Loys de GRINCOURT, de Rullecourt

(AD59, B1741, folio 176v)

 

En 1530 ˆ Houvin, Loys de GRINCOURT est mlŽ ˆ une bagarre avec des habitants de Maisires, au cours de laquelle Simon LE GAY est mortellement blessŽ.

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplication de Loys de GRINCOURT, josne compaignon povre simple homme mariŽ du villaige de Rullecourt en notre pays et contŽ dĠArtois, ˆ prŽsent prisonnier de la court Le Comte en notre ville dĠArras, contenant comme durant les guerres qui ont dernirement rŽgnŽ en notre pays et contŽ dĠArtois, au moien que ledit villaige estoit situŽ en frontire ˆ demie lieue ou environ de la frontire de France et ˆ trois petites lieues de Dourlens, o sĠestoient retirŽ dŽlaissans notre party les enffans BEDOUCH et pluiseurs autres REGNIEZ, qui faisoient en notredit pays dĠArtois pluiseurs maulx larchins et pilleries, icelui supliant avoit estŽ constraint abandonner sa maison et rŽsidence et son mestier du fait de la guerre et soubz le capitaine FrŽdŽricq bastart de MELUN tenir garnison en notre ville de BŽthune estant en la guerre. Et par la charge de sondit capitaine pour ce quĠil cognoissoit le pays et les passaiges des Franais, il fut envoiŽ avec autres ses compaignons pour surprendre lesdits BEDOULX et autres REGNIEZ, lesquelz debvoient lors faire course en notredit pays dĠArtois comme ilz firent. Et furent trouvez et poursievyz par ledit supliant et sesdits compaignons tellement quĠilz espŽroient les ruer jus lors quĠilz eussent fait, sans ce que le receveur de Humbercourt, lequel estoit en sauvegarde et neutralitŽ et partant ne debvoit assister aux gens de guerre dĠun parti ou dĠautre, les eust sauvŽ au chasteau dudit lieu de Humbercourt. Dont adverty ledit capitaine et autres des villes de notredit pays dĠArtois, qui dŽsiroient la desfaite desdits BEDOULX et REGNIEZ, comme aussi faisoit le commun peuple et ˆ ces fins lĠon avoit fait sur lesdits BEDOULX et REGNIEZ pluiseurs embusches, en furent trs malcontens et ˆ ceste cause dirent quĠilz le prenissent. Sievant quoy il supliant et aucuns autres ses compaignons en nombre de deux ou trois, allans ˆ leur adventure sur les ennemis, trouvrent ledit receveur lequel ilz prindrent prisonnier de guerre. Et le veullant amener au lieu de leur garnison, dont pour eschaper, cognoissant ledit receveur quĠil avoit mesprins et quĠil pourroit tomber en grosse ranchon pour redurer la peine en laquelle il povoit estre escheu, pour comme lĠeffect de sadite sauvegarde avoir assistŽ et sauvŽ audit chasteau de Humbercourt lesdits BEDOULX et autres REGNIEZ, il avoit traictŽ et paciffiŽ avecq ledit suppliant et sesdits compaignons, ausquels et chacun dĠeulx il avoit donnŽ six ou huyt escuz dĠor, desquelz iceulx suplians et compaignons avoient fait renseing ˆ leur capitaine et luy faire satisfaire ses droiz.

Et depuis lequel cas ainsy commis et que lĠabstinence de ladite guerre avoit estŽ traitŽe et publiŽe dĠentre nous et les Franois, la premire annŽe dĠicelle le supliant estoit retirŽ en sadite maison audit lieu de Rulcourt, pour y faire sa besoingne et vivre o il avoit acoustumŽ. Et par un jour de Saint Sacrement qui estoit la feste ou dŽdicasse du villaige de Houvin, distant dudit lieu de Rulcourt dĠune lieue ou environ, il fut eslouŽ par aucuns ses compaignons dudit villaige dĠaller esbatre ˆ ladite feste ce quĠil feyt, portant avec luy une espŽe ˆ sa chainture et une hallebarde pour soy garandir ou desfendre se dĠadventure quelquĠun le voulut oultraiger. Aprs quĠil fut arrivŽ audit lieu de Houvin, il fut requis dĠaller bancqueter ˆ la maison du censier dĠillecq o il avet le filz du marissal dĠAmbrines et autres, ils feyrent trs bonne et joieuse chire, sans quĠils dirent aucuns propos ou devises, ou prŽiudice de noise ˆ quelque personne que ce fut. Et ce fait le bancquet finy se conclurent dĠaller veoir ladite feste. En allant ˆ laquelle, ils perceurent quĠil y avoit noise et que lĠon crioit Rulcourt Ambrines, ˆ quoy sĠapercheurent et congneurent que cĠestoient ceulx de Maisires dĠun party, se dŽbatirent contre ceulx des villaiges de Rulcourt et Ambrines dĠautre et que au dŽbat estoient en dangier les filz Jehan GOSSON censier dudit Ambrines. Pour secourir lesquels, luy supliant et le filz du marissal dudit Ambrines et aucuns autres compaignons, de leurs bastons y mirent le bien et tendirent par ce, de sŽparer la meslŽe. En quoy faisant ledit supliant par aucun des combatans, ne scet lequel, fut bleschiŽ en la teste ŽnormŽment et ˆ sang, que au moyen de ladite bleschure il fut eschauffŽ et esmeu de colre, se fourroit audit dŽbat auquel ung nommŽ Simon LE GAY dudit villaige de Masires fut bleschŽ, dont quelque temps aprs par faulte de bon et soudain appareil termina ses jours. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois de may lĠan de grace mil cinc cens et trente et de noz rgnes assavoir des Romains de Germanie le XIIe et de Castille et autres le XIIIIe ; soubscript par lĠempereur en son conseil et signŽ DESPLEGHEM.

 

[ruer jus = mettre ˆ terre, anŽantir ; abstinence = suspension de la guerre ; le receveur de Humbercourt = la personne ayant acceptŽ la capitulation dĠHumbercourt]