Olivier CASTELLET, de Neuville-Saint-Vaast

(AD59, B1736, folio 33v)

 

En 1525 dans un cabaret ˆ Neuville-Saint-Vaast, un homme de guerre demande ˆ Simon DU FOEUL de lui prter son escot, ce que ledit Simon accepte. Mais lĠhomme de guerre se ravise. SĠensuit une rixe au cours de laquelle Rolland CASTELLET tue le nommŽ Anthoine DU FOEUL. Olivier CASTELLET frre dudit Rolland implore le pardon bien que nĠayant pas participŽ ˆ lĠhomicide.

Charles, etc, scavoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble suplicacion de Olivier CASTELLET, povre jeusne compaignon ˆ marier, demourant au villaige de Neufville Saint Vaast en notre pays et contŽ dĠArthois, contenant comme le mercredy XIXe jour du mois dĠavril dernier passŽ, il suppliant avec Rolland CASTELLET son frre, feu lors vivant Anthoine DU FOEUL et autres beurent ensemble au cabaret dudit lieu de Neufville, o semblablement estoient deux compaignons de guerre. Et aprs lĠescot finy, lĠung desdits compaignons de guerre tint proppos et requist ˆ ung nommŽ Simon DU FOEUL estant en ladite compaignie de prester ou emprunter ledit escot. Sur quoy icelluy  Simon respondit quĠil devisast comment il le voloit prester ou quĠon luy prestast ledit escot. A laquelle demande icelluy compaignon de guerre dit quĠil le presteroit audit Simon sur la premire coursse quĠil feroit en France, ou sur le premier argent quĠil receveroit de Nous pour ses gaiges et soldes, ou sur la premire fois quĠil retourneroit audit lieu de Neufville, laquelle offre ledit Simon accepta. Mais depuis ladite acceptation, ledit compaignon de guerre rappella son mot, disant nĠavoit point dĠargent, impropŽrant audit Simon DU FOEUL plusieurs haultaines parolles et iniurieuses. Ausquelles icelluy Simon respondit et dit audit compaignon de guerre que sa mre estoit preude femme, et que par mort Dieu il le combatteroit baston ˆ baston sur ceste querelle et quĠil estoit aussi bon gendarme comme luy. Pendant lesquelles parolles survint ledit Rolland CASTELLET frre dudit suppliant, lequel tenant ung cousteau nud en sa main, et dĠicelluy frappant sur la table adressant ses parolles audit Symon DU FOEUL : dist mordieu quĠesse cy marissal, ne aye point dŽfiance en moy, tu scez bien quel homme je suys, je ne laisseray point fouller ceulx avec qui je seray, car je suys trop franck. Ce oyant ledit deffunct Anthoine dist audit Rolland CASTELLET quĠil nĠestoit point si franc quĠil disoit, puisquĠil souffroit plustost traveillier ceulx de sa ville, que ceulx de dehors. A raison de laquelle responce faicte par ledit feu Anthoine, icelluy Rolland tout malcontent wyda hors de lĠassiette, ayant son espŽe nue en sa main, de laquelle il frappa plusieurs cops aprez ledit deffunct Anthoine, lequel se mectoit ˆ deffence, en sorte que de la force des cops quĠilz ruoyent lĠun aprez lĠautre, ilz tombrent tous deulx par terre. Et fut icelluy deffunct bleschiŽ en plusieurs lieux de son corps, par telle manire que souldainement il termina ses jours.

Et combien que ledit suppliant nĠait estŽ cause ne occasion dudit dŽbat, ne aucunement feri, ne frappŽ aprez ledit deffunct, ne baillŽ ayde ˆ sondit frre, nŽantmoins pour ce que aux bruyt et clameurs, que iceulx deffunct et Rolland faisoient en eulx dŽbattans, ledit exposant saillit en la court dudit cabaret et quĠil estoit garny dĠune broche r™tissoire de fer, et que atout icelle, aprez ledit cas et homicide commis, il assista ledit Rolland CASTELLET son frre, ˆ soy solver et fuyr, il entend que lĠon le veult charger et tenir coupable dudit homicide, ˆ laquelle cause il nĠoseroit pour doubte et rigueur de justice, ne hanter ne converser en noz pays et seigneuries .(É)

DonnŽ en la ville de BrŽda, ou mois de juillet lĠan de grace mil cincq cens vingt et cincq, et de noz rgnes assavoir des Romains et Hongrie etc le VIIIe et des Espaignes et de tous les autres le X; ainsi soubsscript par lĠempereur en son conseil  et signŽ Verderue.

 

[impropŽrer = reprocher comme une chose honteuse ; preude femme = femme honnte, de mŽrite ; fouler = discrŽditer]