L’Ecole Centrale de Boulogne-sur-mer
(1798-1803) :

Anatole Léon Marie CHANLAIRE naît le 11 novembre 1782 à Boulogne-sur-mer, Saint-Nicolas, fils de Armand François CHANLAIRE, commissaire de marine, et de Anne Péronne Bernardine THOUIN ; ses parrain et marraine sont : Antoine LABARET de NEUVILLE oncle paternel, représenté par Michel RAPPE curé de Saint-Nicolas, et Anne Marie Balsamine CHANLAIRE sa sœur.
Il est élève de l’Ecole centrale de Boulogne, et obtient
le 2e prix d’histoire le 29 thermidor an VII lors de la distribution
des prix, constitué de l’ouvrage Histoire de l’Amérique par Robertson en 4
volumes.
Lors de la création du Camp de Boulogne en 1804, les fonctions de son père facilitent son entrée dans les services de la flottille. Il gardera un culte fidèle et profond pour l’Empereur, même après 1815.
Comme beaucoup de ses contemporains boulonnais, CHANLAIRE est profondément humilié de voir, en 1814-1815 les troupes anglaises s’installer dans les baraquements de la Grande Armée sur nos falaises. Humilié aussi de voir la municipalité prescrire vainement aux habitants d’avoir à illuminer à l’occasion de l’arrivée des souverains coalisés, de voir le maire Mr de MENNEVILLE, qui avait reçu fastueusement l’Empereur et l’Impératrice Marie-Louise, dans son hôtel de la place de la mairie, y accueillir l’Empereur de Russie et le Roi de Prusse.
Privé désormais de toute fonction officielle, mais néanmoins fortuné, CHANLAIRE va consacrer ses loisirs à développer l’enseignement primaire public à Boulogne, et à publier pamphlets et brochures acerbes contre le pouvoir établi et les autorités tant civiles que religieuses.

CHANLAIRE et l’Enseignement Mutuel
Dès 1815 et le retour de la paix, un climat favorable se présente en France pour réaliser l'instruction publique populaire promue par les idéaux de la Révolution Française mais pas réalisée pendant la période troublée 1790-1800, puis esquissée sous l’Empire.
Les congrégations religieuses ayant été à nouveau autorisées à organiser l'enseignement, elles prennent un rapide essor qui inquiète les milieux libéraux et anti-cléricaux. Afin d'apporter une alternative à une nouvelle mainmise idéologique de l'Église sur la jeunesse, et inspirés par une une volonté d'instruction publique laïque, ces idéaux se concrétisent dans la création d'une nouvelle méthode d'enseignement : l'enseignement mutuel, dont le modèle est importé d’Angleterre.
Jusque là, les méthodes d'enseignement étaient restées très traditionnelles, à l'instar des règles édictées dès 1684 par Jean-Baptiste de la Salle pour les Frères des Écoles chrétiennes : division par niveau, place fixe et individuelle, discipline stricte, travail répétitif et simultané surveillé par un maître inflexible. Pour faire fonctionner ce système organisé, un personnel important et des locaux adaptés sont nécessaires.
Dans l’école d’enseignement mutuel, l'organisation est totalement différente : un seul maître est nécessaire pour faire fonctionner une école jusqu'aux limites d'ordre architectural concernant la capacité d'accueil du bâtiment. Ce système peut fonctionner à plusieurs étages, avec des moniteurs généraux, des moniteurs intermédiaires etc., jusqu'au niveau le plus bas des élèves débutants, tout le monde apprenant à son niveau et enseignant au niveau inférieur. Ainsi un enfant y trouve par définition toujours une place qui correspond à son niveau ... Les moniteurs ne sont que provisoirement les premiers dans le précédent exercice de la même matière, et non pas les meilleurs élèves ou les plus âgés comme il sera de règle par la suite. Le maître unique, juché sur son pupitre commande toute cette organisation, les élèves étant installés sur de longs pupitres mobiles, organisés en configuration variables suivant les matières et les groupes de niveau. La méthode introduit une innovation capitale : l'apprentissage concomitant de la lecture et de l'écriture, et fait appel à des outils pédagogiques encore peu usités, comme l'ardoise qui économise le papier ou les tableaux muraux autour desquels les groupes font cercle au moment prescrit. Cette pédagogie active et coopérative fonctionne assez bien et permet d'apprendre à lire et à écrire en deux ans, au lieu des cinq ou six ans requis dans l'enseignement reposant sur la méthode des Frères. Dans les années qui suivent la Révolution de 1830, plus de 2 000 écoles mutuelles existent, principalement dans les villes, en concurrence avec les écoles confessionnelles. En 1828, un ministère de l'Instruction publique est créé. Après 1833 l'enseignement mutuel entame un recul qui le mène en quelques années à la marginalisation.
A cette fin en 1822, CHANLAIRE fait construire à ses frais, dans un terrain situé Rue des Tintelleries, « en bas et contre la muraille près de la Porte Grand Michel », un vaste local pouvant accueillir 300 à 400 élèves, où l’on va réaliser l’Enseignement Mutuel. Son premier professeur est CARY, qui laissera son nom à une école de Boulogne. L’école de CHANLAIRE est rapidement pleine et les Frères des Ecoles Chrétiennes s’en inquiètent. Ils manoeuvrent auprès du recteur de l’Académie de Douai qui ordonne la fermeture de l’établissement en 1824. Il ne rouvrira ses portes qu’en 1829, après de nombreuses polémiques qui laissent chez CHANLAIRE une rancœur tenace contre le clergé qu’il appelle la Congrégation.
CHANLAIRE et la statue d’Henri II
Toujours en 1822 et toujours à ses frais, CHANLAIRE songe à faire ériger sur le terrain vague de l’Esplanade, devant sa propriété et devant la sous-préfecture, une fontaine décorative surmontée d’un buste. Il réussit à avoir l’autorisation du ministère de la guerre, car la zone autour des remparts est zone militaire. Pour protester contre l’anglomanie ambiante, il décide que le buste sera celui d’Henri II qui rendit en 1550 les Boulonnais à leurs foyers et leurs libertés communales. C’est au sculpteur DAVID d’Angers (1788-1856), élève du célèbre peintre DAVID, qu’il confie ce travail. DAVID d’Angers est aussi l’auteur du buste de DAUNOU conservé à la Bibliothèque Municipale de Boulogne.
Cetta statue est installée la nuit du 17 août 1826 de 4 à 6 heures du matin. Dans le journal l’Annotateur, des Boulonnais s’étonnent que « l’on ait installé cette statue furtivement la nuit », d’autres blâment le sujet choisi. Dans une lettre ouverte du 31 août dans le même journal, CHANLAIRE entre en lice avec délectation, disant qu’on lui avait proposé Henri IV, EURVIN, PATRAS de CAMPAIGNO, Benoît-Joseph LABRE et même Godefroi de BOUILLON ! L’affaire en reste là, Henri II ne descendra pas de son piedestal, mais les robinets attendent toujours l’eau annoncée.

CHANLAIRE écrivain et poète
La Bibliothèque Municipale de Boulogne conserve quelques oeuvres de CHANLAIRE. Si ses écrits acerbes contre les autorités sont tout aussi plaisants qu’intéressants, il faut bien reconnaître que ses poésies sont écrites trop rapidement dans un style classique vraiment affadi, surtout si on les compare à celles des romantiques de son époque !
De 1807 à 1819 CHANLAIRE écrit un Essai Cynégétique, où il fait l’apologie de la chasse, puis les Poésies fugitives qui traitent de sujets d’histoire comme l’infraction à la paix d’Amiens, la prise d’Ulm, la campagne de Berlin.
En 1826 paraît un opuscule intitulé Visite de la duchesse de Berry à Boulogne, où CHANLAIRE s’insurge contre la municipalité de Boulogne qui a dépensé 60000 francs, soit 2000 francs de l’heure, en somptuosités inacceptables pour les finances de Boulogne qui ne compte alors selon lui que 2000 habitants. En plus il savait que la duchesse n’en demandait pas tant.
L’an 1826 également, dans un style plaisant, il écrit les Mémoires d’un cheval de Napoléon. Ce cheval, né en Arabie, prétend descendre d’un coursier d’Alexandre le Grand, car dit-il, les Arabes connaissent mieux la généalogie des chevaux que la leur. On y fait bien entendu l’apologie de l’œuvre de Napoléon, et on égratigne soigneusement les émigrés qui ont fait fortune sous son règne, mais qui vont obtenir un pont d’or de la part de Charles X.

Le cheval de Napoléon, qui dicta ses mémoires
En 1827 dans un article intitulé Journal tenu depuis 1814 pour réunir les matériaux de l’Histoire du Boulonnais, CHANLAIRE critique sévérement le gouvernement précédant la dissolution de la Chambre qui a rétabli le droit d’aînesse, voté la loi du sacrilège, accru la censure, « favorisé l’envahissement des Jésuites, peste de tous les Etats », augmenté de 3% les impôts des contribuables afin de financer « le milliard donné aux émigrés ». Il reparle de son école mutuelle « fermée lors d’un hiver rigoureux, au cours duquel il avait rhabillé les élèves les plus pauvres ».
Dans les Pasquinades françaises, qui paraîssent en 1830, CHANLAIRE critique Charles X et les Congrégations. Il demande ironiquement pardon aux Jésuites et à Dieu d’avoir fait une école d’enseignement mutuel qui intruisait annuellement 300 enfants. Il rappelle que les bâtiments lui ont coûté 7000 francs.

CHANLAIRE polémiste écrit dans le journal l’Annotateur
CHANLAIRE raconte sa sortie dans Boulogne pour les vœux du premier janvier 1825. Il part donc de chez lui vers 9 heures du matin, « les mains remplies de cartes pour, selon l’usage, les porter à quelques personnes de sa connaissance et chez un plus grand nombre qu’il ne connaît guère ». Il descend donc en ville et cite sur son passage les défauts de la voie publique qu’il voudrait bien voir disparaître.
Arpentant la rue des Vieillards (rue Félix Adam), il trouve, au-dessus des bains chinois, un bas-fond très dangereux qui a déjà causé plusieurs accidents, et « où le sous-préfet lui-même fit un soir une chute désagréable. Il n’évita de s’y rompre le cou que par une grâce spéciale de la Providence. Je doute qu’il consentît à refaire ce saut périlleux, même au prix d’une belle et bonne préfecture, bien qu’il soit dans la nature humaine, qu’un jeune sous-préfet éprouve du plaisir à passer préfet. »
Dans la rue des Minimes (rue Adolphe Thiers), il constate l’excessive malpropreté de la chaussée, et « sur un bas-côté se heurte la tête sur une pièce de bois qui soutient un tentelet qui intercepte totalement le passage ; tout un côté de la banquette est ainsi envahi par les marchands qui en excluent le public, par l’autorité seule de leur bon plaisir, afin de protéger leurs marchandises du soleil. »
Il remarque que les façades d’emplacements publics sont dans un état d’encombrement et de malpropreté hors de proportion avec les façades particulières. Suivent plusieurs exemples :
* La longue façade de l’Hôpital, non encore pavée, « offre l’aspect d’un dégoûtant cloaque. Des voitures y séjournent à demeure et reçoivent sous elle les vidanges de maisons voisines. Ajoutez dans leur intervalles des dépôts de fumier et jugez si j’ai tort de me servir de l’expression de dégoûtant cloaque. »
* Même inconvénients sur « les façades de l’ancien cimetière de la basse ville, dont la jouissance est tacitement affectée à l’hospice, qui en tire un revenu annuel en y faisant sécher des lessives. »
* La façade des « Frères de la rue Siblequin (rue Faidherbe) offre jusqu’à la chaussée l’aspect le plus dégoûtant. On croirait que la section entière ne peut vider que là ses pots de nuit et ses chaises percées. » Il y a là des débris de charrettes qui semblent destinés à pourrir là, rendant impossible toute espèce de balayage. CHANLAIRE ajoute de façon malicieuse qu’il ne jette aucune pierre dans le jardin des « Frères à grand chapeau », puisque n’ayant aucune ouverture de ce côté, ils ne contribuent en rien à l’encombrement de leur derrière de jardin. Il ajoute que la façade du Mont-de-Piété rue du Petit Paradis laisse aussi à désirer.
* Puis il déclare, sans rapport avec sa visite du premier janvier que « les jours de marché il est quasiment impossible d’entrer dans la Bibliothèque Municipale autrement qu’en sautant au-dessus des sales guenillons dont il plaît à des fripières d’encombrer la chaussée et sous le prétexte qu’elles ont donné 2 sous pour leur place, vous agonisent d’injures si vous posez un pied sur leurs nippes. » Tous ces faits sont « une honte pour les étrangers qui abondent dans notre ville et dont la présence seule contribue à son étonnante prospérité. »
* Ayant terminé ses visites, il se fait aborder par « un respectable gentleman qui lui parle aussi des passages uniquement constitués d’un ravin profond étroit et boueux et où une voiture peut passer à peine, mais où deux ne peuvent se croiser. »
Notre CHANLAIRE ne le verra pas, mais moins d’un siècle plus tard, le visage de Boulogne aura bien changé, ses désiderata seront plus que réalisés.
Les pamphlets de CHANLAIRE contre le trône et l’autel voient parfois leur parution refusée par l’Annotateur qui craint de perdre les faveurs du régime. En 1826 il écrit une lettre où il s’insurge parce que dans une fête foraine proche de chez lui, dans le corps de garde construit pour une garde d’honneur, on y a donné un spectacle de « polichinels ». Pour 4 sous on y jouait la Passion du Christ et sa résurrection. « Un pantin, représentant le Christ s’élevait vers le ciel, puis les autres polichinels se prosternaient et chantaient un cantique.» Cela paraît déplacé à CHANLAIRE qui considère que c’est avilir la religion que de la parodier ainsi sur des tréteaux, même si autrefois il y avait les « mystères ». Dans le cas présent CHANLAIRE dira non sans dépit:
« Même lorsque je défends la religion,
J’ai du guignon ».

CHANLAIRE quitte Boulogne vers 1830
CHANLAIRE ayant dans pamphlet accusé le conseil municipal d’avoir dilapidé les fonds de la commune lors du passage à Boulogne de la duchesse de Berry en 1826, VERJUX un journaliste de l’Annotateur annonce une réponse à cette brochure, qui est répandue quelques mois après, mais sans nom d’auteur. Cette réponse est très vive et on y met même en cause les titres de noblesse de CHANLAIRE. Ce dernier, feignant ignorer le nom de son adversaire, conclut qu’on ne peut attribuer cet écrit qu’à un « échappé de galères ». Le journal Le Franc-Parleur, adversaire quotidien de l’Annotateur, insiste sur la réponse de CHANLAIRE et fait suivre le nom de VERJUX d’allusions blessantes. VERJUX poursuit CHANLAIRE en justice, et ce dernier est condamné le 12 février 1828 par le tribunal correctionnel de Boulogne à 1000 francs d’amende, 500 francs de dommages et intérêts, plus aux frais du procès et à l’impression de 50 exemplaires du jugement. Peu après, dégoûté de Boulogne, il vend ses propriétés de Capécure à la famille ADAM et quitte Boulogne définitivement. On ne sait ce qu’il est devenu ensuite.
CHANLAIRE dut se retourner dans sa tombe, en apprenant que son nom était donné (et plus tard associé au XXe siècle à celui de HAFFREINGUE pour ce qui est d’un lycée) à un établissement catholique de Boulogne. En effet en 1887, suite au décret d’expulsion des Jésuites de 1880, la Société civile de Notre-Dame de Boulogne achète une maison ayant appartenu à la famille CHANLAIRE, pour y installer l’école primaire Saint-Joseph qui avait déménagé plusieurs fois. Cette dernière école prend aussitôt le nom de l’ancien propriétaire. Il est vraiment paradoxal que CHANLAIRE, un pamphlétaire et polémiste ennemi juré des Jésuites, ait pu donner son nom à une école privée tenue par les Bons Pères !
(Source principale en dehors des AM de Boulogne : document coté DA28 à la BM de Boulogne ; consultation du n°56 des Cahiers du Vieux Boulogne pour l’école CHANLAIRE.)
1) CHANLAIRE / DE CHANLAIRE Anatole Léon Marie
o 11-11-1782 Boulogne-sur-mer, Saint-Nicolas
2) DE CHANLAIRE Armand François
o ca 1729 Vertu en Champagne (Marne) ; + 3-3-1816 Boulogne (à 87 ans)
x 20-10-1772 Andres :
3) THOUIN Anne Péronne Bernardine
o 20-1-1743 Ardres
+ 13-9-1817 Boulogne ; (T au décès : Pierre François LE ROY de Méricourt, 35 ans, neveu, et Louis LATTEUX de Lattaignant, 51 ans, cousin)
Autres enfants du couple 2-3 :
* Anne Marie Balsamine, o 8-12-1774 BSJ , pm : Louis Gaspard LEMAISTRE, premier commis de marine représenté par Charles BAUDELICQUE doyen, et Marie Anne FLAHAUT sa mère grande ;
* Apolline Marie Françoise, o 18-7-1779 BSJ, + 5-9-1857 Boulogne ;
* Armand Louis Germain, o 30-7-1777 BSJ.
Note :
Armand François de CHANLAIRE, arrive vers 1760 à Boulogne en qualité de commissaire aux classes de la marine, c’est-à-dire quelque chose équivalant à directeur de l’Inscription Maritime. Il s’occupe à la fois des marins et du port. En 1769, il intervient en faveur de pêcheurs affamés par une mauvaise saison, et le 3 avril, Mr de PRASLIN ministre de la marine, l’avise qu’un premier secours de 2400 £ est alloué, et devra être distribué en présence des curés et des officiers municipaux. C’est à lui que Boulogne est redevable, sur les instructions de Mr de SARTINES, ministre de la marine, de l’établissement de la première école de matelots. Les élèves, les mousses, doivent y être nourris aux frais du Roi moyennant 14 sous par jour. Cet ancêtre de notre école d’hydrographie créée elle en 1792, a une durée extrêmement éphémère.
En 1762 il obtient la permission de clôturer à son profit à Capécure une partie importante des terres et marais que la mer envahit régulièrement et jusqu’à Châtillon à chaque grande marée. Par cet acte, il devient ainsi propriétaire d’une partie très importante des terrains vagues de Capécure.
CHANLAIRE, ainsi que son fils Léon le fera plus tard, habite en 1789 en haut de la rue Mont-à-Cardons, pardevant l’Esplanade faisant face à la porte des Dunes.
A l’aube de la Révolution, comme beaucoup de membres de la petite noblesse provinciale, Armand de CHANLAIRE adopte les idées nouvelles. C’est chez lui dans ses salons, que l’on fonde la Société des Amis de la Constitution, dont la première réunion a lieu le 26 août 1790 à 5 heures du soir. Il y a 36 présents. On y commente la déclaration du général de la FAYETTE, qui venait de déclarer à l’Assemblée Nationale que l’insurrection est le plus sain des devoirs lorsque la servitude rend une révolution nécessaire. Cette Société ne tarde pas à comprendre 170 membres : 13 prêtres ou religieux, cordeliers capucins, oratoriens, 27 représentants de la noblesse de la province, dont ABOT de BAZINGHEN, CAZIN de CAUMARTIN, DUQUESNE de CLOCHEVILLE, PATRAS de CAMPAIGNO, VILLECOT de RINCQUESENT. Quelques-uns d’ailleurs ne tarderont pas à émigrer, et l’un d’eux BLANQUART de la BARRIÈRE, de Samer, sera guillotiné pour propos contre-révolutionnaires. Parmi les gens du Tiers-Etat, citons les ADAM, Charles BUTOR, Alexandre CROUY, DUTERTRE, HACHE, MEUNIER marchand de vin dont le fils sera un peintre et un miniaturiste de talent, DAUNOU et SAINTE BEUVE pères du Conventionnel et de l’écrivain, HAMY notaire, LEULIETTE, écrivain et professeur, écrasé par une voiture à Paris en 1808. Le premier président élu, chez de CHANLAIRE, est du BLAISEL du RIEU, lieutenant du Roi, qui ne tarde pas à émigrer. En août 1792, la Société des Amis de la Constitution cesse ses activités. (Source : La Révolution à Boulogne, par Louisette Caux et Michel de Sainte-Maréville).
Armand François DE CHANLAIRE devient après 1800 un serviteur zélé du Consulat et de l’Empire. L’ancien commissaire de marine du Roi rend de grands services dans les bureaux de l’amiral BRUIX.
4) DE CHANLAIRE Claude Louis
Avoué, écuyer gentilhomme de la grande fauconnerie du
Roi et son lieutenant général à Vertu en Champagne
+ < 1772
5) REAUTEL Marie Louise
6) THOUIN Pierre François Joachim
+ < 1772
x 17-1-1741 Boulogne-sur-mer, Saint-Joseph :
7) FLAHAUT Marie Anne
o 27-2-1721 Boulogne-sur-mer, Saint-Joseph ; + 26-3-1778 BSJ
Témoins au mariage des numéros 6 et 7 : Guillaume DELDREVE père et son fils prêtre sacristain de Notre-Dame ; Amable HANNICQUE écuyer sieur d’Herquelingue ; Marie Françoise Aimée de FLAHAUT.
12) THOUIN Joachim
+ < 1741
13) DEVIENNE Geneviève
o ca 1656 ; + 28-2-1741 Ardres
14) FLAHAUT Aimable Gabriel
o 27-5-1675 BSJ ; + 7-12-1735 BSJ
x 13-2-1719 BSJ :
15) BARBIER Madeleine
o 1697 ; + 29-5-1778 BSJ
Témoins au décès du n°15 : Armand François CHANLAIRE (le n°2) et Victor Antoine Ambroise de LATTAIGNANT de LEDINGHEN, avocat en Parlement, ses petits-fils à cause de leur femme.
Note 1: Le 16-1-1739 à BSJ, Victor de LATTAIGNANT de LEDINGHEN échevin de Boulogne, épouse Marie Antoinette de LATTRE du ROZEL, sa cousine germaine, fille de Josse et de Marie Louise Olympe FLAHAUT de LA MOTTE.
Note 2 : Madeleine BARBIER (n°15) est peut-être fille de Jean BARBIER qui épouse le 11-2-1692 à BSJ (CM du 4-2-1692 Me Correnson) Louise LE CONSTANT, veuve d’Antoine LE GRESSIER.
28) FLAHAUT Aimable
o 1640 ; + 15-1-1706 BSJ
x par CM du 20-1-1666 (Me Maréchal, Insinuations) :
29) LE CARON Anne
o 22-11-1637 BSN
Témoins au CM du 20-1-1666 :
* Baltazart et Yves FLAHAULT, ses frères ;
* Marie RAULT, veuve de Jacques FRAMERY, vivant escuier, sieur de Turbinguen, conseiller du Roi et son lieutenant particulier en ladite Sénéchaussée et ancien mayeur de cette ville, Margueritte FRAMERY veuve de Guillaume DE LA PLANCHE, licencié ès loix, advocat en Parlement, ses tantes; Pierre FRAMERY, prêtre et chapelain de l’église cathédrale de Boulogne, son cousin germain; Charles de NEUFVILLLE, sieur et prévôt d’Alquine, conseiller du Roi et son bailli de Boullogne, Outreau Wissant Longuefort, mary de Jacqueline FRAMERY, sa cousine germaine; Marie MONART, aussy sa cousine germaine.
56) FLAHAUT Yves
o 1-12-1596 BSN; + ca 1662
{x par CM du 16-5-1630 (Me Scotté) : Suzanne de CAMPMAIOR}
xx par CM du 6-2-1637 (Me Scotté) :
57) MOREL Marie
o ca 1613 ; + 17-2-1688 BSJ
Note : le CM (Insinuations) du 16-1-1648 entre Guillaume MOREL et Marie HERTAUD indique clairement la filiation du n°57.
58) CARON François
o 10-7-1599 BSN
{x Marie de FIENNES de la PLANCHE}
xx par CM du 21-11-1633 (Me Preudhomme) :
59) FRAMERY Antoinette
+< 1647
112) FLAHAUT Adrien
+ ca 1636
x par CM du 2-3-1587 (Me Preudhomme) :
113) BOUCHEL Marguerite
o 30-1-1565 BSN ; + ca 1636
Note : dans le manuscrit des rentes de l’église Saint-Nicolas, on cite deux personnages certainement proches parents du n°112 :
* Philippe FLAHAUT, marchand à
Boulogne, qui le 24-4-1612 fonde matines
pour 50 sols sur une maison nommée la Porte d’Or, sise Rue
tant perd tant paie, faisant pont sur la Rue
des Lombards.
* François FLAHAUT, qui le 17-9-1618 pour un banc proche de la chaire de vérité, donne 65 sols de rente sur une maison sise Rue de Tirewicq, dite Rue des Potiers.
114) MOREL Anthoine
Sieur de Valloy (lieu-dit de Samer, au hameau de Longuerecque), avocat en Parlement et en la Sénéchaussée du Boulonnais, propriétaire à Hénocq
+ < 1647
x par CM du 1-5-1607 (Me Maréchal, Insinuations) :
115) MONET Louise
+ > 1647
116) LE CARON Nicolas
o 11-3-1554 BSN ; + < 1633
x par CM du 5-6-1577 (Me Dauvergne et Brisset, Insinuations) :
117) BOUCHEL Anne
o 25-9-1556 BSN ; + > 1633
Note : En 1601, Nicolas LE CARON déclare avoir reçu de Adrien FLAHAUT (n°112) une quittance de droits seigneuriaux pour l’acquisition d’une pièce de terre sous le Mont Lambert, au lieu-dit Caudebronne (manuscrit des rentes de l’église Saint-Nicolas).
118) FRAMERY Jean
Sieur d’Hambreucq et du Fart (lieux-dits de Tardinghen); sieur de Turbinghen (lieu-dit du Portel) le 3 août 1615; lieutenant civil et criminel, plusieurs fois mayeur de Boulogne entre 1626 et 1634
+ ca 1646
x par CM du 4-4-1598 (Me Carpentier) :
119) MOREL Jacqueline
+ ca 1647
224) FLAHAUT Adrien
Marchand et mayeur d’Etaples ; achète en 1557 la
ferme de la Motte à Frencq à François d’Ostrel lieutenant au baillage d’Amiens
226) BOUCHEL Jean
o 1520 ; + 22-9-1606 BSN
{xx par CM du 20-11-1588 (Me Luce) : Jeanne DE LANNOY}
x ca 1560 :
227) FAUQUET Jeanne
+ ca 1588
Note : dans le manuscrit des rentes de l’église Saint-Nicolas, on cite la servante Péronne MARIÉ de Jean BOUCHEL, qui lègue 14 £ 8 sols pour dire messes pour le repos de son âme. Dans le même manuscrit, Jean BOUCHEL est cité le 11 janvier 1582, comme exécuteur du testament de Marguerite LE VASSEUR, qui a fondé un obit et aumône à 12 pauvres veuves, de 6 sols à prendre sur Martin LE TOURNEUR couvreur d’estrain à Neufchâtel.
228) MOREL Hiérosme
+ > 1607
x par CM du 4-11-1578 (Me Brisset et Du Buir, Insinuations)
229) DE SAINT MARTIN Jacqueline
+> 1607
230) MONET Oudart
+ < 1607
x par CM du 3-7-1591 :
231) VAILLANT Adrienne
+ > 1607
232) LE CARON Nicolas, dit le Poultrain
+< 1577
{x ca 1530 : Jeanne LARDÉ}
xx ca 1550 :
233) DESGARDINS Suzanne
+ > 1577
Note : en 1551 dans le manuscrit des rentes de l’église Saint-Nicolas, on cite Nicolas LE CARON, à cause d’une maison et ténement Rue de la Portelette, où pend pour enseigne la Porte d’Or, tenante à Jeanne DU RIEU et Mr de BERNAMONT. En 1552, il donne 20 sols de rente sur une terre près de la Tour d’Odre, à charge d’un salut et d’un de profondis.
234) = n°226 BOUCHEL Jean
235) = n°227 FAUQUET Jeanne
236) FRAMERY Jacques
x par CM du 21-9-1568 (Insinuations) :
237) MARTEL Jeanne
238) = n°228 MOREL Hiérosme
+> 1598
239) = n°229 DE SAINT MARTIN Jacqueline
+> 1598
452) BOUCHEL Nicolas
o 1490 ; + < 1552
453) LECLERCQ Antoinette
Selon le Livre Verd, étant qualifiée de lépreuse, elle doit se retirer à la léproserie de La Madeleine
456) MOREL Jacques
+ ca 1568
457) DU CROCQ Marie
+> 1578
{xx par CM du 1-1-1569 (Dubuir et Lesieu, Insinuations) : Sulpice CHARLEMAIGNE, avocat en la Sénéchaussée}
458) DE SAINT MARTIN Antoine
460) MONET Gilbert
+> 1607
{xx Catherine LEFEBVRE}
461) LE GRAND Appoline
462) VAILLANT Jehan
+ > 1607
463) FREST Agnetz
+ < 1594
472) FRAMERY François
+ < 1568
473) DU CROCQ Marguerite
+ > 1568
474) MARTEL Jean
+ > 1568
475) DU RIEU Marguerite
+ > 1568
914) DU CROCQ François
924) VAILLANT Jean
925) FAUCQUET Marie
+< 1571
{xx Jean DACQUIN laboureur à Preures}
946) DU CROCQ Jean
947) BRILLARD Anne
950) DU RIEU Jacques
+ < 1573
951) DOUAY Jeanne
Le 3 mars 1573 (Insinuations) elle donne des terres et un manoir sis à Crémarest acquis avec Jehan CLEUET son premier mari
+ > 1583
1900) DU RIEU Michel, dit le Riche
CM du 4-4-1598 à Boulogne entre
Jehan FRAMERY (n°118) et Jacqueline MOREL (n°119)
pardevant Carpentier (AD62 4E48/4)
Furent présens et comparans en leurs personnes :
* Noble homme messire Jehan FRAMERY, sieur de Hambreucq et Le Fart, conseiller du Roy et son lieutenant particullier en la Séneschaucée de Boullenois, assisté et accompaigné de aussy noble homme messire Jacques FRAMERY sieur du Puch, aussy conseiller du Roy et son procureur au bailliage souverain d’Ardres et comté de Guisnes, et de damoiselle Jehenne MARTEL ses père et mère, et de Pierre DUCHEMIN et damoiselle Isabeau FRAMERY sa femme sœur dudit sieur de Hambreucq, de noble homme Anthoine CHINOT escuier sieur du Val, conseiller du Roy et son lieutenant général en la Séneschaucée de Boullenois son parrain d’une part ;
* Et damoiselle Jacqueline MOREL, aussy assistée de noble homme messire Hierosme MOREL sieur d’Atinghuen et de Longuerecque, advocat en ladicte Séneschaucée, et de damoiselle Jacqueline DE SAINT MARTIN ses père et mère, de damoiselle Marie DU CROCQ sa mère grand du costé paternel, Guillaume DE CHARLEMAIGNE sieur de la Vienne son oncle, Anthoine DE SAINT MARTIN escuier sieur dudit lieu, aussy son oncle, du sieur du Val son grand oncle et de damoiselle Jacqueline d’OSTOVE espouze dudit sieur du Val, Jehan d’ISQUE escuier sieur du Manoir et d’Eschinghuen, Antoine CHINOT escuier sieur de Sailly, et noble homme messire François CHINOT chanoine de l’église cathédralle de Boullongne, damoiselle Isabeau DE DISQUEMUE, de noble homme François DU WICQUET sieur de Dringuehen maistre des eaux et forestz du comté de Boulenois et de damoiselle Lucresse EMARC ses parens et amis d’autre part.
Et ont recongneu etc …
C’est asscavoir de la part dudict Jehan FRAMERY lesdictz Jacques FRAMERY et Jehenne MARTEL ses père et mère, ont déclaré qu’ilz recongnoissent leurdict filz pour leur aisné et héritier apparent et qu’en faveur dudict mariage et en advancement d’hoirie et succession, ilz luy ont faict don d’entre vifz et irrécocable de la maison et seigneurie du Puche et des terres quy en deppendent sellon qu’elle se consiste et estend, scituée en la paroisse de Sainct Martin et en telle contenance que jouissoient Jacques DU HAMEL et Crespin DE POILLY proceddant tant de l’héritage dudict sieur du Puche que de son acquet, pour en jouir de la moictié présentement et de l’autre moictié aprez le trespas dudict sieur du Puch, par ce qu’il s’en est réservé l’usufruict sa vie durant, à la charge d’en paier les rentes et renvois chacun aussy par moictié. Sy luy ont encores donné et donnent les fiefz terres et seigneuries dudict Hambreucq et Le Fart, se consistant en toutte justice haulte moienne et basse, droicts féodaulx cens et rentes et générallement tout ce quy en deppend, proceddant du chef et héritage de ladicte Jehenne MARTEL, pour en jouir du total instament le mariage parfaict et consommé, consentans que desdictes donnations ledict Jehan FRAMERY en puisse faire telles appréhensions qu’il vouldra, à la charge seullement de paier à la seigneurie d’Erlens cens quatre solz parisis pour aulcunes terres des deppendances du domaine du Fart. Et outre ce luy ont donné la moictié des relliefz droictz et arrentemens quy en sont deubz jusques à présent.
Et de la part de ladicte damoiselle Jacqueline MOREL, lesdictz Hierosme MOREL et Jacqueline DE SAINT MARTIN ont faict don par la voie de donnations d’entre vifz et irrévocables à leurdicte fille d’une maison lieu courtz caves puis jardins et deppendances, située en ceste ville de Boullongne en la Rue des Degrez, dict le Puis d’Amour, chargée de cent solz parisis un double verre et deux uretz envers l’hospital, par eulx acquises. Sy luy ont faict don de dix neuf livres de rente fonsière à prendre sur la maison de la Roche scituée en la basse Boulongne, dont est deub de renvoy audict hospital 3 solz parisis plus 9 livres tournois un verre et deux esteufz de rente fonsière, à prendre sur la maison quy fut à Louys DE CHASSY scituée en la Grande Rue de ladicte basse ville, plus 100 solz parisis une bécasse de rente fonsière et une poulle et recongnoissance deube pour la maison de ROME proche et attenante à celle dudict DE CHASSY, lesquelles deulx dernières parties de rentes chargées de 40 solz parisis à la pitance et fondation de l’abbaye Notre Dame audict Boullongne. Sy luy ont encores donné 14 livres de rente constituée par Philippe MOREL et Robert HAIGNERÉ et sa femme et hypothecquée sur leurs maison place et terres scituée à Audisque, plus 4 livres de rente fonsière deube par Isabeau LE COCQ à cause de sa maison faisant partie de la Cheminée Dorée, pour de tout ce que dessus jouir instament ledict mariage parfaict et consommé. Sy ont promis paier et fournir à leurdicte fille la somme de 600 escus scavoir est : 500 escus instament ledict mariage consommé et les aultres 100 escus un an après et de vestir accoustrer amesnager et meubler à leur discrétion et comme ilz en vouldront avoir honneur, ensemble faire et paier le banquet de nopces à leurs despens. A esté convenu que si l’on faisoit quelques bastimens combles nouveaulx sur ladicte maison du Puch, ledict Jacques FRAMERY n’y sera tenu paier aulcune chose, comme aussy ledict Jehan FRAMERY ne sera tenu faire autres bastimens que ceulx que bon luy semblera. A esté aussy conditionné convenu et accordé que de ladicte somme de 600 escus, en seront emploiez 300 escus faisant la moictié pour tenir cotte et ligne de ladicte damoiselle Jacqueline MOREL et des siens, tousiours tenans ladicte cotte et ligne.
Et advenant que ledit FRAMERY etc …
Faict passé et recongneu en ladicte ville et cité de Boullongne sur la mer en la maison dudict Hierosme MOREL le quatriesme jour d’avril aprez midy, an mil cincq cens quatre vingtz dix huict.