Les anctres de Faramus de Tingry[1]

(par Marcel FOURNET)

 

Blason des seigneurs de Tingry, fixŽ vers 1360 :

Ç dĠor ˆ trois ttes de bÏufs de sable È ; ici les bÏufs sont Ç lampassŽs de gueules È

 

 

Dans de nombreuses gŽnŽalogies publiŽes sur Internet, on voit appara”tre Jehan de Bournonville (1310-1360)[2] Žpoux de Mahaut de Fiennes. Parmi les a•eux de cette dernire figure le couple constituŽ dĠEnguerrand de Fiennes (1150-1220) et de son Žpouse Sybille de Tingry.

Souvent les anctres directs de Sybille de Tingry sont indiquŽs sur Internet de faon incomplte ou plus ou moins erronŽe. On se propose dans cet article dĠessayer dĠy voir plus clair, en sĠinspirant des travaux remarquables de la SociŽtŽ AcadŽmique de lĠarrondissement de Boulogne-sur-mer.

Vers 1860 des Žrudits locaux de la commune de Boulogne-sur-mer, tels Ernest Deseille, lĠabbŽ Daniel HaignerŽ et plusieurs membres de la famille de Rosny[3], constituent une sociŽtŽ savante dont le but principal est dĠŽtudier lĠhistoire du Boulonnais, voire de la rŽŽcrire en la corrigeant dĠerreurs transmises de gŽnŽration en gŽnŽration. Ils sĠappuient pour cela uniquement sur des documents Žcrits dĠŽpoque, cartulaires ou autres, et visitent tous les fonds dĠarchives de France et surtout dĠAngleterre. Leurs travaux sont publiŽs dans les Bulletins et les MŽmoires[4] de ladite SociŽtŽ AcadŽmique de lĠarrondissement de Boulogne-sur-mer qui cesse dĠexister en 1930. Ce qui suit a ŽtŽ puisŽ dans ces ouvrages, considŽrŽs par le monde universitaire comme extrmement fiables[5].

Tout dĠabord Sybille, dite de Tingry, nŽe aussi vers 1150 est la fille de Faramus, dit Faramus de Tingry lorsquĠil rŽside en France de 1159 ˆ 1173, dit Faramus de Boulogne lorsquĠil rŽsidait en Angleterre de 1130 ˆ 1156, et de Mathilde (de Gu”nes). CĠest bien Mathilde et non pas BŽatrix, comme on peut le constater dans les chartes traduites ci-aprs.

 

Parlons maintenant de la gŽnŽalogie agnatique de Faramus, sans doute nŽ avant 1110, et qui est citŽ dans les chartes de 1130 ˆ 1173. La charte nĦ3 atteste de faon formelle la filiation suivante, en utilisant la numŽrotation Sosa-Stradonitz[6]:

1) Faramus de Tingry, fils de :

2) Guillaume de Boulogne, citŽ en 1130, fils lŽgitime de :

4) Godefroi (Geoffroi) de Boulogne, citŽ de 1086 ˆ 1130, Žpoux de Mathilde de Mandeville, probablement fils illŽgitime de :

8) Eustache II comte de Boulogne de 1046 ˆ 1087.

 

Il nĠest donc pas Žtonnant que Faramus, descendant dĠun b‰tard du comte Eustache II, ait pu tre nommŽ ch‰telain et gouverneur de Tingry. Il fallait que cette place forte soit gardŽe par un membre de la famille du comte en qui lĠon pouvait avoir confiance. La terre de Tingry, aprs avoir ŽtŽ aux mains de la famille de Fiennes, passera ˆ celles de Luxembourg puis de Richelieu ; elle sera ŽrigŽe en principautŽ par Louis XIV.

 

Carte de Cassini montrant les restes de la forteresse de Tingry

 

Dans beaucoup de gŽnŽalogies publiŽes sur Internet, il y a confusion entre Godefroi de Boulogne (nĦ4), certainement enfant naturel dĠEustache II car on ne cite sa mre dans aucune charte, et Godefroi de Bouillon son demi-frre, fils lŽgitime dĠEustache II et de son Žpouse Ide de Lorraine, dite Sainte Ide de Boulogne. Godefroi de Bouillon, duc de Basse Lorraine de 1089 ˆ 1095, est mort cŽlibataire en croisade en 1100 ˆ JŽrusalem. Il nĠest nullement bizarre que deux frres, utŽrins ou non, aient le mme prŽnom. Chaque gŽnŽalogiste sait quĠautrefois on attribuait parfois le mme prŽnom ˆ deux frres, que lĠon surnommait ensuite Ç lĠA”nŽ È et Ç le Jeune È.

 

      

Armoiries prŽsumŽes dĠEustache I et dĠEustache II (BM Boulogne, Ms 833)

 

Armoiries prŽsumŽes dĠEustache III

 

Mathilde de Mandeville est fille de Geoffroi de Mandeville, qui participe ˆ la bataille dĠHastings (1066) aux c™tŽs dĠEustache II et de Guillaume le ConquŽrant. Geoffroi de Mandeville reoit en rŽcompense de ce dernier des terres et manoirs ˆ Clopham, Carlshalton et Warnborough en Angleterre. Ces terres sont donnŽes en dot ˆ sa fille Mathilde lors du mariage avec Godefroi de Boulogne. Faramus possde ces terres en hŽritage direct.

Qui est la mre de Faramus de Tingry?

Un document datŽ de 1141 Žcrit de la main de lĠAnglais Jean de Hexham cite : ÇFaramus, qui est de Boulogne et neveu de la reine Mathilde, gouverne la famille du roi Etienne avec Guillaume dĠYpres homme de FlandreÈ. Si cette assertion est vraie, la mre de Faramus, dont le nom est inconnu, serait une demi-sÏur de Mathilde de Boulogne Žpouse dĠEtienne de Blois roi dĠAngleterre, et comte de Boulogne de 1125 ˆ 1136. La mre de Faramus serait une fille NÉ (illŽgitime ?) dĠEustache III comte de Boulogne de 1088 ˆ 1125.

 

Tableau 1 : gŽnŽalogie partielle de Faramus de Tingry

 

La gŽnŽalogie prŽcŽdente de Faramus peut donc tre complŽtŽe par ce qui suit (voir Tableau nĦI):

1) Faramus de Tingry[7], fils des deux suivants :

2) Guillaume de Boulogne

3) NÉde Boulogne, fille de :

6) Eustache III, fils lŽgitime des deux suivants :

12) Eustache II, dit Çaux GrenonsÈ (aux grandes moustaches), Žpoux de :

13) Sainte Ide de Boulogne

24) Eustache I[8], dit Lj lĠÎilÈ (au regard intense), comte de Boulogne de 1025 ˆ 1046, succde ˆ son frre Arnulphe II comte de 993 ˆ 1025 ; Eustache I est lĠŽpoux de :

25) Mahaut de Louvain ;

48) Arnulphe I[9], comte de Boulogne de 964 ˆ 993, dont la femme est inconnue. Arnulphe I est fils de :

96) Adalolphe[10], comte de Boulogne de 919 ˆ 933, aussi gouverneur de ThŽrouanne et abbŽ commendataire de Sithiu (Saint Bertin ˆ Saint-Omer)[11]. Sa femme est inconnue, il est fils de :

192) Baudouin II, comte de Flandre de 878 ˆ 919.

384) Baudouin I dit ÇBras de FerÈ, comte de Flandre.

 

Faramus est mort peu aprs 1173. Voici quelques dates o il est nommŽ dans des documents parvenus jusquĠˆ nous :

* 1130 : citŽ dans un hommage ˆ Hugo fils dĠUlger de la terre dĠAfladewich, et les tŽmoins suivants montrent quĠil doit dŽjˆ possŽder la ch‰tellenie de Tingry : Baudouin et Hugo de Questrecques, Symon, Radulf et RŽginald dĠHesdigneul, Brizo de Tingry;

* 1141 : citŽ comme gouverneur (tuteur) des enfants du roi Etienne de Blois[12] ;

* 1147 : fait un don en faveur des Templiers (citŽ dans une bulle du pape Eugne III) ;

* 1153 : obtient le commandement de plusieurs ports,dont celui de Douvres ;

* 1156 : commet des ravages et pillages ˆ Saham (Angleterre), aurait ŽtŽ emprisonnŽ ;

* 1157 et 1158 : tŽmoin dans des chartes signŽes par Guillaume dit ÇLongue EpŽeÈ, son cousin comte de Boulogne de 1153 ˆ 1158 ;

* 1172: tŽmoin dans une charte du comte de Boulogne Mathieu dĠAlsace Žpoux de Marie de Boulogne, dans laquelle Mathieu concde aux religieux de Saint-Josse une rente de 1000 harengs en Žchange dĠun terrain sur lequel est b‰ti le ch‰teau dĠEtaples.

* 1173 : citŽ pour la dernire fois comme tŽmoin dans une charte de Mathieu comte de Boulogne signŽe ˆ Nocorne (Angleterre), o il remet son ‰me aux bons soins de lĠabbaye Saint Josse.

 

Carte datant de 1743 : on voit Tingry au sud de la fosse du Boulonnais

 

Documentation

 

1Ħ) Convention entre Faramus et Hugon en 1130 (British Museum, Addit. charters 28345) :

ÇCĠest une convention entre Faramus, fils de Guillaume de Boulogne, et Hugon, fils dĠUlger, ˆ propos du terrain dĠAfladewich et de tout ce qui sĠy rapporte, ˆ savoir que Faramus concde ˆ Hugon et ses hŽritiers ˆ en tre le propriŽtaire ainsi que ses hŽritiers, comme en tŽmoigne le texte Žcrit et enroulŽ de son pre, et quĠainsi pour cette affaire Hugon rendit hommage ˆ Faramus ˆ Wanborough, et que pour lĠhommage, pour cette affaire et pour les conventions ˆ accepter entre Hugon fils dĠUlger, et Bernard fils de Rumold, comme lĠatteste le manuscrit quĠils ont fait entre eux, et du fait que Faramus veillait sur Hugon ˆ propos des conventions qui existaient entre Hugon et Bernard, quĠainsi Hugon ne perde rien par manque de possibilitŽs, Hugon donna ˆ Faramus deux marcs dĠargent.

Voici les tŽmoins : Hugo de Wanborough, Guillaume de Boseville et Hugo de Questrecques, Symon de Hesdigneul, Bauduin Richetale, Herbert de Wanborough, Bauduin de Linenbrune, Rodolphe dĠHesdigneul, Bauduin de Questrecques, Brizo de Tingry, Roger prtre ˆ Londres, Hugo Brito, Robert de Hornade, et Guillaume fils dĠUlger et beaucoup dĠautres.È

 

Documentation du 1Ħ): photo du tome VII du Bulletin de la SociŽtŽ AcadŽmique

 

2Ħ) Don ˆ lĠŽglise Sainte Marie de Suthwerk en 1152 (British Museum, Add. Mss, 10108 folio 15) :

ÇTous les enfants et amis de Notre Mre la Sainte Eglise, ceux dĠaujourdĠhui comme ceux ˆ venir, Pharamus de Boulogne les salue.

Sachez que jĠai concŽdŽ et confirmŽ par cette prŽsente charte, pour Dieu et pour lĠŽglise Sainte Marie de Suthwerk et pour tous les Saints, pour ceux qui sont au service de Dieu et pour lĠŽglise de Wendover, avec lĠaccord et la faveur de notre seigneur Henri Roi dĠAngleterre, fils de Mathilde, pour son salut et celui de ses fils, et pour le salut de mon ‰me et de celles de mon pre et de ma mre, de mon Žpouse et de mon fils, et de mes anctres et de mes descendants, concŽdŽ une donation ˆ perpŽtuitŽ.

CĠest pourquoi je veux et annonce fermement, que les chanoines prŽcitŽs maintiennent autant quĠils le peuvent cette donation, et ne permettent aucune injure ni mŽchancetŽ la concernant, parce que je veux et dŽsire que cette donation soit ˆ perpŽtuitŽ maintenue, telle quĠelle a ŽtŽ pensŽe et conue, et je lĠai confirmŽ par lĠapposition de mon sceau.È

 

3Ħ) Charte signŽe de Faramus de Boulogne en 1154, conservŽe au PrieurŽ dĠOkeburne (Angleterre), dŽpendant de lĠAbbaye du Bec (Normandie)[13] :

ÇA tous les fidles de lĠEglise, tant les vivants que ceux ˆ venir, Faramus fils de Guillaume de Boulogne ville chrŽtienne, vous salue.

Sachez fraternellement que je reconnais et fais don dĠune partie de ce que mĠont lŽguŽ mes anctres, cĠest-ˆ-dire ce que Gaudefroi, fils du comte Eustache de Boulogne, mon grand-pre, et Guillaume de Boulogne son fils, mon pre[14], ont fait pour la Sainte Eglise Marie du Bec, cĠest-ˆ-dire dĠune hide de terres situŽe ˆ Balham (Belgheham), qui devait demeurer ˆ Clopham, tranquille et dŽlivrŽe de toute servitude en ce qui me concerne ainsi que mes hŽritiers. Je cde cette donation de mes prŽdŽcesseurs pour le salut de mon ‰me et de la leur, ˆ la Sainte Eglise prŽcŽdemment nommŽe Marie du Bec.

Pour cette donation, jĠeus comme conseillers et tŽmoins : mes frres Eustache et Simon, Hugo de Boseville et son Žpouse, et Robert le fils en personne de Robert de Boseville, Bauduin Richetale.

De mme en ce qui concerne lĠEglise, jĠeus pour tŽmoins : Robert, doyen de lĠEglise Sainte Marie de Maritona et deux de ses prtres Renaud et Henri ; du c™tŽ de lĠEglise du Bec : Richard responsable de lĠoffice, Guillaume de Totinges, Guillaume de Fresnes et Gilbert de Bournonville, Paganus fils dĠHeldricus, le clerc Richard, Aubert Arthur, Robert Daun, Roger Hoc, Godoin de Ruselep, Hardi Copin, Richard de Maritona.

Ecrit de ma main en possession de moi-mme, et les gardes les ont pris pour le ma”tre de Cantabring

Cette charte est confirmŽe par Sibylle, sa fille et unique hŽritire, femme dĠEnguerrand de Fiennes aprs la mort de celui-ci en 1189 ˆ Saint-Jean-dĠAcre.

 

Documentation du 3Ħ): photo du tome VII du Bulletin de la SociŽtŽ AcadŽmique

 

4Ħ) Charte signŽe de Faramus en 1171, o il fait don de la d”me de Sombres ˆ lĠabbaye de Saint-Josse-sur-mer :

ÇAu nom de la sainte et indivisible TrinitŽ, ainsi soit-il.

Moi Pharamus de Tingry, je fais conna”tre ˆ tous, tant contemporains quĠˆ venir, que touchŽ par une inspiration divine et par crainte de mes pŽchŽs, je suis un jour venu vers Saint Josse (Judocus) avec mon Žpouse Mathilde et ma fille Sibille, ainsi que quelques uns de mes gens, et lˆ, devant le Saint Autel et les trs SacrŽ-CÏur du glorieux confesseur Josse, en prŽsence de tous les moines et de beaucoup de la•cs, jĠai donnŽ et concŽdŽ en aum™ne pour Dieu et Saint Josse et tous nos frres au service de Dieu, pour le salut de mon ‰me, de celui de mon Žpouse, de mon fils et de ma fille, aussi de mon pre et de ma mre, et aussi de tous mes anctres, la d”me pour la paroisse de Sombres, que nous avons gardŽe longtemps moi et mes anctres, ˆ part la laine des petits agneaux [15], et bien Žvidemment ˆ cette condition que pendant toute ma vie et aussi longtemps que je lĠaurai voulu, je garderai et recevrai ladite d”me.

Il y a aussi une condition passŽe entre moi, lĠabbaye et les moines. Quand ils auront touchŽ la d”me prŽvue prŽcŽdemment, que ce soit pendant ma vie ou aprs ma mort : que deux moines, ˆ lĠexception du nombre habituel de leurs frres, chantent la messe au service de Dieu et quĠils prient Dieu toujours pour moi et pour mes anctres, selon ma dŽcision et lĠaccord de mon vivant. Puis quand jĠaurai quittŽ ce monde, selon la volontŽ et lĠaccord de mes hŽritiers, ainsi que sur le conseil et lĠavis unanime des abbŽs qui se succdent et tout le chapitre qui doit exister Žternellement, il est Žtabli aussi que doit tre cŽlŽbrŽ solennellement chaque annŽe le jour de mon dŽcs, les grandes messes des Vpres et Vigiles des dŽfunts, toutes devant tre cŽlŽbrŽes par tous les prtres de ce monastre. Et pour ceux qui nĠauront pas chantŽ les messes, ils dŽchanteront de sept psaumes comme punition, et prŽpareront aussi un ravitaillement total du rŽfectoire en pain, vin et poisson pour leurs frres et pour nourrir suffisamment trente pauvres.

Voilˆ qui est dŽcidŽ. NŽanmoins pour mon fils Guillaume, mon Žpouse Mathilde et ma fille Sybille, il faut en plus solennellement chaque annŽe fter leur anniversaire.

De cette donation et de cette convention souscrites par moi et les moines, voici les tŽmoins qui furent prŽsents : Radolphe chambellan de Pharamus, Eustache prtre de Tingry, Guillaume de Lisieux, Wermandois de Saint-Josse, Baudouin dĠEtaples, GŽrold de Rue, Radolf de Fiennes (É). Fait lĠannŽe de lĠincarnation du Verbe MCLXXI, Louis Žtant roi des Francs, Philippe comte de Flandre, et Mathieu comte de Boulogne.È

Tous les tŽmoins nĠont pas ŽtŽ citŽs ici.

 

Documentation du 4Ħ) : photo du tome XIII des MŽmoires de la SociŽtŽ AcadŽmique

 

5Ħ) Charte datŽe de 1207 de Guillaume de Fiennes, petit-fils de Faramus de Tingry, confirmant la donation ˆ lĠabbaye de Saint-Josse de la d”me de Sombres faite par son a•eul en 1171 :

ÇAfin que nos actions actuelles ne sĠŽcartent pas de la fidŽlitŽ, ou quĠune quelconque calomnie ne puisse tre rŽpŽtŽe par notre descendance, lĠingŽniositŽ humaine a pris soin de la durŽe des Žcrits, afin que lĠhomme, nŽ de la femme et nĠayant quĠune vie brve, ne cde facilement ˆ lĠoubli et ˆ lĠignorance du passŽ.

Donc pour moi, Guillaume de Fiennes, je veux que soit connu de tous, contemporains et ceux ˆ venir, que je fais la donation de toute la d”me de Sombres, construite au dessus de la mer, ˆ lĠexception de la laine des jeunes agneaux, gr‰ce au noble Pharamus de Tingry mon grand-pre, de lĠaccord de Sibille ma mre, par lĠintermŽdiaire du seigneur de Morinie[16], seigneur depuis longtemps de lĠŽglise du bienheureux Josse, quoi que jĠai possŽdŽ lŽgalement dans cette d”me ou que jĠai pu acquŽrir, je fais la donation ˆ perpŽtuitŽ dĠune aum™ne ˆ lĠŽglise du bienheureux Josse, et je confirme pour moi et mes hŽritiers de nĠen rien dire pour la suite ou de ne rien rŽclamer quoi que soit pour nous, mais il aura ŽtŽ nŽcessaire dĠassurer, o que ce soit, la dŽfense de cette Žglise pour quĠon la possde toujours en paix, et sans contestation de qui que ce soit. Pour que demeurent ces notes Žcrites et dŽfinitives, je les confirme de la marque de mon propre sceau et les signe de ma propre main pour ce texte.

Moi Agns Žpouse du noble Guillaume de Fiennes, je confirme mon accord pour cette donation ci dessus.

Fait en lĠan du seigneur 1207 au mois dĠoctobre.È

 

Documentation du 5Ħ) : photo du tome XIII des MŽmoires de la SociŽtŽ AcadŽmique

 

6Ħ) Chartes diverses o lĠon cite Faramus de Tingry (photos du tome XIII des MŽmoires de la SociŽtŽ AcadŽmique)

 

  

 

 



[1] Tingry en Boulonnais (62) : lĠune des quatre ch‰tellenies des comtes de Boulogne, ŽrigŽes pour freiner les incursions des Vikings, les trois autres Žtant : Fiennes, Longvillers pas loin dĠEtaples, Belle prs dĠHoullefort.

[2] Les dates de naissance et de dŽcs indiquŽes ici sont forcŽment approximatives. Par ailleurs de nombreuses variantes interviennent dans lĠorthographe des noms et prŽnoms. Ainsi au lieu de Faramus on rencontre Pharamus et mme Ferranus, ce qui suggre un diminutif de Far ou de Ferrand.

[3] HaignerŽ est archiviste de la ville de Boulogne de 1854 ˆ 1871, Deseille le remplace en 1871 ; la famille Rosny est connue pour ses recherches en gŽnŽalogie.

[4] Ouvrages en consultation libre ˆ la Bibliothque Municipale de Boulogne/mer.

[5] Dans son Histoire de Boulogne (1983), Alain LOTTIN considre comme correcte la gŽnŽalogie dĠEustache I donnŽe ci-dessous.

[6] Voir aussi le Tableau I.

[7] Selon Victor-Jules VAILLANT, Faramus aurait au moins deux frres Roger et Richard.

[8] Voir le Tableau II. La gŽnŽalogie dĠEustache I donnŽe ici infirme la gŽnŽalogie lŽgendaire des comtes de Boulogne, o intervient un Guy-ˆ-la-Blanke-Barbe, qui nĠest citŽ dans aucun texte.

[9] Arnulphe I succde ˆ son oncle Arnould I comte de Boulogne de 933 ˆ 964 qui avait ravi de force le comtŽ de Boulogne ˆ son neveu. A la mort de ce dernier le roi Lothaire fils de Louis dĠOutremer, inquiet de la trop grande puissance du comte de Flandre, sĠempare du Boulonnais et le rend ˆ son lŽgitime propriŽtaire en 964.

[10] Adalolphe et Arnulphe sont des prŽnoms dĠorigine saxonne. Le premier vient de Adal et Wulf :Noble et Loup. Le second aurait pour origine Arn et Wulf : Aigle et Loup. Le prŽnom Baudouin viendrait de Bald et Win : Hardi et Gagneur.

[11] Adalolphe fait de nombreux prŽsents ˆ cette abbaye. En 923 il autorise les religieux ˆ tra”ner la wade (pcher au filet) sur le littoral.

[12] Textuellement : rexit familiam regis Stephani, Willelmus de Ipra homo Flandrensis, et Pharamus, nepos regine Matildis et iste Bononiensis.

[13] Je remercie StŽphane CYFFERS, professeur honoraire de lettres classiques, Ami du MusŽe de Boulogne, qui fut aussi mon proviseur lorsque jĠexerais au lycŽe Edouard Branly de Boulogne/mer, dĠavoir acceptŽ avec sa disponibilitŽ et son sourire habituels de me traduire les chartes Žcrites en latin mŽdiŽval dont le contenu est reproduit ici. Ces traductions nĠont pas ŽtŽ faciles, les dŽclinaisons ayant ŽvoluŽ depuis Virgile !

[14] Textuellement : antecessores mei, scilicet Gaudridus filius comitis Eustacii de Bolonia, avus meus, et Willielmus de Bolonia filius ipsus, pater meus.

[15] La laine des petits agneaux : choses de peu dĠimportance ou de valeur, petits dŽtails.

[16] LĠŽvque de ThŽrouanne.