Vincent de BOURSSE, ˆ Arras

(AD59, B1734, folio 18v)

 

En 1523 ˆ Arras, dans une taverne Vincent de BOURSSE bavarde avec un compagnon. Surviennent trois personnes dont un homme de Zwater et une fille de joie. On refuse de donner ˆ boire ˆ cette dernire. Ledit homme de Zwater aprs avoir cherchŽ querelle audit Vincent, le poursuit dans la rue et pour se dŽfendre Vincent de BOURSSE lui donne un coup dĠŽpŽe mortel en la poitrine.

 

 

Charles etc, savoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Vincent de BOURSSE, natif de notre ville de Soingnies en notre pays et contŽ de Haynnau, archier de noz ordonnances soubz la conduicte du seigneur de RAVESTAIN notre cousin tenant garnison en notre ville et citŽ dĠArras, contenant comme le dimenche devant Pasques flourie dernier passŽ, environ sept ˆ huit heures du soir, ledit suppliant vint au cellier nommŽ des Rezettes sur le grant marchiŽ de notre dite ville dĠArras, visiter ung nommŽ Jehan de LE BASSƒE, piŽton de ladite citŽ estant maladde ˆ intencion de luy donner le bon soir. Et illecq estant, est avenu que ung sergant ˆ masse de notre gouvernance dudit Arras accompaingniŽ dĠung autre homme lequel, comme depuis ledit suppliant a entendu, estoit natif de Zwater et dĠune fille de lŽgire vie lesquelz ledit suppliant ne congnoissoit, entrrent audit scellier et illec demandrent ˆ boire, ce que leur fut reffusŽ par lĠhoste et lĠostesse,nĠestoit quĠilz donnassent congiŽ ˆ ladite fille de lŽgire vie veu le bon jour. A quoy ilz respondirent en jurant dŽtestablement le nom de Dieu quĠilz en auroient et faisant grosses insolences et meismes ladite fille de lŽgre vie disant quĠelle avoit argent et quĠelle auroit ˆ boire et en ce disant et saultant de bancq en bancq abatit par terre le poisson et ce qui estoit sur la table. Et au surplus continuant par ledit sergant et ledit autre homme de mal en pis, et jurant et blasphŽmant le nom de Dieu dirent quĠilz auroient aussi bien ˆ boire que ledit suppliant, lequel estoit assiz auprs du feu et divisoit avec ledit BASSƒE. A quoy par ledit suppliant fut respondu doulcement : je ne suis point icy pour boire mais pour venir veoir ce compaingnon icy maladde et dire bon soir ˆ lĠhoste ainsi que jĠay acoustumŽ. A quoy respondit ledit homme en jurant la mort Dieu et appellant ledit suppliant par pluiseurs fois villain, quĠil auroit aussi bien ˆ boire que luy. Que lors ledit suppliant dit : mon frre je nĠay point ˆ boire et se nĠen veul point, je viens icy pour moy chauffer et dire le bon soir ˆ lĠhoste. Quoy veant par ledit sergant dit audit homme : allons nous en, ce que ledit homme nĠen voulut faire, mais au contraire print une javeline de barde quĠil avoit apportŽe appoyŽe ˆ ung pilier et pareillement ledity sergant la sienne. De laquelle javeline ledit homme lancha sans autre chose dire aprs ledit suppliant et le attaindist au costŽ senestre et le blescha ˆ sang courrant. Et ce voyant par ledit suppliant, print son espŽe qui estoit sur la table en disant : mon frre ne nous combatons point icy si vous me voulez quelque chose venez vous en lˆ hault sur les rues, mectez voz javelines juz et nous combatrons de main ˆ autre. En disant lesquelles parolles ledit suppliant se partist hors dudit celier sans tirer son espŽe et fut hastivement poursuy par lesdits homme et sergant. Et venuz sur les rues ledit suppliant leur dit quĠil ne leur demandoit riens. Et ainsy quĠil sĠen cuidoit aller, ledit homme lui dit telz motz ou en substance : je tĠeffondray, en lanchant ladite javeline aprs luy. Quoy veant par ledit suppliant en dŽmarchant dit par pluiseurs fois tant audit homme que sergant : je ne vous demande riens, en destournant pluiseurs cops desdites javelines. Et nŽantmoins aprs toutes remonstrances et excuses veant quĠil estoit besoing de perdre la vie entra ens et dĠune espŽe ou verdun quĠil avoit en sa main, en ruant un cop dĠestocq sur ledit homme et le attaindit en la poitrine. Duquel cop ledit homme termina incontinent vie par mort. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines le mois dĠavril lĠan de grace mil cincq cens et vingt trois et de noz rgnes assavoir des Romains et Hongrie le IIIIe et des Espaingnes le VIIIe ; par lĠempereur en son conseil ;VERDE RUE visa.

 

[le bon jour = la bonne renommŽe du cellier ; effondrer = abattre, dŽtruire ; ens =  dans]