qui lui appartenait autrefois. Il est impossible de dire à quelle époque elle remonte car il n’y a rien qui puisse le faire connaître.

On dit qu’il y a eu autrefois une chapelle bâtie sur le point le plus intéressant du bois sur la Chaussée Brunehaut à peu près à égale distance de Camblain à Villers-au-Bois, auprès d’une fontaine qui est tarie depuis que cete partie du bois a été défrichée. Elle portait le nom de «la chapelle des Mordreux», on pense que cette chapelle a été érigée pour réparer les atrocités et les crimes qui y avaient été commis par une bande de brigands qui se réfugiaient dans ce lieu, ce qui porte à accepter cette tradition c’est que la ferme d’Etrayelle qui se trouvait non loin de là, ayant été brûlée dans le XVII^e siècle fut rebâtie dans le bas du village de Camblain et que les habitants des 13 maisons d’Etrayelle suivirent bientôt cet exemple sans doute pour ne plus être inquiétés par cette bande qui avait fait sa retraite dans ces bois.

On pourrait encore apporter un événement qui a une certaine importance pour la paroisse, c’est qu’en 1710 pendant le siège de Béthune, lorsque l’armée de Hollande étant campée aux bois de Camblain, il s’est déclaré une épidémie qui enleva 110 personnes de la paroisse en quelques mois.

4°) Que s’est-il passé dans ces mêmes lieux durant la Révolution ? Qu’a fait le prêtre ou le clergé qui s’y trouvait ?

Il ne s‘est passé dans cette paroisse rien autre chose que ce qui s’est passé ailleurs. Les fidèles ne pouvaient plus remplir ostensiblement leurs devoirs, le repos du saint jour du dimanche était défendu, car il y avait dans cette paroisse quelques personnes correspondant avec le comité révolutionnaire d’Arras qui leur inspiraient de la terreur.

Cependant il est un fait qui pourrait être signalé c’est que la dernière victime qu’a immolée le tribunal révolutionnaire présidé par un homme trop malheureusement célèbre Joseph LEBON, était une jeune femme de Camblain appelée Noëlle Joseph VICHERY. Au moment de son arrestation, elle portait sur son bras un petit enfant qu’elle nourrissait. Il a été rapporté par des personnes dignes de foi que lorsque sa tête est tombée sur l’échafaud, on vit couler du sang mêlé avec le lait qui devait nourrir l’innocente créature qu’on lui avait enlevée quelques jours auparavant, et qu’on entendit dans la foule un murmure d’indignation.

Quant au curé de Camblain et au vicaire de Cambligneul, ils ont pris le chemin de l’exil, laissant à quelques prêtres intrépides le soin de veiller sur leur troupeau et de les administrer. Ils ne pensaient pas que leur exil aurait duré si longtemps.

5°) Qui est-ce qui a pourvu aux besoins spirituels ? Par quels moyens ? En vertu de quels pouvoirs ? Où disait-on la messe ?

Pendant cette malheureuse Révolution depuis le moment que les prêtres furent proscrits jusqu’au jour où ils purent rentrer en France, il y eut quelques prêtres brûlant d’un saint zèle pour l’amour de Dieu et le salut du prochain qui ne craignirent point d’exposer leur vie pour le bien des âmes.

C’étaient Mr BLAMPAIN qui fut plus tard nommé curé de Frévin, Mr DAMBRINE aincien curé de Wanquetin, né à St Nazaire, Mr LHERBIER né à Carency et qui fut plus tard nommé à la cure d’Houdain, Mr BABEUR dont les parents habitaient cette paroisse auparavant génovefain à Paris, qui fut d’abord nommé curé de Gouy-Servins et ensuite curé doyen à Laon, et MR LESIEUX né à Cambligneul. Ces prêtres intrépides procuraient à cette paroisse et à d’autres les soins de leur ministère avec le concours de personnes sures qui les cachaient ou qui connaissaient leur retraite. Ils exerçaient leur ministère sans doute avec la permision de Mgr CONZIER alors évêque d’Arras ou en vertu des pouvoirs qu’ils avaient reçus soit directement soit indirectement de ses grands vicaires. Ilsdisaient la messe pendant la nuit dans des maisons particulières tantôt dans l’une tantôt dans l’autre car on connaît encore maintenant plusieurs maisons dans cette paroisse où ils ont célébré les saints mystères. On raconte que Mr DAMBRINE ayant eu une entorse dans une de ses courses nocturnes fut obligé de rester environ 4 semaines à Camblain dans une place sans feu afin de ne point éveiller les soupçons, et que Mr BLAMPAIN fut arrêté non loin de cette paroisse et conduit dans une prison d’Arras d’où il n’est parvenu à s’échapper qu’après de grandes difficultés.

6°) Quand l’église a-t-elle été rendue au culte ? En quel état était-elle ?

On a commencé à dire la messe dans l’église de Camblain et dans la chapelle de Cambligneul en l’an 1802. Elles étaient dans un état bien tristre et bien pauvre, car pendant la Révolution on avait enlevé tout ce qui avait servi à leur ornementation, et on les avait fait servir à un usage profane. Quand Mr DEHÉE dernier curé de Camblain est parti pour l’exil il avait chargé quelques personnes de la paroisse de veiller à la conservation du mobilier de l’église et des ornements ; Après les avoir cachés quelque temps chez elles ces personnes craignant d’être inquiétées si on venait à les trouver en possession de ces objets du culte prirent le parti de les transporter dans un lieu plus sur. Il y avait en dehors du village au milieu d’un petit bois sur l’emplacement de l’ancien château un puits comblé en partie. Ce fut ce lieu qu’elles choisirent pour cacher leur précieux dépôt. Il fut découvert quelque temps après par des enfants qui s’amusaient dans ce lieu pendant que leurs parents travaillaient dans le bois. Ces objets furent retirés et ensuite transportés à Arras. Il n’y eut de conservé que quatre petits chandeliers qui avaient été cachés dans la terre et qui furent retrouvés il y a quelques années seulement.

Il n’y eut rien de conservé à Cambligneul. Il n’y avait qu’une relique de Saint Killien dans la chapelle de Cambligneul dont on a perdu l’authentique.

Des trois cloches qu’il y avait à Camblain, il n’en reste plus qu’une, les deux autres ayant été enlevées.

Parmi les inscriptions gravées dans l’église de Camblain, il y en a deux qui pourraient peut-être mériter une légère attention. La première est gravée sur une pierre placée au milieu du choeur qui recouvre la tombe de Mr Antoine LEFEBVRE qui mourut en 1743 après avoir été curé dans cette paroisse l’espace de 51 ans, lequel avait fondé à perpétuité trois obits à trois psaumes, trois leçons et les commandaces. La seconde inscription est située sur la poutre de l’église qui est contre le choeur ; elle marque la reconstruction du choeur faite par l’abbaye du Mont Saint Eloi en 1765 et renferment ces mots : Ecce Deus Salvator Me Ve. Les autres inscriptions indiquent l’inhumation de plusieurs personnes notables de la paroisse.

7°) Comment s’est fait le rétablissement du culte? Par qui ? Y a-t-il eu quelque cérémonie spéciale ?

Le rétablissement du culte s’est fait après le Concordat passé entre le Souverain Pontife et Napoléon 1^e. Le culte a été rétabli dans l’église de Camblain par Mr DYONS et dans la chapelle de Cambligneul par Mr LESIEUX ; On n’a connaissance d’aucune cérémonie spéciale qui ait été faite pour cela.

8°) Quel a été le premier curé titulaire ? A quelle époque est-il venu ?

Le premier curé titulaire a été Mr Floride Joseph LESIEUX né à Cambligneul ancien religieux trinitaire. il fut nommé à Camblain l’Abbé auquel on avait annexé Cambligneul par Mgr DE LA TOUR D’AUVERGNE en 1802. Comme on n’vait pu rien conservé du mobilier de l’église et de la chapelle, il a pourvu avec bien de la peine aux premiers besoins du culte, ce ne fut que peu à peu qu’il put y parvenir. Vers l’an 1834, Mgr DE LA TOUR D’AUVERGNE a fait don à l’église de Camblain du maître autel, de chandeliers, d’une lampe et d’un confessionnal de sorte qu’à dater de cette époque l’église devint plus décente.

Il ya quelques années la famille de Mr Auguste BUTRUILLE décédé malheureusement sur cette paroisse en 1846 fit don à la fabrique d’une rente annuelle de 25 francs et d’une parcelle de terre de la contenance de 10 ares à la condition de faire célébrer quelques services religieux et d’entretenir la chapelle bâtie sur le lieu même de l‘accident.

9°) Quels ont été les autres curés ?

A Mr Floride Joseph LESIEUX qui fut nommé à Savy Berlette en 1820 après avoir desservi la paroisse l’espace de 18 ans succéda Mr Nicolas FAUQUEL qui fut nommé à Carency au mois de décembre 1825.

Il eut pour successeur Mr Pierre DEPRET né à Barlin, qui administra cette paroisse jusqu’à l’année 1834, époque où il fut nommé à Burbure.

Mr Augustin BLANCHANT né à Chelers, fut curé de cette paroisse jusqu’à ce qu’il fut nommé à Le Quesnoy au mois de janvier 1849.

Il eut pour successeur Mr Etienne DEPREZ transféré du vicariat de Calonne-sur-la-Lys.

Sous Mr LESIEUX en 1804 eut lieu la plantation du calvaire de Camblain, à la place qu’il occupait avant la Révolution c’est-à-dire en bas du village en face du nouveau cimetière. La même année a eu lieu aussi la plantation du calvaire de Cambligneul à la place qu’il occupe encore actuellement. A peu près à cette époque a été bénie une chapelle dédiée à la Sainte Vierge appelée «la chapelle LAROCHE » du nom de ceux qui l’ont fait bâtir à l’occasion de la mort prématurée de leur fils unique qui reçut non loin de là en 1803 une blessure mortelle de la main d’un gendarme parce qu’il était déserteur. Cette chapelle était un lieu de pélerinage, elle n’existe plus maintenant.

En 1841 pendant l’administration de Mr BLANCHANT a eu lieu la bénédiction de la cloche et la même cérémonie a été faite en 1844 pour la cloche de la chapelle de secours de Cambligneul.

Enfin en 1846 a été bâtie et bénie la chapelle qui est dans le bois et qui a été donnée à la fabrique il y a quelques années.

En 1850 le 10 février, a eu lieu avec la permission de son Eminence Mgr le cardinal DE LA TOUR D’AUVERGNE la bénédiction du nouveau cimetière, et le 25 août le calvaire a été transféré de son ancienne place dans le nouveau cimetière. La cérémonie a été présidée par Mr DAUTRICOURT curé doyen d’Aubigny qui a aussi présidé la même cérémonie à Cambligneul en 1854.

10°) Détailler les diverses oeuvres qui ont eu lieu (missions, retraites, etc)

Il y a eu à l’occasion du jubilé de 1855 une mission donnée dans cette paroisse par le Révérend Père DIART de la Compagnie de Jésus de maison de Lille qui a été très fructueuse par le bien qu’elle a produit. Il y a eu plusieurs autres prédications par les curés des paroisses voisines à l’occasion d’autres jubilés.

Il a été érigé le 5 octobre 1856 le Chemin de la Croix dans l’église de Camblain à l’aide de dons volontaires. La cérémonie a été présidée par Mr DAUTRICOURT et le sermon fait par Mr DUCHATEAU vicaire de la Cathédrale et depuis doyen de Vimy.

11°) Travaux faits à l’église pour restauration, agrandissement, embellissement, construction. Mêmes questions pour le presbytère.

En 1834 Mgr DE LA TOUR D’AUVERGNE a fait placer dans l’église de Camblain le maître-autel et le confessionnal.

En 1836 la fabrique a fait mettre à ses frais deux lutrins placé de côté dans le choeur.

En 1842 des fonts baptismaux ont été placés au compte de la fabrique aidée en partie par un don volontaire.

En 1864 un autel collatéral dédié à la Sainte Vierge a été placé dans l’église au compte de la fabrique.

En 1860 restauration et agrandissement de deux fenêtres de l’église.

En 1861 restauration et agrandissement des quatre autres fenêtres de l’église, et une tribune sous la tour pour y placer un certain nombre de personnes, une fenêtre percée pour éclairer la tribune. Ces travaux ont été faits par la fabrique avec l’aide la commune.

Enfin un second autel collatéral dédié à Saint Pierre semblable au premier fait au compte de la fabrique.

A la chapelle de Cambligneul, en 1840 restauration du marchepied de l’autel et un lutrin placé de côté au compte de la fabrique.

En 1851 achat par la fabrique d’une statue de la Sainte Vierge avec l’aide de dons, ce qui avait été fait à Camblain pour une statue semblable l’année précédente.

Enfin il n’a pas été fait d’autres travaux à la chapelle de Cambligneul parce qu’elle devait être reconstruite ce qui va avoir lieu l’an prochain.

Quant au presbytère il n’a été fait que les réparations absolument nécessaires parce que les deux communes doivent en construire un nouveau plus tard.

12°) Visites épiscopales. Fêtes, calvaires, processions, pélerinages.

En 1853 le 8 octobre Mgr Pierre Louis PARISIS évêque d’Arras a visité en venant donner la confirmation à Béthonsart la chapelle de Cambligneul. Sa Grandeur a été reçue par Mr le Maire de cette commune entouré de son conseil. De là elle s’est rendue à la chapelle où elle a adressé quelques paroles d’édification à la foule qui y été réunie. Mgr est ensuite venu à Camblain où il aété reçu par Mr MATHIEU maire de la commune et membre du conseil général du Pas-de-Calais. De là Sa Grandeur a été conduite processionellement à l’église au milieu de plusieur ecclésiastiques réunis à un grand nombre de fidèles, auxquels Elle a adressé une allocution touchante, et le lendemain Elle a donné la Confirmation aux enfants de la paroisse.

Les fêtes extraordinaires et les processions qui eurent lieu dans la paroisse furent faites à l’occasion de plusieurs plantations de calvaires et de l’érection d’un chemin de croix dont il a déjà été parlé.

13°) Indiquer sommairement les titres déposés dans les archives de la paroisse. Dire quels sont les registres de catholicité déposés à la mairie.

Les titres déposés dans les arhives de la paroisse sont les registres de catholicité, un registre de paroisse, un recueil de mandements et deux titres de rentes en faveur de la fabrique.

Les registres qui se trouvent à la mairie de Camblain remontent jusquà l’an 1621, et ceux qui se trouvent à la mairie de Cambligneul ne remontent qu’à l’an 1778. Ceux des années précédentes doivent probalement se trouver à la mairie d’Aubigny dont dépendait la chapelle vicariale de Cambligneul.

Signé : DEPREZ curé de Camblain-l’Abbé et Cambligneul.

L’église de Bouvigny au XVIII^e et XIX^e siècles

1°) Qu’était l’église de Bouvigny avant 1789 ?

L’église de Bouvigny avant 1789 a toujours porté le titre de : église paroissiale de Saint Martin. Les actes antérieurs à cette époque lui donnent toujours ce titre.

2°) De qui dépendait-elle ?

Je n’ai pu découvrir dans aucun acte ni dans les renseignements traditionnels que l’église de Bouvigny dépendit sous aucun rapport d’autre que de l’évêque d’Arras . Aurait-elle pu dépendre sous le rapport de la nomination du curé titulaire du seigneur marquis de CRÉQUI qui en 1660 habitait le château du hameau de Boyeffles, et plus tard du seigneur prince de GHISTELLES allié à la famille du susdit marquis de CREQUI, et habitant également le château de Boyeffles, qu’on disait seigneurs du clocher de Bouvigny . C’est ce que je n’ai pu découvrir.

3°) Y a-t-il eu avant cette même époque dans la circonscription de la paroisse actuelle de Bouvigny, des événements utiles à connaître pour l’appréciation des moeurs de cette époque et pour l’édification des peuples ?

Je n’ai rien pu découvrir qui fut digne de remarques.

4°) Que s’est-il passé dans ces mêmes lieux durant la Révolution ? Qu’a fait le prêtre ou le clergé qui s’y trouvait ?

Il s’est passé dns la paroisse de Bouvigny comme dans beaucoup d’autres des choses bien déplorables. Nommer DUQUESNOY de si triste mémoire un des principaux agents du district de Béthune député à la Convention n’est-ce-pas dire que Bouvigny-Boyeffles son lieu natal devait néscessairement subir sa funeste influence. Le prêtre qui s’y trouvait alors s’est éloigné et n’est plus revenu à Bouvigny après la tourmente révolutionnaire.

5°) Qui est-ce qui a pourvu aux besoins spirituels ? Par quels moyens ? En vertu de quels pouvoirs ? Où disait-on la messe ?

Il est tout naturel de supposer que Bouvigny n’était pas un lieu de sureté pour les prêtres cachés en le sachant régi par un tel séide que celui que je viens de nommer, et qui avait en outre à ses ordres d’autres hommes qu’il avait su endoctriner. Aussi n’ai-je pu savoir si jamais un prêtre fidèle y a passé.

Seulement Madame HERRENG de BOISGERARD m’a dit que Mr de BOISGERARD son père avait été marié dans la salle de son château à Bouvigny par un prêtre non assermenté qui se tenait caché à Saint-Eloi ou à Villers-au-Bois, elle n’a pu m’en dire le nom.

6°) Quand l’église a-t-elle été rendue au culte ? En quel état était-elle ?

Mr de BOISGERARD avait acheté l’église de Bouvigny pour ne pas la laisser démolir, espérant bien que les mauvais jours cesseraient. Aussi s’empressa-t-il au retour des prêtres de la rendre en 1802 aux pratiques du culte, mais tout l’ancien mobilier fut ou brûlé ou vendu ou dispersé. L’église même fut découverte et dépavée. C’est dans cet état qu’elle fut rendue au culte. Je n’ai pas connaissance qu’il y ait quelque chose de bien intéressant à signaler.

7°) Comment s’est fait le rétablissement du culte? Par qui ? Y a-t-il eu quelque cérémonie spéciale ?

Le rétablisement du culte s’est fait par Mr MOREL ancien religieux sous le nom de Père Albert, à l’époque et en vertu du procès-verbal ci-joint. Sans doute qu’à cette époque il avait aussi des pouvoirs de l’évêque. Je n’ai pas connaissance qu’il y ait eu quelque cérémonie.

8°) Quel a été le premier curé titulaire ? A quelle époque est-il venu ?

L e premier titulaire fut comme je viens de le dire, Mr MOREL plus connu sous le nom de Père Albert. Il fit faire à l’église les réparations les plus urgentes, sut se contenter pendant 35 ans qu’il y exerça le saint ministère du mobilier le plus chétif et le plus exigu ; quelques dons de peu de valeur voilà tout pendant 35 ans.

9°) Quels ont été les autres curés ?

Mr MOREL forcé de prendre sa retraite en 1837 fut remplacé par Mr DELFOLIE qui y resta jusqu’en 1849. A Mr DELFOLIE succéda Mr DEPRET qui tout maladif y mourut au bout de six mois. A Mr DEPRET succéda Mr DESMONT qui fut curé de Bouvigny jusqu’en 1852. A ce dernier succéda Mr BRACQUART qui fut remplacé par Mr Joseph DELORY (votre très humble serviteur) curé actuel de Bouvigny, nommé le 30 novembre 1857.

10°) Détailler les diverses oeuvres qui ont eu lieu (missions, retraites, etc)

Depuis le rétablissement du culte mes prédécesseurs ont fait ce que je fais maintenant, ils ont semé sur les chemins battus, sur les pierres au milieu des épines, ils n’ont point été assez heureux pour rencontrer une bonne terre. Cependant en 1856 sous Mr BRACQUART une mission a été prêchée à Bouvigny par le Père DESCOTTES jésuite de la maison de Lille, qui a paru produire quelques fruits. Elle eu lieu au comencement du carême et au temps pascal suivant. Le plus grand nombre de ceux qui avaient communié à la mission ne sont point revenus.

Il y avait une confrérie de temps immémorial sous le vocable de « Saint Nicolas », pour porter les morts en terre. Mr DESMONT a du en demender la suppression à cause des abus insupportables qui existaient dans la confrérie. Cependant quoi qu’il n’y ait plus de confrérie religieuse ils continuent à se recruter et à porter les morts.

Un chemin de croix a été érigé en 1859.

11°) Travaux faits à l’église pour restauration, agrandissement, embellissement, construction. Mêmes questions pour le presbytère.

Jusqu’en 1845 l’église a été pauvre en fait de mobilier. Enfin Mr DELFOLIE a obtenu un secours de la commune assez marquant qui le mit à même d’établir des fonts plus convenables, un confessionnal, une chaire, un maître-autel en marbre, un pavé en marbre au choeur qu’il fit aussi boiser en chêne. Il obtint de plus une sacristie et une armoire. Depuis plusieurs années Mme HERRENG de BOISGERARD fournissait les ornements et le linge, ce qu’elle continue de faire encore.

Par un accord entre Mme HERRENG et la commune, elle s’est engagée de donner un presbytère nouveau pourvu que la commune lui cédât l’ancien et ses dépendances, ce qui fut terminé en 1857. Aujourdhui le presbytère de Bouvigny peut être considéré comme un des plus beaux presbytères. On regrette seulement qu’il soit un peu éloigné de l’église.

12°) Visites épiscopales. Fêtes, calvaires, processions, pélerinages.

Aucun de Bouvigny ne se souvient qu’il y ait eu d’autres visites épiscopales que celles que Mgr Pierre Louis PARISIS actuellement évêque d’Arras y a faite. Point de fête extraordinaire, point d’autres processions que celles du Très Saint Sacrement, et celle de la Sainte Vierge au 15 août. Point de calvaire, point de pélerinage.

13°) Indiquer sommairement les titres déposés dans les archives de la paroisse. Dire quels sont les registres de catholicité déposés à la mairie.

La paroisse en fait d’archives ne possède que les registres de catholicité depuis 1802 jusqu’à ce jour. Un registre aux délibérations du conseil de fabrique, des budgets, le premier volume des mandements, lettres pastorales de Mgr PARISIS, et les suivantes. Un registre de paroisse qui s’ouvre par le procès-verbal de mon installation.

Les registres de catholicité qui reposent en la mairie comprennent non sans lacunes les années 1672 à 1790.

Le 25 novembre 1861 ; signé DELORY.