Signification de certains termes utilisŽs

dans le Centime de 1569

 

Le Centime de lĠan 1569

 

   Le Centime de 1569 est un imp™t.

   En 1569, lĠArtois est une province appartenant au Roi dĠEspagne Philippe II. A court dĠargent, il lve un imp™t qui se calculera au prorata du revenu ou du louage. Les propriŽtŽs seront taxŽes ˆ lĠadvenant du denier 16 ou 18 ou 22 : lĠimp™t sera 16% ou 18% ou 22% de la valeur du revenu annuel (rendaige ou louaige ) de ces propriŽtŽs. Dans chaque village des dŽputŽs font un inventaire des manoirs et autres terres ˆ labour, et Žtablissent le montant de lĠimp™t dž au vu des rendements dŽclarŽs par les propriŽtaires ou locataires. Il en rŽsulte une sous-estimation (bien naturelle !!!) desdits rendements, ce qui donnera lieu ˆ un Recollement (redressement fiscal).

   Les r™les dressŽs ˆ cette occasion servent de base ˆ la perception de lĠimp™t foncier jusquĠˆ la fin de lĠAncien RŽgime. En 1720 ils sont dŽfra”chis et sont recopiŽs. Seule cette copie est parvenue jusquĠˆ nous.

 

Florin et pattar (patard)

 

   Sous lĠancien  rŽgime en France, lĠunitŽ de compte est la livre. Une livre vaut 20 sols et un sol 12 deniers. Dans le Centime de 1569, on parle de florins et de pattars, unitŽs de compte des Pays-Bas espagnols. Il faut condidŽrer ici quĠun carolus (ou livre carolus), ainsi quĠun florin dĠArtois, Žquivaut environ ˆ une  livre, et quĠun sol (sou) vaut pratiquement un pattar. Dans les Žcrits de cette Žpoque, on cite:

Si le prix porte entre 50 livres de gros et 25 livres ils paieront 6 livres carolus, moins de 25 livres de gros, ils paieront 3 livres carolus pour le droit du bailly des hommes ( Coutumier dĠYpres).

Le florin de Brabant ˆ 20 pattars, monnoye de Brabant. (Ancien Coutumier GŽnŽral)

La livre tournois ou le florin Žtait de 40 gros de Flandre en 1579.(Histoire de Mr de THOU)

Les 600 florins en 1512 faisaient 200 Žcus; ainsi le florin Žtait le mme que la livre. (Histoire du chevalier BAYART)

Douze deniers monnoie dĠArtois que lĠon dit communŽment patars.(1520 Archives du Nord)

Les sols de Flandre ou patars dont les 20 valent 24 sols des nostres, ne sont quĠˆ 8 deniers 18 grains de loy. (BODIN)

Les Picards, aprs avoit payŽ leur hoste, burent bien encore du vin pour 6 patars. (ESTIENNE)

10 patars , ce sont 12 sols 6 deniers monnoye de France; le patard est la vingtime partie dĠun florin; le florin vaut 25 sols de France, de sorte que la livre de France vaut 16 patars. (Nouveau Coutumier GŽnŽral)

Les Picards les ont beuz (...les vins de Beaune) , ...(les Flamans paieront) 4 patars la pinte, ou bien batusz seront.(Chanson du XVe sicle)

 

Ferme

 

   La ferme est une convention par laquelle un propriŽtaire abandonne ˆ quelquĠun pour un temps et moyennant un prix dŽterminŽ la jouissance dĠune terre, dĠune maison...

Par extension, la ferme est une convention par laquelle le propriŽtaire dĠun droit abandonne ˆ quelquĠun pour un temps et pour un prix dŽterminŽs la jouissance de ce droit. Catherine DAGUET qui tient la Ferme du Travers ˆ Aubigny paye dĠavance 24 florins par an aux Seigneurs dĠAubigny et Berlette pour recueillir ˆ leur place le droit de pŽage du ÒtraversÓ dĠ Aubigny et celui de Berlette. Elle espre bien entendu collecter en un an une somme supŽrieure ˆ 24 florins!

 

Lieutenant

 

   CĠest le plus souvent le censier du seigneur.

   Officier qui tient lieu dĠun seigneur, que ce soit pour la robe ou lĠŽpŽe. Le lieutenant est responsable de lĠautoritŽ en lĠabsence du seigneur. Il est le plus souvent le censier du seigneur. Pierre FOURDIN, lieutenant dĠAubigny, tient ˆ ferme cette fonction; il paie chaque an 12 florins pour exercer cette fonction. La lieutenandise est la charge de lieutenant.

LĠon pourra adviser de gaigner le Duc de Zas par ladite lieutenandise de lĠEmpire.

(1518. NŽgociations entre la France et lĠAutriche)

Le chancelier de Bourgogne gardera lĠhonneur et le droit du Prince sans emport et exercera la juridiction en sa personne ou par lieutenans sages discrets et convenables ˆ tel office.(Estats des officiers des Ducs de Bourgogne)

Officiers, gouverneurs, lieuxtenans. (MAROT)

Nostre intention nĠest pas, ne voulons que nos diz baillis ne prevoz desdits baillages, ne leurs lieutenans, prengnent ou fassent prendre s prisons des hauts justiciers des diz baillages, aucuns prisonniers sĠils nĠont juste et loial cause. Ordonnance des Rois de France)

 

Maire

 

   Le maire est un officier placŽ ˆ la tte dĠune commune, un sergent. Il est lĠŽxŽcuteur des arrts de justice, un huissier. Il peut tre aussi un garde des bois.

Si tu avoys appŽtit de manger chair, o que tu prinsses en la forest telle venaison que tu vouldroys, sans en parler ˆ prevost ne maire. (PERCEFOREST)

A chacun des vilages il y a un maire servant de sergent, sous ledist prŽvost, lequel fait les exploits dont il est requis, ayant un blanc pour salaire. (Nouveau Coutumier GŽnŽral). Un blanc est une monnaie de petite valeur.

Mairie Žtait le cri que ceux qui avaient le droit de prendre du bois devaient pousser, lorsquĠils ne trouvaient pas le sergent:  LĠon est tenu de payer, avant de sortir du bois, et se le prevost ou son commis ne y sont pour le recevoir, le charton est tenu de crier audit bois, par trois fois, ˆ haute voix: Mairie; et si le prevost et son commis ne viennent recevoir ledit droit, iceluy charton est tenu de mettre en ung estocq prs du lieu o il a chargŽ son car, les deux deniers, en lieu patent. (Nouveau Coutumier GŽnŽral)

 Fiefs appelŽs mairies qui ne sont que sergentises qui ne se divisent point.

(1539. Senlis. Procs verbal)

Leur donna les molins dĠEscaut, dont il est Roi, et Sire et Maire. (ChilpŽric, bienfaiteur des moines de Tournay)

Et furent mandŽs li prevoz, li maires, li jurei (Žchevins) de la ville. (MŽnestrel de Reims)

 

Cauchie

 

   Une cauchie est une chaussŽe, un chemin pavŽ ou entretenu. La Cauchie est un imp™t , un droit de pŽage pour lĠentretien des routes.

Cauchie est une coutume assise et establie sur chars, charrettes, sommiers chargŽs. Un sommier est une bte de somme.

Chevalier, ou fils de chevalier sous vingt cinq ans, sera francq et exempt de payer tailles, subsides, tonlieux, cauciage (cauchie). (Nouveau Coutumier GŽnŽral)

La ferme des cauchiers appartient ˆ ladite ville (de Pernes) dont le fermier doit avoir de chacuns chariots: 2 deniers, une charrette: 1 denier, chacune beste chevalline: une obole.

Eschalaz, bren, fuerre (paille ou chaume), tuile ne doivent point de cauchie.

Aller ne puis par maladie, tu ne dois donc point de cauchie. (DU CANGE)

Chest la manier coment on culle (recueille) la cauchie ˆ fouŽe de Corbie. (DU CANGE). La fouŽe est un droit sur le bois de chauffage (une fouŽe est aussi un fagot):

Qui veut le caretŽe ˆ un cheval ˆ plusieurs carkies de mairien, et de tout bois, doit un denier de la fouŽe. ( PŽages dĠAmiens)

 

Travers

 

   Le droit de travers est un pŽage, un droit de passage sur ponts et bacs pour les marchands.

Les principaux marchands de nos forez pourront faire mener et charroyer leurs denrŽes de bois, sans payer travers ni pŽage.

 

Boistau (botteau)

 

   Un boistau est une botte de paille ou de foin. Le fermier des boistaux est peut-tre celui qui prŽlve les imp™ts sur les rŽcoltes, au vu du nombre de boistaux.

Un bon boteleur fera en un jour 1200 boteaulx de 4 livres chacun.

 

Terrage

 

   Le terrage est un droit seigneurial, une redevance annuelle sur les fruits de la terre, un champart.

En terre arrable, on doit de douze gerbes: une de terrage s seignors. (1231. Charte de Morville/Seille)

 

Manoir

 

   En Flandre et en Artois, un manoir est lĠensemble des terres et b‰timents qui constituent une exploitation agricole close. Amaser signifie b‰tir, couvrir de b‰timents, Ždifier. Un manoir amasŽ est une parcelle b‰tie. Un manoir peut tre amasŽ de maisons, de granges, dĠŽtables. Manable signifie habitable. Un manant est un babitant, un paysan.

Doivent les paroissiens couchans levans au village de Bruneville, secoure de ladite Žglise de Fieffes, pour chacune mesure amazŽe une jarbe de blŽ. (Registre de la Commanderie de Fieffes)

Les maires et eschevins imposent 5 sols sur chaque mesure amazŽe et 2 sols sur non amazŽe.  (1507. Coutumes de Flixecourt)

Les possesseurs dĠaucunes terres labourables chargŽes de droit  de terrage, ne peuvent les amazer, apprayer sans grŽ et consentement de celui auquel droit appartient. (Coutumier dĠArtois)

 

MencaudŽe, boitellŽe, mesure

 (unitŽs de surface)

 

Une mesure dĠArras, ou mencaudŽe dĠArras, ou rasire d'Arras = 4291 m2 = 4 quartiers = 4 boistellŽes = 4 coupes = 100 verges;

Un quarreau = 6 verges 1/3; on note que1 hectare = 2  mesures 1/3.

Une mencaudŽe de Douai =  3300 m2

Une mencaudŽe de Bapaume = 5300 m2  = 125 verges

Une minŽe = 60 ou 80 verges. A  Chauvigny, une minŽe ou mine : Ç40 pas au carrŽÈ.

 

 

Mencaud, rasire, boisseau

 (unitŽs de volume pour les grains)

 

Une rasire d'Arras, ou mencaud d'Arras= 86,30 litres pour le blŽ (le rŽcipient est rempli ˆ ras), un peu plus pour l'avoine (le mme rŽcipient est rempli ˆ comble); une rasire de blŽ dur pse 60 kg; un boisseau de blŽ pse 15 kg, car une rasire contient quatre boisseaux.

Une mencaudŽe est la surface qui peut tre ensemencŽe avec le grain contenu dans un mencaud.

Un journal (environ une mesure) est la surface pouvant tre travaillŽe (labourŽe, fauchŽe) en un jour par un journalier.

Quand le mencaud de blŽ se vend 15 pattars, le pain de 10 pattars doit peser 10 livres exactement. (1602. RŽglement de police dĠEstaires)

Pour la vente de 25 mencaudŽes et 3 quartiers de bos (bois) vendus ˆ Robiert Coupelet, chacune mencaudŽe: 4 livres. (1302. Comptes de Beuvry)

Par ladite coutume, en relief, don, vente, ou transport de terre cottire ou main ferme, appartient au seigneur par le droit seigneurial de chacune mencaudŽe de luy tenue: 4 deniers dĠentrŽe et autant dĠissue, et pour le manoir 12 deniers. (1679. Coutumes dĠArtois)

JĠai veu un peuple ... de famine troublŽ, et vendre quatre livres un seul mencaud de blŽ.

 

Homme cottier

   Un homme cottier tient un hŽritage roturier (un hŽritage par cotterie, ou en redevance roturire).

 

 

FlŽgard et froc

 

   Un flŽgard est un chemin, une place publique. Un froc est un terrain en friche.

Aucun ne peut sur les chemins, frocs, et flŽgards de la terre seigneurie dĠun haut et moyen justicier, installer marchandise, jouer ˆ la paulme, danser le jour de la fte du patron, sans son congŽ et consentement . Nul ne peut piquer, fouir, houer, sur les frocs et flŽgards dĠicelle (seigneurie) sans le congŽ des mayeurs, prŽvost, eschevins.  (Coutumier dĠArtois)

 

Riez

 

   Terre en friche.

Qui auront perdu leurs biens en riez et non valoir. ( 1587. Philippe II dĠEspagne)

Une pice de riez qui voulait estre en nature de vigne.  (1532. Clermont/Oise)

 

HŽritage

 

   * Immeubles

Ç Les arbres croissants, advestures de bled, dĠavoisnes, seront tenus pour hŽritages, sans que lĠhŽritier, les puisse vendre ou aliŽner non plus que le fond È (Coutume de Hainaut)

Ç Toutte notre hŽritage È: tous nos biens.

 

   ** Possession perpŽtuelle, opposŽe  ˆ la viagire

Ç Je vous advertis que amours de femme nĠest pas hŽritage, elles ayment aujourdĠhui ung homme et demain ung autre È (PERCEFONTAINE)

 

   *** Terre, possession

Ç Bon hŽritage, et bonne herbe È (FROISSART)

 

   **** Un hŽritier est donc un propriŽtaire, ou un successeur au sens du XXe sicle

Ç Nuls ne pourront entrer et venir s champs dĠautruy pour glener, que premirement les jarbes ne soient liŽes et mises en monts, moyennans quoy les hŽritiers et fermiers rŽciproquement ne pourront faire chasser leurs bestiaux sur lesdits champs que vingt quatre heures ensuivant les dŽpouilles enlevŽes È