Jaques BREYLE, de Bruges
(AD59, B1738, folio
97v)
En 1521 Arras, Jaques BREYLE frappe mortellement
un certain Pierchon qui lui avait jet un pot de cervoise sur le bras, tant
sans doute jaloux du suppliant qui voulait sÕapproprier une fille dans un
cabaret.
Charles, etc, savoir faisons tous, prsens et
advenir, nous avoir receu lÕumble supplicacion de Jaques BREYLE, natif de notre
ville de Bruges, jeusne homme marier, prsent serviteur et lacquay au conte
de HOOCSTRATE, contenant comme cincq ans ou environ la Pentecouste, icelluy
suppliant lors estant en notre service comme homme de gherre soubz la charge du
seigneur de Vernoeul, sÕest trouv certain
cabaret nomm Saint George, en notre ville dÕArras, accompaigni
dÕun nomm Pierchon, aussi serviteur icellui seigneur de Vernoeul, ne set son
sournom ne dont il estoit, et dÕun autre compaignon, lequel semble il, ne
anguoit avec eulx. Vint une fillette nomme Bonnette et aprez avoir beu
certaine espasce jusques environ le disner, ledit supliant demanda ausdits
compaignons qui estoit icelle fille, lesdits compaignons respondirent quÕelle
nÕestoit eulx. Sur quoy ledit supliant dit : si elle nÕestoit
nulluy, elle est moy, en paiant
lÕescot la cuidant embrasser sans violence. Ledit Pierchon, sans mot dire,
print le pot cervoise et le jetta aprez ledit supliant et lÕatteintit au
bras, de sorte que dudit coup il tomba par terre et endormit icelluy bras. Et
pendant que ledit suppliant torcha son viaire de ladite cervoise, ladite fille et
Pierchon sÕenfuyrent et ledit Pierchon demoura lÕhuys de la chambre avec son
espe tire. Ce veant par icellui suppliant dit : je vous demande riens, lors icellui Pierchon jurant la douleureuse mort et
benotes playes de notre rdempteur Jsus Christ disant : vous voulez
batre tout le monde, je vous assneray maintenant, ou semblez motz en substance. Ledit supliant veant
quÕil lui estoit besoing soy desfendre, rurent plusieurs coups lÕun aprez
lÕautre, de sorte que ledit Pierchon, lequel estoit arm dÕun bon buffle scrte
et avant bras, receut un coup sur lÕun dÕiceulx, le cuidant dÕicellui avant
bras ruer rien, le receut en son sen et de quoy il tomba terre. Ce veant,
ledit suppliant saillit oultre ledit Pierchon hors de ladite chambre sans lui
faire autre mal, duquel coup trois jours ou environ il termina de vie
trespas.
Duquel cas icelluy suppliant est amrement repentant,
et en fait satisfaction sÕaucune en sÕen trouver, et en a fait les debvoirs de
soy en guerre (É).
Donn en notre ville de Malines le jour du Vendredi
Saint ou mois dÕavril lÕan de grace mil VC XXVI et de noz rgnes
assavoir des Romains et le VIIIe et de Castille et autres le XIe ;
par lÕempereur en son conseil ; Dublioul visa.
[viaire = visage ; buffle = justaucorps que porte
les gens de guerre en guise de cuirasse, cÕest aussi la partie du casque
protgeant les joues]