Jehan et Gillet DUQUESNOY, d’Ablain-Saint-Nazaire

(AD59, B1740, folio 70)

En 1527 à Ablain-saint-Nazaire, les suppliants sont impliqués dans le meurtre d’Hector de LANNOY. Ils s’étaient d’abord querellés au cabaret avec le frère d’Hector, prétendant savoir boire aussi bien que lui.

Charles etc, scavoir faisons à tous présens et advenir, nous avoir receu l’umble supplication de Jehan DUQUESNOY labourier et Gillet son filz josne compaignon à marier, contenant que ou moys de décembre l’an XV^C XXVII, ilz estoient au soupper eulx récréans avecq Jehennet de LANNOY et pluiseurs autres au villaige d’Abelain dit Saint Nazaire, à la maison et taverne de Clément REGNAULT. Et ainsi qu’ilz beuvoient l’un à l’autre, ledit Jehan DUQUESNOY suppliant, dit audit Jehennet qu’il le plesgiast et incontinent à ce, ledit Jehennet jecta ung voire de vin au visaige d’icelluy Jehan suppliant, luy disant : vous devez cela, et tira son espée dont il frappa aprez luy. Quoy veant ledit Gillet frappa d’un baston sur ledit Jehennet et tantost aprez lesdits supplians sortirent hors de ladite maison. Et ainsi qu’ilz estoient ou gardin de Jehan GAIRET pour retourner en leur maison audit lieu d’Abbelain, rencontrèrent ledit Jehennet et autres, où ils ruèrent l’un sur l’autre. En sorte que ledit Jehennet feut ung peu bleschié, lequel retourna en cest estat en sa maison, où il trouva feu lors vivant maistre Hector de LANNOY son frère couchié au lit, quy luy demanda quy l’avoit bleschié, lequel respondit ce avoir esté fait par lesdits supplians. Que lors ledit Hector luy dit : nous les trouverons, se leva et wydèrent eulx deux ensemble hors de leur maison, acompaigniez de Marquet et Collenet PARENT et pluiseurs autres embastonnez de divers bastons et entre autres d’une arbalestre bendée et le virreton dessus, pour cersser aprez iceulx supplians. Lequelz ilz trouvèrent avec ung nommé HENUYER et en approuchans d’eulx, lesdits Jehennet et masitre Hector escrièrent et dirent l’un à l’autre : thire, tire, desserre ton arbalestre. Et voians lesdits supplians le dangier ouquel ilz estoient, l’un d’eulx abbatist icelle arbalestre d’une javeline. Et alors commenchèrent à ruer l’un sur l’autre tellement que ledit maistre Hector fut blesché d’un cop d’espée en la cuysse, dont tost aprez il termina vie par mort. Et combien que ledit cas et homicide soyt advenu de nuyt et en merlée par l’aggression et oultraige dudit jehennet et que lesdits supplians ne scevent quy bailla le coup mortel audit feu feu maistre Hector, par ce que ceulx de leur party n’avoient aucunes espées, néntmoins craindans rigeur de justice, se sont absentez de noz pais et seigneuries, esquelz ilz n’oseroient retourner hanter ne converser, sans que préalablement notre grace et miséricorde ne leur soit sur ce impartie (…).

Donné en notre ville de Bruxelles, ou moys d’avril l’an de grace myl cinq cens et vingt neuf aprez Pasques, et de nos reignes assavoir des Romains et de Germanie le X^e et de Castille tc le XII^e ; soubscript par l’empereur en son conseil et signé du secrétaire Sancti.

[plesgier = boire à la santé de quelqu’un, lui tenir tête en prétendant être capable de boire autant ; vireton = flèche rotative ; desserrer l’arbalète = tirer une flèche]