La suette en 1723

La suette est une fièvre éruptive, contagieuse, caractérisée par des sueurs abondantes, de fortes palpitations du coeur pouvant entraîner la mort par syncope, ce qui fait dire au curé d'Acq que les malades sont morts de crainte. Elle frappe surtout les adultes. Son origine est obscure. Moins meurtrière que la peste, car elle ne touche que 2% de la pompulation, elle apparaît pour la première fois en 1712 à Montbéliard. En 1723, cette épidémie se propage le long de la route de Saint-Pol à Arras et remonte vers le nord. Camblain-l'Abbé et Cambligneul sont épargnés. Signalée à Mont-Saint-Eloi et Acq le 11 août, à Aix-en-Gohelle le 12 août, elle l’est à Beuvry le 15 du même mois.

Les remèdes proposés à l'époque pour soigner la suette: « faire chauffer une pinte de vin rouge, y ajouter un sol de canelle, un sol de gengembre, une moitié de noix muscade, trois clous de girofle, et un morceau de sucre, et le faire absorber par le malade pour le faire suer. Durant le même temps, faire cuire deux gros oignons sous la braise, lorsqu'ils sont bien mous les mettre dans une feuille de choux que l'on placera sur l'estomac du malade pendant quatre heures. Ces oignons doivent attirer le mauvais air et le venin du malade ».

1°) L’épidémie de suette à Acq (62) en 1723 :

Compte rendu du clerc dans le registre des B.M.S. d’Acq:

« L’an de grâce 1723 le 11 d’août, a commencé la maladie de la suette, ceux qui sont morts de ladite maladie en moins de 24 heures malades, dont nous avons été bien affligés, dont les plus forts de la paroisse en sont morts, tant par la crainte ou saisiment, qui en étaient la plus grande cause ».

Les actes (abrégés) de décès dus à la suette:

1°) L’an de grâce 1723 le 11 d’août, est décédé de la suette le jour de Saint Géry à midi en 8 heures de temps, Aimé GENELLE, fils de feu André et Marie ALLART, âgé de 39 ans, a été inhumé le même jour que dessus .

2°) L’an de grâce 1723 le 12 d’août, est décédé Guislain COLIN, veuf de Marie Anne BREUVART, âgé de 56 ans, mort de la suette en 24 heures, a été inhumé le jour même auprès de ses parents .

3°) L’an de grâce 1723 le 12 d’août, est décédée de la suette en 6 heures de temps, Françoise GENELLE, femme de Guislain DAMBRINE, âgée de 33 ans, inhumée le même jour .

4°) L’an de grâce 1723 le 13 d’août, est décédée de la suette en peu de temps, Marie COLIN, femme de Guislain GENELLE, âgée de 53 ans .

5°) L’an de grâce 1723 le 13 d’août, est décédé de la suette, Benoît DUBOIS, mari de Marie Claire MARTIN, âgé de 54 ans, inhumé dans l'église à 11 heures du soir auprès du confessionnal .

6°) L’an de grâce 1723 le 14 d’août, est décédé de la suette en 6 heures, Guislain GENELLE, mari à Marie COLIN, âgé de 48 ans, inhumé près de ses parents .

7°) L’an de grâce 1723 le 14 d’août, est décédé de la suette en moins de 24 heures, Henry Guislain COLIN, mari à feue Guislaine PROUVEUR, âgé de 60 ans .

8°) L’an de grâce 1723 le 15 d’août, est décédée de la suette, Marie Anne DUBOIS, fille de Benoît et Marie Claire MARTIN, âgée de 19 ans, inhumée auprès du choeur dans le cimetière .

9°) L’an de grâce 1723 le 18 d’août, est décédé de la suette, Marguerite PROUVEUR, femme de feu Antoine CUISINIER, âgée de 55 ans.

10°) L’an de grâce 1723 le 25 d’août, est décédé en 6 heures de temps de cette maladie, Guislain LEFETZ, fils de Nicolas et Marie Claire PROUVEUR, âgé de 30 ans.

2°) L’épidémie de suette à Mont-Saint-Eloi (62) en 1723 :

Compte rendu du curé dans le registre des B.M.S. de Mont-Saint-Eloi:

« Les personnes ci-desous marquées depuis le 12 d’août jusque et y compris le 2 octobre 1723 sont décédées ou mortes d’une maladie appelée suette; laquelle maladie emportait les corps en fort peu de temps, les uns ne durant que deux jours les autres 24 heures, d’autres 2 heures et d’autres encore moins.

L’on était remplis de boutons par tout le corps et l’on suait presque continuellement pendant quelques jours.

La plus grande partie de la paroisse a été attaquée et j’ai succombé comme les autres après 8 jours de travail continuel à confesser et administrer tant de nuit que de jour. Cette maladie a commencé dans la paroisse le jour de Saint Laurent après midi et dans l’abbaye le jour de Sainte Claire le 12 août. Plusieurs religieux et plusieurs domestiques ont été attaqués et quelques uns en sont morts.

J’oubliais de dire que l’air était tellement corrompu que l’on a été plusieurs jours sans voir des oiseaux. »

3°) L’épidémie de suette à La Gorgue en 1723 :

Note du vicaire dans le registre des B.M.S. :

« Monsieur le curé et moi-même avons tombé malades dans la même nuict de la maladie nommée la suette et que quatre capucins de Merville ont administré les sacrements à un grand nombre de malades. »