Jehan DU CAUROY, ˆ Habarcq

(AD59, B1741, folio 264v)

 

En 1530 ˆ Habarcq, Jehan DU CAUROY tue Nicolas LE CORDIER ˆ la suite dĠun diffŽrend dans une taverne, ce dernier reprochant au tavernier de nĠavoir eu quĠun pain, Jehan soutenant le tavernier qui affirmait en avoir donnŽ deux audit Nicolas.

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Jehan DU CAUROY dit Hannequin, faulconnier du seigneur de Habarcq, chargiŽ de femme et enffans, demourant au villaige dudit Habarcq, contenant comme le Xe jour de juillet dernier passŽ par ung dimence, ledict suppliant ayant jouŽ ˆ la paulme, tost aprs pour se recrŽer seroit allŽ en la maison de Jehan de WANCQUETIN tavernier, o luy et le censier de Haultavesnes mandrent de la bierre ˆ ung bout de table. Et avant que ledict suppliant y arriva, il trouvat ˆ ladicte table ung nommŽ Nicolas LE CORDIER dit Collinet, ˆ prŽsent deffunct, qui faisoit ung autre escot avec deux de ses compaignons et aprs que iceluy deffunct et ses compaignons eurent estŽ illecq certaine espace de temps, ilz volurent scavoir de lĠhoste leur escot, lequel leur respondit quĠil estoit bon ˆ savoir, et quĠilz nĠavoient eu que quatre lotz de cervoise et deux pains. En comptant lesquelz deux pains ledict deffunct dit et argua quĠilz nĠavoient eu que ung. Mais il luy fut par ceulx qui estoient ˆ ladicte table dit quĠilz avoient eu deux pains, toutesvoyes chacun de lĠescot dudict deffunct disoit le point avoir prins. Et ce oyant par ledict suppliant, il dit quĠil le failloit cherger et esclaver ˆ tous ceulx de la table, ce qui fut faict. Mais ledict pain ne fut point trouvŽ et dudict esclavement se malcontentoit assez ledict deffunct, demandant sĠil sambloit quĠil y eust disette dĠung pain. A quoy ledict suppliant respondit pour ce quĠil nĠavoit gaires de temps que lĠon sĠestoit venu plaindre ˆ la dame dudict Habarcq dudict deffunct o ledict suppliant estoit prŽsent, quĠil avoit prins et desrobŽ ung oison, quĠil nĠavoit suspicion sur ledict deffunct au moien quĠil estoit mal famŽ et renommŽ. Et alors iceluy deffunct dit audict suppliant par deux ou trois fois quĠil estoit ung meschant homme. Et ledict suppliant luy respondit en demandant : mĠappelez vous meschant homme, il nĠy a point de plus meschant homme en la compaignie que vous. ProfŽrant lesquelles parolles ledict deffunct print en sa main quelque chose sur la table et le rua aprs ledict suppliant dont il le assŽna en la teste et en cest instant, par chaulde colle iceluy suppliant print un chandelier qui estoit sur la table et le rua aprs ledict deffunct, dont il fut bleschiŽ ˆ sancq et abbatu par terre. Et ce fait, pour Žviter plus grant noise ledict suppliant se partyt de la maison dudict Jehan de WANCQUETIN pour sĠen aller ˆ sa maison et pour ce quĠil craindoit que ledict deffunct ne vint aprs luy, il sĠen alla par les jardins sans aller son chemin accoustumŽ affin quĠil ne le trouva point. Et en allant ˆ cause quĠil nĠavoit point de baton, il recoeullit une manouelle de bois longue de deux ou trois piedz quĠil mit soubz son brach. Et ledit deffunct voyant que le suppliant sĠen Žtoit allŽ le volut tousiours suivre pour le grever et oultragier, mais il fut aucun tamps dŽtenu en la chambre par les assistens. NŽantmoins il en partist et soubitement sĠen alla en sa maison quŽrir une fourcque et vint chercer aprs ledict suppliant lequel estoit assez prs de sa maison pour se retirer laissŽ de lĠ‰me. Et cependant voir venir vers luy hativement ledict deffunct garny de ladicte fourcque pour lĠoultraiger, auquel ledict suppliant ce voyant dit ces mots : Collinet ne me approcez point se vous ne me tuez tout rond, car je vous fauldray point. ce nonobstant ledict deffunctvint ˆ lancher ladicte fourque aprs ledict suppliant quy la destourna dĠung palleto et entra soubz ladicte fourcque au moyen de quoy ledict deffunct ne poeult frapper et lĠavoir dĠestocq, mais il frappa de hault sur ledict suppliant, lequel tint ladicte fourcque en sa main et de ladicte manouelle de bois quĠil tenoit en sa main luy donna ung coup en la teste. Et durant quĠilz tenoient ˆ deux encoires ladicte fourcque, le suppliant frappa derechief de ladicte manouelle sur lĠautre lez de la teste dudict deffunct. Et ce fait iceluy deffunct sĠenfuit et ledict supliant rua aprs luy ladicte manouelle, mais il ne scet sĠil le assŽna. Desquelz coups ledict Nicolas LE CORDIER tomba tost aprs par terre, et illec seroit allŽ de vie ˆ trespas.(É)

DonnŽ en notre ville de Malines ou mois dĠaoust lĠan de grace mil cincq cens et trente et de noz rgnes assavoir de lĠempire le premier et de Castille et autres le XV; soubzscript par lĠempereur en son conseil ; signŽ HERDINCLE .

 

[cherger et esclaver= rendre responsables ; laissŽ de lĠ‰me = ne voulant pas mourir]