Guillemin CLAIRET et Laurens LALLART , à Acq

(AD59, B1740, folio 112v)

En 1519 le jour de la ducasse d’Acq, après des querelles où interviennent des gens de villages voisins, Cambligneul et Ecoivres entre autres, Collau DU RASNEL tue Colart BERTOUL d’un coup d’épieu sur la tête. Ledit DU RASNEL étant mort dans l’intervalle, ses compagnons Guillaume CLAIRET et Laurens LALLART se trouvent alors impliqués dans la responsabilité pénale du décès et doivent donc payer l’amende et les frais de justice pour obtenir la rémission du délit.

Charles etc, savoir faisons à tous présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Guillemin CLAIRET et Laurens LALLART, povres compaignons natifz de notre pays et conté d’Artoys, contenant comment ou mois de juing l’an XV^C XIX, par ung jour de dimence, lesdits suplians, Jehan CARNEL et autres compaignons des villaiges d’Ollehain, Frenicourt et Vredrel et autres villaiges voisins furent incitez par ung nommé Collau DU RASNEL aller jouer et passer le temps ou villaige d’Aac, dont il estoit la feste, où ilz se trouvèrent tous ensemble non pensans à mal, ne avoir querelle noise ou débat à personne.

Et comme ilz furent ilec arrivez eulx esbatans en divers lieux oudit villaige d’Aac comme ilz sceurent lors et depuis, qu’ung nommé Jehan CAURREL quy estoit de la bende desdits suplians et Jehan CARNEL peust séparer certain débat quy se commenchoit d’entre Jehan LEGRANT sergeant de la seigneurie d’Escoivres et ung sien beau-frère garnis de bastons contre Malinot CAUREL quy pour son ayde s’escria : du villaige d’Olhain et de Verdrel, pour avoir ayde et sauver sa vie. Auquel cry survindrent lesdits suplians, Jehan CARNEL et ledit DU RASNEL à présent defunct, avec feu Collart CRESPEL, non pensans à aucun mal, ne cherchant querelle et remonstrèrent audit LEGRANT sergeant qu’il n’estoit point justice d’avoir ainsi batu ledit Malinot CAUREL l’un de leurs gens. Au moien desquelles remonstrances ledit débat fut pour lors appaisé et s’en allèrent esbatre avant la ville et avec eulx ledit DU RASNEL.

Et tost aprez survint en la rue ung nommé Jehan CORIER dit Huron, du villaige de Camblignoeul, lequel combien qu’il n’estoit sergent ne officier de justice se jecta sur ledit DU RASNEL et luy osta son espieu dont il estoit garny, en démonstrant le volloir oultraiger, ensemble ceulx de sa compaignie, assavoir lesdits suplians et Jehan CARNEL. Au moien de quoy ilz furent constrains desgaingner leurs espées pour la deffence de leurs corps, se mestier en estoit. Et en cest instant ung compaignon dudit lieu d’Olhain tenant une espée nue tout auprez dudit CORRIER dit Huron, donna ung cop de taille sur la teste dont il fut abbatu par terre et délaissa l’espieu qu’il tenoit appartenant audit DU RASNEL, lequel par ce moien recouvra ledit espieu. Et ou meismes conflict, feu lors vivant Colin BERTOUL dit Conin, quy n’estoit officier de justice osta audit Jehan CARNEL une picque qu’il tenoit, jaçoit ce que icelluy CARNEL ne luy demandast aucune chose et craindant par ledit DU RASNEL que icelluy feu BERTOUL ne le outragast, donna ledit DU RASNEL à icelluy feu BERTOUL ung cop de sondit espieu sur la teste, dont il fut abbatu par terre et aucuns jours aprez au moien dudit cop, ledit BERTOUL par faulte de bon appareil, bon gouvernement ou autrement, termina vie par mort.

Et combien que lesdits suplians aient satisfait de l’interrest civil aux vefve et héritiers dudit feu Colard BERTOUL, néantmoins doubtans rigeur de justice, n’oseroient aller hanter ne converser en noz pays et seigneuries, se notre grace et miséricorde ne leur est sur ce impartie. (…)

Donné en notre ville de Bruxelles ou mois de may l’an de grace mil cinc cens vingt et neuf et de noz règnes assavoir des Romains etc le XI^e et de Castille etc le XIII^e ; ainsi signé par l’empereur en son conseil ; signé de ZOETE.