Adam HACHART, à Hersin

(AD59, B1695, folio 48v)

En 1473 à Hersin, au domicile de la dame Maigne DEMILEVILLE, Adam HACHART lui propose de la louer pour la récolte des wèdes. Cinq personnes particulièrement véhémentes, dont sans doute un homme amoureux de ladite Maigne, veulent entrer en force en son domicile, pour y chasser voire frapper Adam HACHART, qui cherche lors à s’enfuir. S’ensuit une mêlée où l’un des cinq est tué d’un coup d’arme blanche par ledit Adam.

Charles, savoir faisons à tous présens et advenir, nous avoir receu l’umble supplication des parens et amis de Adam HACHART dit Troussal, demourant en la paroische de Hersin lez notre ville de Béthune, contenant que le XI^e jour du mois de juing dernier passé, sur le soir, ledit Adam se trouva en la maison d’une nommée Maigne DEMILEVILLE demourant audict lieu de Hersin, à intencion de la louer pour le lendemain et autres jours ensuivans, cueillier wèdes appartenans audict Adam,. Et durant les devises que iceluy Adam avoit à icelle Maigne, survindrent illec quatre ou cinq compaignons de la compaignie de Jacques COMPIGNY, homme d’armes de notre ordonnance, soubz notre amé et féal chevalier, conseiller, chambellan et conducteur de cent lances le sieur de MONTSOREL. Lesquelz quatre ou cincq compaignons hurtèrent impétueusement de leurs bastons à l’huys et fenestres de ladicte Maigne où estoit ledict Adam. Et jurant et renyant Dieu dirent : ouvre l’huys faulse paillarde, wide hors le ribault y demourra, ou parolles en substance. Desquelles choses iceluy Adam, qui à riens ne pensoit que à sa labeur comme dit est, ne scet se aucuns desdicts compaignons estoit amoureulx de ladicte Maigne, fut moult esbahy. Et pour soy sauver requist de icelle Maigne qu’elle ouvrist ung huys qui estoit sur son jardin, afin de s’en aller et eschever la chaleur et fureur desdics compaignons, qui comme ilz démonstroient estoient fort eschauffez. Auquel huys ledict Adam soy cuidant saulver par iceluy, trouva deux desdicts compaignons qui luy coururent sus en disant : vecy le ribault. Et au cry qu’ilz firent, lesdicts trois autres compaignons poussèrent l’autre huys oultre, et firent ilelc telle friente et noise que ledict Jacques et autres, qui estoient en la taverne assez près de ladicte maison y accoururent et frappèrent lesdicts compaignons, tous ensemble sur ce après ledict Adam, en s’escriant à la mort. Lequel Adam d’un baston qu’il trouva d’adventure en ladicte maison, se mist à deffence au mieulx qu’il peut pour préserver son corps. Et comme ilz frappoient l’un après l’autre, est assavoir lesdicts compaignons et ledict Adam, ung nommé Jehan BOUTEMYS qui estoit desdicts assaillans, fut attaint d’un cop par ledict Adam sur la teste, duquel cop il chey par terre, dont le lendemain par faulte de cure, bon gouvernement ou autrement, il alla de vie à trespas. (…)

Donné en notre ville de Bruges, ou mois de septembre l’an de grace mil quatre cens LXXIII ; ainsy signé par monseigneur le Duc à la relacion du conseil ; signé J. Scoenhove.

[eschever = échapper à ; friente = vacarme ; faulse = traîtresse ; louer = prendre à son service moyennant rétribution ; wède ou guède = plante dont les feuilles réduites en poudre servent à teinter en bleu les lainages]