Michault BOIZEVILLE, Arras
(AD59, B1734, folio 69)
En 1523 deux hommes de guerre : Michault
BOIZEVILLE et Symon LE CARON sont dmobiliss et esprent devenir hallebardiers
Arras, ce que leur promet le gouverneur ds quĠune place sera libre. Peu
aprs Malin HELYON recommande le supliant au capitaine des hallebardiers, ce
qui indispose Symon LE CARON qui cherche alors noise auxdits HELYON et
BOIZEVILLE. Ce dernier finit par tuer LE CARON dĠun coup dĠpe dans la bouche.
Charles, etc, savoir faisons tous prsens et
avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Michault BOIZEVILLE, povre
machon demourant Blareville en notre cont dĠArtois, chargi de femme et de
pluiseurs petiz enffans, contenant que depuis lĠencommencement de la prsente
guerre, ledit suppliant sĠest continuellement occup en notre service soubz
divers capitaines et dernirement lors que par la charge de notre cousin le
conte de GARE capitaine et lieutenant gnral de noz pays et de cont de
Flandres et Artois, furent mis sus aucuns pitons pour empescher le
ravitaillement de la ville de Throuane, ledit suppliant fut enroll avec ung
nomm Symon LE CARON dudit villaige de Blareville prsent deffunct, soubz le
capitaine Frdric de MELUN et fit le serment en tel cas requiz. Lesquelz
pitons furent tost aprs ladite retenue cassez. A cause de quoy lesdits
suppliant et deffunct Symon LE CARON furent requrir au visconte de GAND notre
gouverneur dĠArras, leur donner et ottroyer place de hallebardier du nombre des
cent quĠil y avoit en ladite ville, entendans que lors y olt aucunes places
vacans, ce que nĠestoit vritable. Touttesfois notredit gouverneur dĠArras, en
faveur de gens de bien qui de ce le requirent, ottroya ausdits suppliant et
deffunct Symon LE CARON la premire place en ladite bende et compaingnie de
cent hallebardiers, ainsy que leur fut rapport de bouche par ceulx que lĠen
auroient requiz. A ceste cause, le lendemain ... jour de juillet, icelluy
suppliant, accompaingni de Malin HELYON ung des hallebardiers de notredit
gouverneur, se transporta vers Hues DU BOSQUET seigneur de Bradimes lieutenant
et capitaine de ladite compaingnie pour le advertir de la responce et promesse
faite par icellui notre gouverneur dĠArras, affin que en temps et en lieu, il
en eust mmoire sĠaucune chose escheoit et quĠil le voulsist avoir pour
recommande premier sondit compaingnon, et tost aprs retournrent ensemble
lesdicts HELYON et suppliant. Et certain temps aprs vindrent sur le marchi de
notredite ville dĠArras o estoit ledit deffunct Symon LE CARON, lequel sitost
quĠil a perceu ledit HELYON vint luy de couraige esmeu et luy dit quĠil
lĠavoit blasm audit capitaine et luy avoit dit que sĠil estoit retenu en
ladite compaingnie que dĠung mois il en seroit les trois sepmaines hors de la
ville et quĠil avoit des empeschemens assez en sa maison sans estre gendarme.
Ce veant ledit suppliant, contendant rompre lĠyre dudit deffunct, sĠapprocha
dĠeulx ausquelz ledit deffunct sĠadrescha et dit quĠilz estoient bien traittres
et desloyaulx de le avoir ainsy blasm son capitaine, disant de rechief
quĠilz luy avoient dit que sĠil estoit retenu en ladite compaingnie, que dĠung
mois il en seroit les trois sepmaines en sa maison. A quoy le suppliant
respondit doulcement que non avoit et quĠil le tenoit pour son amy et son
voisin et quĠil ne le avoit blasm ne mesdit de luy. Et au contraire ledit
deffunct insistoit par parolles contre lesdits suppliant et HELYON, les
dmentist et, en jurant le nom de Dieu, respondist que si avoient et quĠilz
avoient dit mal de luy. Tellement que pour viter plus grant noise aucuns des
assistens les incitrent et vouldrent induire aler en la Maison Rouge estant
sur ledit marchi disans que ledit capitaine Hues DU BOSQUET y estoit. A quoy
se accordrent lesdits suppliant et HELYON et de fait se misrent en voye pour y
aler, affin de savoir quelle chose en diroit ledit capitaine.
Et ainsy quĠilz aloyent ensemble ledit deffunct frappa
de sa main ledit suppliant au visaige et luy donna ung soufflet, ce quĠil porta
paciemment sans desgaingner son baston. Et ce fait en continuant en son
arrogance icellui deffunct entortilla son paltot autour de son bras,
desgaignant son espe lana aprs ledit suppliant et le attaindit sur la teste,
toutesfois ne le navra tant cause que ledit HELYON destourna le cop de sa
hallebarde que au moyen du bonnet dudit suppliant qui rompit ledit cop. Et de
fait contendit ledit deffunct grandement lĠoutraigier tant de cop dĠestocq que
autrement, tellement que ledict suppliant, pour soy garander et deffendre
contre ledit deffunct, fut constraint de desgaigner ung veredon quĠil avoit et
le prsenta nud audevant dudit LE CARON lequel sĠapprochoit de plus en plus contendant
oultraigier icellui suppliant. Parquoy ledit suppliant attaindist ledit
deffunct dĠun cop en la bouche tellement quĠil le percha tout oultre. Duquel
cop par faulte dĠappareil, bon gouvernement ou autrement ledit Symon LE CARON
est al de vie trespas. (É)
Donn en notre ville de Bruxelles ou mois dĠaoust
lĠan de grace mil cincq cens vingt et trois, et de noz rgnes assavoir de cely
des Romains et de Hongrie etc le IIIIe et des Espaingnes etc le VIIIe.
Par lĠempereur.
[il porta paciemment : il supporta patiemment ;
paltot = paletot, justaucorps port par les archers et laquais]