Huchon BOUTELOT, Arras
(AD Lille B1735,
folio 124)
En 1524 Arras, quelques
compagnons de guerre se rcrent dans la rue avec un joueur de rebec quĠils ont
pay. Survient une bande de soldats qui prtendent avoir le musicien
gratuitement. Une rixe clate, et lĠun de ces soldats est bless mortellement.
Charles, etc, savoir faisons
tous prsens et venir, nous avoir receu lĠumble suplication de Huchon
BOUTELOT, Colin WAULTIER, Pierrotin BOULENGHIER et Jacotin de le PORTE, povres
compaignons de geurre tenans garnison en notre ville et conduite dĠArras,
contenant comment le XVe jour dĠaoust dernier pass, environ neuf
heures du soir, lesdicts suplians se trouvrent ensemble aians ung joueur de
rebequet pour faire des hobades et eulx rcrer. Et ainsi quĠilz estoient en
notredicte ville dĠArras, assez prez du carfour nomm la Place Castelain,
survindrent illec sept ou huit compaignons de guerre doubz la charge du
seigneur de Warluzel, lesquelz demandrent ausdicts suplians quĠilz faisoient
dudict joueur, disans quĠilz le vouloient avoir. A quoy lesdicts supplians
respondirent tout gracieusement que en les payant ilz le bailleroient
vonlentiers, et non autrement, attendu quĠil estoit leurs gaiges et quĠilz le
avoient lou. Desquelles responces lesdicts compaignons se montrrent
malcontens, et en jurant et blasphmant le nom de Dieu, dirent ausdicts
suplians quĠilz les chasseroient couchier, et auroient ledict joueur sans
payer. Et en enssivant, ce commencrent ruer de leurs bastons sur lesdicts
suplians, sans eulx vouloir dporter, combien que iceulx suplians leur en
requissent pluiseurs foiz en disant ces motz ou en substance : compaignons
dportez vous, nous ne vous demandons riens, ce quĠilz ne vouloient faire. Au
moyen de quoy lesdicts suplians furent contrains eulx mettre deffence, et
firent tellement que lesdicts agresseurs se retirrent sans leur faire aucun
mal. Mais encoires non contens de ce, revindrent derechief en plus grand
nombre, ruer sur lesdicts suplians qui estoient en petit nombre, et ne se
eussent peu bonnement sauver, attendu le nombre desdicts agresseurs, laquelle
cause iceulx supplians pour sauver leurs vies se mirent encoires deffence. Et
en ce faisant, lĠun dĠiceulx supplians toucha lĠun desdicts agresseurs nomm
Jacque GOSSON sur la teste, duquel cop il cheyt terre. Que lors lesdicts
agresseurs ce voyans se retirrent incontinent, sans quĠilz furent poursuyz par
lesdicts suplians, ainois relevrent ledict GOSSON estant terre, tristes
dĠavoir est contrains de ainsi le bleschier, en lui disant : compaignon,
va toy faire penser, nous ne te demandons riens. Et tant se retirrent
lesdicts suplians chacun en son logis, mais depuis ont oy dire que ledict
GOSSON, certain temps aprs ledict dbat faulte de pense cirurgien ou autrement, seroit all de vie
trespas. ( É) Donn en notre ville de Malines ou mois de novembre lĠan de grace
mil cincq cens vingt et quatre, et de noz rgnes assavoir des Romains et
Hongrie le septiesme et des Espaignes le neufiesme ; par lĠempereur en son
conseil ; sign Verderue.
[ainois
= mais bien au contraire.]