Bertram BLANCHET, à Arras

(AD59, B1734, folio 5)

En 1529 à Arras, le jour des noces d’un collègue boucher, Bertram BLANCHET, ayant trop bu se querelle pour un patard avec Jehan LABBÉ lors d’un jeu de dés. Peu après Bertram tue jehan d’un coup de couteau en la poitrine.

Charles, etc, savoir faisons à tous présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Bertram BLANCHET, bouchier demourant en notre ville d’Arras, chargié de femme et pluiseurs petis enfans, contenant comme le mardy vingt septième jour de janvier dernier passé, icellui suppliant se trouva avec aucuns ses compaignons bouchiers en ladite ville pour la récréacion qu’ilz faisoient l’un avec l’autre pour raison du mariage d’un leur compaignon qui se marioit ledit jour et lequel leur avoit fait aucun présent ainsi qu’ilz ont accoustumé faire l’un à l’autre. Et eulx estans assemblez en la maison et taverne du Change d’Or située sur le marchié de notredite ville d’Arras, aprez pluiseurs joyeusetez sans aucune noise, commencèrent jouer aux dez l’un avec l’autre et entre autres icellui suppliant et deffunct Jehan LABBÉ aussi bouchier d’icelle ville. Et en jouant ledit supliant, qui avoit perdu, retira ung patart disant qu’il faisoit sa levée pour sa dernière main, dont ledit deffunct LABBÉ se malcontenta, disant : tu me le rendra, à quoy icelluy supliant respondit que non feroit. Et ce fait, icellui deffunct se leva du banc et tira son couteau en venant à tout icellui vers ledit suppliant, lequel rendit ledit patart et à tant furent séparez d’aucuns assistens, ainsi que ledit supliant a depuis oy dire, autrement n’en est mémoratif, par ce qu’il estoit fort surprins de vin et n’avoit fait tout le jour que boire. Laquelle noise, par male adventure, se recommença et fut ledit supliant bleschié en la main. A cause de quoy icellui suppliant, tout eschauffé ainsi surprins et de chaulde colle, par cas de malfortune donna audit deffunct ung cop de couteau en la poitrine. Duquel cop, environ huit jours après icellui feu, par mauvaise garde, faulte de appareil ou autrement, termina vie par mort. (…)

Donné en notre ville de Malines ou mois de mars l’an de grace mil cincq cens vingt deux et de noz règnes assavoir de cely des Romains et de Hongrie le quatriesme et des Espaignes etc le septiesme ; ainsi signé par l’empereur en son conseil ; signé VERDE RUE.