Florens BAUDUIN, ˆ Arras et BŽthune

(AD59, B1735, folio 48v)

 

Dans la prŽsente lettre de rŽmission, le suppliant Florens BAUDUIN est concernŽ par deux homicides, dont lĠun commis par lui.

En 1522 ˆ Arras, Florens BAUDUIN accompagnŽ de Phot WAGHET, reproche ˆ Baudrain CAMP de frapper trop fort ˆ une porte dans la rue. Aprs une querelle, Baudrain CAMP est tuŽ par Phot WAGHET. Florens doit alors se retirer ˆ BŽthune, o il est archer.

Plus tard, il boit dans une taverne ˆ BŽthune, avec un autre archer dont le nom est inconnu. Ce dernier se f‰che parce que Florens BAUDUIN ne veut boire davantage. Une rixe Žclate alors, et lĠarcher querelleur est tuŽ par Florens.

 

Charles, scavoir faisons ˆ tous prŽsens et avenir, nous avoir receu lĠumble supplicacion de Florens BAUDUIN, josne filz ˆ marier ŽagiŽ de vingt cincq ans ou environ, contenant comme le XXVe jour de juillet dernier passŽ en cet an mil cincq cens vingt trois, ˆ neuf heures du soir, icellui suppliant se seroit trouvŽ en notre ville dĠArras, auprez du Coulot Saint Aubert, accompaignŽ de Franois ENLART natif dudict Arras, et de Phot WAGHET sergant de la gouvernance dĠArras, lequel supliant et autres rencontrrent ung Michel de PARIS, Colin LE FER, Baudrain CAMP ˆ prŽsent deffunct, et Jennet LE MERCHIER, lesquelz de PARIS et CAMP busquoient ˆ ung huys de ladicte rue. Et lors icellui suppliant leur dit ces motz : busquez bas, ce nĠest point ung bordeau. A quoy icellui de PARIS respondit audict suppliant ces motz : passez oultre, ou aultrement je vous monstreray quĠil mĠen desplaira. Et incontinent ledict supliant et ses compaignons, pour Žviter noise, se dŽpartirent et sĠen allrent vers lĠospital Saint Jehan tout au long de la rue, et fut icellui suppliant contraint dĠaller faire sa nŽcessitŽ auprez dudict hospital Saint Jean. Et lesdicts ENLART et WAGHET se retirrent par derrire ledict hospital par une ruelle qui maisne au pont Saint Vaast, et trouvrent ˆ la porte derrire dudict hospital lesdicts de PARIS, Baudrain CAMP, et Collin LE FER et Jennet LE MERCHIER. Et lors ledict de APRIS dist audict ENLART : ne te abstiendras tu jamais de venir icy ? Et en jurant la mort de Notre Seigneur desgaigna son baston disant ces motz : je ay envye de me batre aurjourdĠhuy ˆ toy. Et lors ledict Baudrain desgaigna aussi son baston. A quoy iceulx ENLART et WAGHET respondirent ces mots : nous ne vous demandons riens. NŽantmoins ledict de PARIS non content de ce, dit audict ENLART quĠil se deffendit. Et ce fait ledict de PARIS et Baudrain son compaignon, rurent sur lesdicts ENLART et WAGHET. Et lors, icellui suppliant qui sievoit ses compaignons, survint sur ladicte noise et pour les desmesler rua sur ledict Michiel de PARIS dĠune javeline quĠil tenoit et ce seullement du bois, duquel cop le fer dĠicelle javeline cheyt ˆ terre, et ne fist aucunement sang audict PARIS. Quoy veans lesdicts ENLART et WAGHET se mirent en fuyte, et incontinent icellui supliant fut dŽbastonnŽ de sadicte javeline, et dĠun estocq quĠil avoit en fut fort bleschiŽ en la main dextre et au genoul. Et ce fait commena ˆ cryer aprs lesdicts ENLART et WAGHET en disant ces motz : me lairez vous tuer, je me suis mis en dangier pour vous ? Aprez lesquelles parolles lesdicts ENLART et WAGHET retournrent pour secourir audict suppliant et rurent sur lesdicts de PARIS et Baudrain CAMP, tellement que ledict WAGHET frappa deux cops dĠestocq audict Baudrain CAMP, lĠun ou corps, lĠautre au front, au moyen desquelz cops ledict Baudrain CAMP huit jours aprez ou environ, par faulte de bon appareil ou autrement, termina vie par mort.

Pour lequel cas icellui supliant certains jours aprs a estŽ semons sur la teste de notredite ville dĠArras a touiours, au moyen de quoy icellui suppliant se seoit parti dĠicelle ville, et allŽ rŽsider ˆ BŽthune, o il auroit estŽ receu en notre service comme archier ˆ deux chevaulx, doubz la charge du conte dĠEspinoy, o il se seroit acquittŽ ˆ son povoir jusques environ le mois de septembre enssuivant, que ledict supliant estant s faulxbours dudict BŽthune, accompaignŽ dĠun nommŽ N É archier de ladicte compaignie et dĠun sien frre, allrent boire ensemble en la maison de Guyot dĠARRAS carbartier demourant sdicts faulxbours de BŽthune. Et quant ilz olrent beu icellui supliant se voulut partir disant : nous avons icy assez beu. A quoy lesdicts frres lui dirent quĠil buvroit encoires et que le jour prŽcŽdent les avoit enyvrŽ, parquoy le vouloient enyvrer ledict jour. A quoy icellui suppliant ne volut consentir , disant quĠilz avoient tous assez beu, et lors icellui deffunct dit audict supliant tout courroucŽ ces motz : par la mort Dieu tu beuvras. Et en ce disant desgaina son espŽe et frappa sur ledict suppliant dĠun cop dĠestocq en la poitrine, duquel cop icellui suppliant fut bleschiŽ ˆ sang courant et playe ouverte. Et encoires non content, ledict deffunct relancha derechief aprez ledict suppliant et sondict frre print ung pot estant sur ladicte table pour le ruer aprez icellui suppliant. Quoy voiant icellui suppliant pour garandir sa vie, et en soy deffendant, frappa sur ledict deffunct dĠun cop dĠestocq aussi en la poitrine, dduquel cop tantost par faulte de bon et brief appareil ou autrement il seroit allŽ de vie ˆ trespas. (É)

DonnŽ en notre ville de Malines le jour du Vendredi Saint ou mois de mars lĠan de grace mil cincq cens vingt et trois, et de noz rgnes assavoir de cellui des Romains et Hongrie le cincquiesme et des Espaignes le huitiesme ; par lĠempereur en son conseil ; signŽ Darthe.

 

[busquer ˆ ung huys = frapper ˆ une porte ; laier = laisser ; semons = obligŽ de quitter ; ruer = porter un coup ; estocq = ŽpŽe longue et droite ; cop dĠestocq = coup droit de la pointe de lĠŽpŽe]