Jaquet GHELUY, dĠAgnez-les-Duisans

(AD59, B1698, folio 77 v)

 

En 1471 ˆ la ducasse dĠAgnez-les-Duisans, Johannes OBRON dŽclare que les filles dĠAgnez ne sont que harcelin. Cela dŽpla”t ˆ Pierre COMPERE qui cherche noise audit OBRON et ses compagnons, dont Jaquet GHELUY, lequel tue Pierre COMPERE dĠun coup de dague au ventre, aprs avoir reu de celui-ci un coup de b‰ton ferrŽ ˆ la tte.

 

 

Charles, etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et advenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Jaquet GHELUY, contenant comme le jour de la feste de la TrinitŽ, en lĠan mil CCCC LXXI, ledit suppliant avec Johannes OBRON, Gillet BAYART et Jehan BAYART, tous jeunes compaignons ˆ marier, eust estŽ invitŽ et semons par Jaquemart OBRON leur parent demourant ˆ Agnez lez notre ville dĠArras, dĠaller  ˆ la ducasse audit Agnez pour veoir les esbatemens dĠillec, auquel lieu ilz allrent. Et eulx illec estans les aucuns dĠeulx avec pluiseurs autres se prindrent ˆ danser et en dansant ledi Gillet BAYART demanda audit Johannes OBRON qui estoit appoyŽ contre une haye prs de aldite danse pourquoi il ne dansoit. A quoy il rŽpondi et dist ces parolles : pourquoy danseroie je, il nĠy a mais icy que harcelin. Lesquelles parolles ung nommŽ Pierre COMPERE rŽcita par autre manire disant ˆ ses compaignons : acoustez cy, ceslui cy dit que ta sÏur et les filles de ceste ville ne sont que harcelin, en demandant oultre ˆ ung desdits compaignons dudit suppliant se les filles de leur ville estoient telles, lequel respondit que ouyl. Et sur ce, se meut grand dŽbat de parolles entre lesdits compaignons, tant dĠun costŽ que dĠautre. Mais au moien de pluiseurs gens illec prŽsens qui se mirent entre dĠeulx, ilz se dŽpartirent ˆ tant pour lors. Et ce meirent derechief lesdits suppliant et ses compaignons, ˆ danser avec les filles et aucuns compaignons dudit Agnez. Mais ledit COMPERE sĠen alla et revint tantost aprs atout pluiseurs de sesdits compaignons, armez et embastonnez de bastons invasibles. Et eulx arrivez ˆ ladite danse, ledit COMPERE dist ˆ sesdits compaignons en monstrant au doit ledit suppliant et ses compaignons qui dansoient et ne pensoient ˆ nul mal : vela cellui qui a dit que les filles de ceste ville ne sont que harcelin. Et ce voiant, ledit suppliant qui estoit avec sesdits compaignons, demanda audit Pieret COMPERE : mon amy, pourquoi me monstrez vous ainsi au doit, ne vous pla”t il point que je danse. Lequel COMPERE lui dist : tu as dit que les filles de ceste ville nesont que harcelin. A quoi il respondi : sauve votre honneur, et se je ay fait chose qui vous desplaise, je suy prest de lĠamender. Et lors ledit COMPERE dist audit suppliant : tu as menty, tu lĠaz dit. Et icellui suppliant lui dist : demandez le ˆ voz compaignons se je lĠay dit. A quoy lĠun dĠiceulx compaignons respondi : ouy tu lĠas dit, disant oultre audit Pieret COMPERE : frappe, lequel COMPERE frappa ledit suppliant dĠun baston ferrŽ en la teste, tellement quĠil lĠabati ˆ terre. A quoy pluiseurs compaignons qui lˆ estoient, cuidrent obvier mais ilz ne peurent et ainsi quĠilz se devisrent pour apaisier lesdits parties, ledit supliant se releva et de sa daghe fŽry ou ventre ledit COMPERE, tellement quĠil demoura mort en la place. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois de novembre lĠan de grace mil CCCC LXXVI ; ainsi signŽ par monseigneur le Duc ˆ la relacion du conseil ; de HONDECOMBRE visa.

 

[ouyl = oui ; ˆ tant = aussit™t ; invasible = dĠattaque ; sauve votre honneur = sans porter atteinte ˆ votre honneur; obvier = faire obstacle ; harcelin = insulte voulant peut-tre dire allumeuse, car harceler signifie provoquer, exciter, tourmenter]