GŽrard de LE RUE, ˆ Arras

(AD59, B1736, folio 108)

 

En 1525, dans une taverne ˆ Arras, Philippot de MORDACK homme grossier et querelleur, aprs des paroles malsŽantes envers lĠh™tesse, frappe sans motif apparent la servante, et dŽclare que celle-ci est la ma”tresse du tavernier GŽrard de LE RUE. Ce dernier se f‰che et aprs avoir reu un coup dĠŽpŽe de lĠirrascible Philippot, il tue celui-ci dĠun coup de poignard.

 

Charles, etc, scavoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble suplicacion de GŽrard de LE RUE, chargiŽ de femme et pluiseurs petis enfans, demourant en notre ville dĠArras, contenant comment ou mois dĠoctobre dernier passŽ, ung nommŽ Philippot MORDACK de CARNINS, homme mal condicionnŽ et rioteux, vint en sa maison audit lieu dĠArras, o ledit supliant pour gaingnier la vie de lui, ses femme et enfans, tient cabaret vendant cervoise, ouquel estoient pluiseurs personnes buvans en divers escoz. Et illec ledit CARNINS allant dĠescot en escot, adressa ses parolles ˆ la femme dudit suppliant, jurant et blasphŽmant le nom de Dieu, meismes regniant son nom, disant quĠil tueroit ledit suppliant son mary, afin de lĠavoir ˆ mariage. Ausquelles parolles ladite femme ne print garde autrement quĠelle fit audit feu : quant tu le aurois tuŽ, je ne scay se je te vouldroie avoir ˆ mariage. Et tost aprs ledit feu CARNINS wida de la chambre o il avoit dit lesdites parolles, et vint adressier ˆ une nommŽ Mariette servante dudit suppliant, bonne et honneste fille, ˆ laquelle il donna pluiseurs cops de sa main, tant sur la teste que au visaige,sans donner ˆ congnoistre sĠil le faisoit par courroux ou autrement. Et ce voyant par aucun illec estant, print ledit feu de CARNINS et lĠemmena en la premire chambre, o ledit supliant fut averti et lui fut rapportŽ les choses dites, dont il fut courrouchiŽ et pour ce, demanda audit feu pourquoy il avoit souffletŽ et batu ladite servante, et quelle chose il lui demandoit. A quoy ledit feu jurant et blasphŽmant le nom de Dieu, meisment le regniant, respondit que cĠestoit la ribaulde dudit suppliant, et quĠil en faisoit sa voluntŽ. Ce que excusa ledit suppliant, disant que cĠestoit mal dit, et quĠelle estoit bonne fille. Et soy dŽmonstrant par ledit de CARNINS de ce malcontent, desgaigna une rapire quĠil avoit en sa main, et dĠicelle lancha un cop dĠestoc en lĠayne dudit supliant dont il a ŽtŽ fort navrŽ. Parquoy ledit supliant ce veant et soy sentant ainsi bleschiŽ et navrŽ sans occasion, meu de chaulde colle print dĠune main ladite rappire estant encoires en son ayne, et de lĠautre main tira ung petit poingnart quĠil avoit ˆ sa chainture, et en donna un cop en la teste dudit feu de CARNINS. A lĠoccasion duquel cop, par faulte de bon apapreil, gouvernement et autrement, ledit Philippot MORDACK aucun temps aprs, alla de vie ˆ trespas.(É)

DonnŽ en notre ville de Bruxelles ou mois de dŽcembre lĠan de grace mil cinc cens vingt et cincq, et de noz rgnes assavoir des Romains le VIIIe et des Espaignes le X; par lĠempereur en son conseil ; signŽ Verderue.

 

[mal conditionnŽ = de mauvais caractre ; rihoteux = querelleur]