Le comte de Boulogne Eustache II ˆ la bataille dĠHastings

(par Le CAT ; extraits dĠun Bulletin de la sociŽtŽ acadŽmique de Boulogne-sur-mer)

 

La tapisserie de la reine Mathilde, conservŽe ˆ Bayeux, reprŽsente la conqute de lĠAngleterre par Guillaume, duc de Normandie en 1066. CĠest une broderie ˆ lĠaiguille de 70,34 m de long, sur toile de Hollande. Elle a ŽtŽ exŽcutŽe au XIe sicle par des ouvriers saxons, dĠaprs M. E . ANQUETIL (La Tille du conquest dĠAngleterre, 1907), qui a consacrŽ ˆ cette broderie une intŽressante notice.

A la mort dĠEdouard le Confesseur, Guillaume de Normandie soutint les armes ˆ la main ses prŽtentions au tr™ne dĠAngleterre, sĠembarqua ˆ Saint-ValŽry et dŽbarqua ˆ Pevensey. LĠarmŽe envahissante comptait 3 batailles : la premire, ou aile droite, comprenait les Bretons, les Manceaux, et les auxiliaires poitevins, sous le commandement dĠAlain FERGANT ; la seconde ou aile gauche o se trouvait les gens dĠarmes du Boulonnais, du Ponthieu, les Franais et les aventuriers soldŽs obŽissait ˆ Roger de MONTGOMERY ; le duc sĠŽtait rŽservŽ les chevaliers normands qui formaient le centre. Chaque corps avait ses archers qui le flanquaient, sa grosse infanterie et ses chevaliers.

La tapisserie de Bayeux figure les phases de la bataille contre Harold ; les troupes de Guillaume furent plusieurs fois en pŽril.

A la vue de cette dŽbandade, Odon se prŽcipite au devant des fuyards, et un b‰ton de commandement en main, ranime le courage de ces jeunes troupes (hic Odo episcopus baculum tenens confortat pueros) et les ramne au combat. Guillaume, que ses soldats croyaient tuŽ, rŽappara”t ˆ cheval, et soulevant son casque (voir photo ci-dessous), pour se faire reconna”tre (hic est dux Willelm) reprend la tte de la charge. Prs de lui chevauche Eustache (Eustacius) comte de Boulogne, tenant une bannire ˆ ses armes, une croix cantonnŽe de quatre boules ; il indique de la main droite que Guillaume est bien vivant.

 

Ci-dessus ˆ droite tenant une bannire: Eustache II comte de Boulogne, dit Eustache aux Grenons (Eustache aux grandes moustaches)

 

Dans cette nouvelle chevauchŽe, lĠardeur des combattants nĠest pas moindre quĠauparavant ; leur choc est terrible. Toute lĠarmŽe de Guillaume, Normands et gens de France, donnent dans un terrible effort (hic Franci pugnant). En vain, Harold et ses troupes harassŽes font-ils des prodiges de valeur pour dŽfendre leur camp retranchŽ. Leurs ennemis multiplient leurs coups, sans se soucier du haut prix que va leur cožter la victoire. Parmi les blessŽs, tombe Eustache le comte de Boulogne, frappŽ dĠun coup de hache. Guillaume occit un nouvel adversaire qui lui a tuŽ sa monture, et prend le destrier dĠEustache. CĠest ˆ cet instant que les Normands, dŽsespŽrant de rompre les derniers retranchements saxons, le mur de boucliers ronds dĠo sortait une lame aigŸe et tranchante, simulent une fuite et attirent aprs eux les Anglo-Saxons : alors ils reviennent ˆ la rescousse par les flans, coupent la retraite aux soldats dĠHarold, et pŽntrent avant eux dans leur rŽduit. Les dŽfenseurs dĠHarold tombent lĠun aprs lĠautre (et ceciderunt qui crunt cum Haroldo) en dŽfendant lĠŽtendart royal.

Guillaume avait ordonnŽ ˆ ses archers de tirer leurs flches sous un certain angle, de faon ˆ contraindre les Saxons ˆ protŽger leurs ttes, et ˆ les empcher de se servir de leurs haches meurtrires, pour les laisser exposŽs aux lances des chevaliers normands. Un de ces traits perce en retombant, lĠÏil droit dĠHarold : il cherche ˆ lĠarracher de la plaie, mais sa main agonisante ne peut que le briser. Il laisse Žchapper sa hache, sĠaffaise au pied de son Žtendart qui porte un dragon : un parti de cavaliers renverse cette bannire. Harold respirait encore quand Eustache et trois autres chevaliers se ruent sur lui : un le frappe ˆ la poitrine, un second lui coupe la tte, un autre lĠŽventre, et le dernier lui coupe la jambe (hic Harold rex interfectus est).