En 1526 à Lens, Siméon BERTELOT tue d’un coup d’épée Henry GOSSEL qui lui devait de l’argent et ne voulait le payer.

Charles, etc, savoir faisons à tous présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplication de Siméon BERTELOT, povre homme chargé de femme et enffans, contenant comme environ quatre ans et demy, averty que l’on avoit baillié aucun argent aux compaignons de guerre piétons de la garnison de Lens en Artois, soubz la charge du bailly dudit lieu, se transporta audit lieu de Lens à intencion de recouvrer argent d’aucuns compaignons de ladite garnison qui lui debvoient pour despense de bouche faites en la maison de lui supliant durant le temps qu’ilz estoient en garnison en la cité d’Arras. Où ilec trouva Henry GOSSEL, à présent defunct, l’un desdits compaignons de guerre, assez prez de l’hostellerie du Heaulme située ès faulxbourg de Lens, auquel il demanda qu’il luy voulsist baillier cinc ou six solz tant moins à ce qui lui debvoit pour la cause dite. A quoy ledit defunct luy feyt responce ces parolles ou en substance : se je ay receu de l’argent, ce n’est point pour toy. Et aprez pluiseurs parolles arrogantes qu’ilz eurent l’un contre l’autre, ledit defunct dit audit supliant, s’il ne se tannoit point de tant parler à luy et que se il ne se depportoit il lui feroit desplaisir, desgaignant son espée. Et ce voiant, ledit supliant jecta une hacquebutte qu’il avoit par terre, desgayna pareillement son espée, frappèrent l’un contre l’autre de leursdites espées. Et ainsi qu’ils se entrebatoient, une fille de joye qui hantoit avec ledit Henry, laquelle recuiella ladite hacquebutte et d’icelle en frappa et attaindit ledit Siméon par derrière sur son col. Et en frappant l’un sur l’autre par la manière que dit est, ledit supliant lancha ung cop d’estocq en la poictrine dudit Henry dont il fut bleschié à sang courant et playe ouverte. Et à cause dudit cop, fut certain temps couchant malade audit lieu de Lens et aprez ce feyt mener sur une carette ès faulxbourg de Béthune, et environ trois sepmaines aprez il termina vie par mort. (…)

Donné en notre ville de Malines ou mois de may l’an de grace mil cinc cens trente et de noz règnes assavoir des Romains et Germanie le XI^e et de Castille et autres le XIIII^e (…).

[être tanné = être fatigué]