Venet de CROIX, dĠHouvigneul

(AD59, B1736, folio5)

 

En 1523 ˆ Houvin, Venet de CROIX retournant chez lui, passe devant un groupe sans le saluer ni lui adresser aucun mot, ce qui dŽpla”t ˆ lĠun dĠeux Jehan de BƒCOURT. Ce dernier suit le suppliant et lui cherche noise pour ce motif. Aprs une brve bagarre,Venet de CROIX blesse mortellement ledit de BƒCOURT dĠun coup de couteau ˆ lĠŽpaule.

 

 

 

Carles, par la divine clŽmence esleu empereur, etc, scavoir faisons ˆ tous prŽsens et advenir, nous avoir receu lĠumble suppliacion de venet de CROIX, josne compaignon ˆ marier du mestier de houppier, demourant au villaige de Houvingnoeul au contŽ de Sainct Pol en notre pays et contŽ dĠArthois, ˆ prŽsent prisonnier au chasteau dudit Sainct Pol, contenant que, le jour de Quasimodo de lĠan mil cincq cens vingt trois, environ le soir, ledit supliant retournant seul de jouer par les rues de Houvin lez Houvingnoeul, passa pardevant la croix estant audevant de la forge aux chevaulx dudit villaige de Houvin, auprez de laquelle croix estoient Jehan de BƒCOURT, ˆ prŽsent deffunct, Jehennet de CROIX, Franois MARTIN et aultres qui se devisoient ensemble. Par quoy ledit suppliant passa son chemin sans dire mot, ne saluer les dessusnommez, doubtant les empeschier en leur proppos et devise, et sans ˆ aulcun mal penser. Et ce voyant, par ledit de BƒCOURT meu de malvais couraige se partist de la compaignie desdits Jehennet, Franois et aultres, sans leur dire ne dŽclairer la cause, et si vite suyvit hastivement ledit Venet supliant, auquel icelui Jehennet de BƒCOURT commencha ˆ dire tout hault ces motz : quĠest ce qui te meut de passer icy sans parler, pourquoy ne parle tu point. Lequel suppliant ne respondit aulcune chose pour celle fors en allant tousiours son chemin. Laquelle chose veant, par ledit de BƒCOURT deffunct, dist de rechief audit suppliant en jurant la mort et vertu de Dieu notre crŽateur, que sĠil alloit ˆ luy, quĠil le feroit bien parler. Et alors, icellui supliant qui passoit tousiours son chemin comme dit est, dit audit de BƒCOURT ces motz : me fera tu parler se je ne voeul, pensant que ledit de BƒCOURT se deust tarder de le sievir. NŽantmoins, de ce malcontent, envoya icellui suppliant au cul sa mre, disant quĠil auroit la vye de son corps en ruant aprs ledit supliant ung penchon quĠil tenoit en ses mains, dont il le attaindist au doz sans luy faire sang courant. Et de rechief icellui de BƒCOURT, non content de ce, sĠaprocha dudit supliant qui estoit auprez de la maison dĠung nommŽ PHLIPAINE demourant audit Houvin, sur lequel il rua pluseurs cops dĠune rapire ou baston quĠil avoit prins ˆ sa chainture. Tellement que icellui suppliant pour Žviter aux aggressions et effors que on luy faisoit, fust constraint Žvaguier et tyrer une rapire ou baston quĠil avoit ˆ sa chainture. De laquelle il se deffendit au mieulx quĠil povoit et en rua plusuers cops sur ledit BƒCOURT quy ne cessoit de le vouloir oultrager, disant tousiours quĠil auroyt la vye de son corps, meismes rompist la rapire dĠicellui supliant et ce faict, le print au colet le tyrant par les cheveulx pensant avoir la vye de son corps. Pour ˆ quoy remŽdier, icellui suppliant pour doubte de sa personne, tyra ung cousteau quĠil avoit duquel il frappa ledit de BƒCOURT en une de ses espaulles et fut bleschŽ en pluseurs parties de son corps. En sorte que, en six ou sept jours aprez, ledit de BƒCOURT par faulte de bon appareil, gouvernement ou aultrement, ˆ lĠoccasion desdites bleschures, termina vye par mort. (É)

DonnŽ en notre ville de malines, ou mois de may lĠan de grace mil cincq cens vingt cincq, et de noz rgnes assavoir des Romains et Hongrie le VIIe et des Espaignes le IX; en bas pardessus le ploy Žtoit escript : par lĠempereur en son conseil ; signŽ de ZOETTE.

 

[houppier = fileur de laine ; penchon = planchon ou Žpieu ; Žvaguer = sĠŽloigner, se dŽtourner]