Les moulins d’Acq

Ci-dessus : vue prise du sud du village d’Acq vers 1600, extraite d’une gravure d’un Album de Croÿ . Derrière le moissonneur à veste rouge et portant une faux, qui se trouve au premier plan sur un chemin menant à Haute-Avesnes, on voit la Scarpe et la roue du moulin à eau. A gauche se dresse l’église en pierre couverte de tuiles, et à droite une haute tour d’un manoir (celui du seigneur d’Acq?).

1°) En 1569, le moulin à eau d’Acq est tenu en cense par Edouard BACQUEVILLE d’Adam CUISINIER propriétaire. Le «rendage» ou revenu annuel de ce moulin est de 80 mencauds de bled (4800 kg de blé dur).

Il n’y a pas de moulin à vent à cette date.

2°) Le 18-9-1681 Guislain BOURDREL demeurant à Acq est condamné à payer 60 sols d’amende pour avoir fait moudre son grain ailleurs qu’au moulin d’Acq, ledit moulin appartenant à Antoine DUBOIS seigneur de Duisans. (Voir le détail pages suivantes).

3°) Le 3-3-1744 Jean Baptiste BERTON d’Acq doit payer 60 sols d’amende pour la même raison. Il fait appel de la sentence du Conseil d’Artois.

4°) Le 20 novembre 1754, le moulin à eau appartenant au seigneur d’Hermaville Philippe QUARRÉ DUREPAIRE, est donné en arrentement à Jean Guislain ALLART époux de Marie Anne DELABRE. Il devra payer chaque an 130 £ de rente audit seigneur. En outre il lui faudra verser aussi chaque an :

· 8 rasières de blé (480 kg) au Prévôt de St Nicolas les Arras ;

· 2 rasières (120 kg) au seigneur d’Acq ;

· 2 rasières à la Commanderie d’Haute-Avesnes.

Le 5 décembre 1755 sans doute à cause de la vétusté du moulin et des charges trop lourdes, Jean Guislain ALLART abandonne le moulin, mais il est condamné par le Conseil d’Artois à payer 136 £ au propriétaire. (Voir le détail pages suivantes).

5°) En 1763 le moulin à eau est en ruine ; à cette date Albert CUISINIER est propriétaire d’un moulin à vent à usage de moudre bled, situé au lieu-dit «la Franque Pièce» près du Chemin Salbert. Ce moulin fonctionne depuis la Toussaint 1762.

Arrêt du Conseil d’Artois du 18 septembre 1681

condamnant Guislain BOURDREL

pour non respect de la banalité du moulin d’Acq

(AD62 F18 J273)

Le gouverneur général président et gens du Conseil d’Artois, à tous ceux quy les présentes lettres, verront, salut.

Scavoir faisons que, veu le différent meu pardevers nous entre Antoine DUBOIS escuier seigneur de Duisant, advocat en Parlement, demandeur aux fins de sa requeste appostillier le cincque de décembre mil six cens soixante dix noeuf d’une part, Guislain BOURDREL demeurant à Acque deffendeur d’autre part ; ladite requeste expositive qu’audit demandeur appartient le moulin du village d’Acq auquel les habitants dudit lieu estoient banniers et obligez de moudre leurs grains audit moulin, sans pouvoir les moudre ou porter à autres moulins à penne de confiscation du bled ou farinne, et de 3 £ parisis d’amende, de quoy ainsy jouir et possesser ledit demandeur estoit en bonnes possessions et saisines affirmatives négatives existés de temps immémorial, et par les derniers au exploix néantmoins dedit deffendeur s’estoit juger depuis ung an en la demende et envoier moudre les grains à autre moulin qu’à celuy dudit Acq, auquel il estoit banné au grand intérest dudit suppliant en le troublant par le moins en ses droits possessions et saisines, et commettant envers luy ladite amende de 3 £ parisis, ; lequel trouble n’ayant voulu réparer.

Sujet pourquoy ledit demandeur nous supplioit en équiparant cette requeste à complainte de nouvelité, condamner ledit Guislain BOURDREL à recognoistre les droits possessions et saisines dudit demandeur, réparer le trouble susdit, payer ladite amande et despens, ladite requeste l’exploit de signification letout veu avecq la contumace dudit BOURDREL de dire les fins y contenues nous l’avons maintenu et gardé en droits possessins saisines exprimez par ladite requeste ; condamnant ledit BOURDREL de réparer le trouble en question, en telle estimation de raison en l’amende de 60 sols parisis et aux despens, de ce différent en tesmoing de quoy nous avons à ces présentes lettres fait mettre le seel ordinaire dudit Conseil, quy y furent faits et données en jugement le dix huit de septembre mil six cens quatre vingt ung.

Condamnation du 3-3-1744 de Jean Baptiste BERTON

pour non respect de la banalité du moulin d’Acq.

(AD62 F18J273)

Louis Antoine Joseph CAUDRON escuier seigneur d’Ercourt grand bailly des haustes justices et baronnies d’Aubigny, à tous ceux que ces présentes lettres verront salut.

Scavoir faisons que veu le deffaut obtenu au siège le quinze de febvrier dernier par le sieur Louis François DUBOIS escuier seigneur d’Hermaville et autres lieux, demeurant en la ville d’Arras, joint à Acq Jean François MAYEUR meusnier des moulins à l’aue du village d’Acq du hameau de Chinchy demeurant, demandeurs aux fins de leur requeste répondue et exploiter le vingt huit de janvier au précédent tendante auquel nous plut maintenir et garder ledit sieur DUBOIS dans ses possessions saisine et jouissance du droit de bannalités du moulin à l’aue dudit village d’Acq, et en conséquence condamner le deffendeur cy après nommer dans la réparation du trouble pour avoir fait moudre ses grains depuis quelques temps en d’austres moulins qu’en celuy dudit Acq et en s’amender de soixante sols parisis en le condamnant encore aux dommages et intérests en résultans vers ledit MAYEUR occupeur dudit moulin suivant la liquidation qui en sera faites dans les formes prescriptes l’ordonnance et aux deppens de l’instance d’une part, Jean Baptiste BERTON masson et tailleur de pierres demeurant audit village d’Acq deffendeur et défaillant d’austre part, après que M^e Eloy Joseph ANSART procureur dudit demandeur et elles ouïs et tout considérer les hommes de fiefs desdites hautes justices et baronnies d’Aubigny jugeants à notre conjure ont dit et déclarés disant et déclarent ledit deffaut obtenus par lesdits demandeurs au siège le quinze febvrier dernier, à la charge dudit deffendeur bien et valablement obtenu pour le proffit duquel ont maintenu et garde ledit sieur DUBOIS dans les possessions saisine et jouissance du droit de bannalités du moulin à l’aue dudit village d’Acq, et en conséquence ont condamnés et condamnent la partie deffaillante dans la réparation du trouble pour avoir fait moudre ses grains en d’austres moulins qu’en celuy d’Acq et dans l’amende de soixante sols parisis.

Et donnons pouvoir au premier sergeant a cheval de ce siège sur ce requis de mettre cedit présent jugement à exécution selon sa forme et sa teneur contre quil appartiendra par toutes voyes de justices raisonnables le trois de mars 1744.

Ci-contre : une mesure à grains en pierre datant du XV^e siècle, conservée au Château de la Caucherie à St Martin les Boulogne . (Hauteur : environ 50 cm)

Arrêt du Roi Louis XV daté du 16-7-1755 convoquant un huissier afin de faire payer

à Jean Baptiste ALLART

la somme de 130 £ après son déguerpissement du moulin à eau d’Acq

(AD62 F18J273)

Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre au premier huissier de notre Conseil Provincial d’Artois sur ce requis, te mandons à la requête de notre amé Philippe Marie Joseph QUARRÉ chevalier seigneur de Lespault Hermaville et autres lieux, demeurant en notre ville d’Arras et Aldegonde Julie DUBOIS son épouse, de les mettre de fait en personne ou procureur pour lieu de par nous, nos amés féaux les présidens et gens tenans notre dit Conseil d’Artois pour justice dans tous les biens appartenant à Jean Guislain ALLART tonnelier demeurant au village d’Acq, qui au surplus te seront baillés par déclaration si besoin est pour seureté tant du paiement de la somme de cent trente livres annuellement en quoi ils s’en sont obligés par contrat le vingt six octobre mil sept cent cinquante quatre que des autres clauses y stipulés comme aussy pour seureté des frais de la présente mise de fait tant en droits seigneuriaux comme autrement, lui signifié à tous qu’il appartiendra leur donnant et assignant paier compétent en notre dit Conseil pour la mise de fait voir décrettés accorder contredire ou débattre et procéder en outre selon raison, et tu déclareras sur les assignations que maître Philippe Joseph CANDELIER procureur en notre dit Conseil occupera pour les impétrans, de ce faire et rescrire te donnons pouvoir, donné à Arras sous le seel de notre chancellerie le seize juillet l’an de grâce mil sept cens cinquante cinq et de notre règne le quarantième.

Le douze juin 1744. copie de cette à M^e FONTAINE parlant à sa servante.

Arrêt du Roi Louis XV daté du 10-6-1744 ordonnant à un huissier de convoquer

Jean Baptiste BRETON, suite à une réclamation

du propriétaire du moulin à eau d’Acq

(AD62 F18J273)

Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre, au premier huissier du Conseil Provincial d’Artois, salut.

Su ce requis te mandons à la requête de Louis François DUBOIS escuier seigneur de Lassus, Hermaville et autres lieux demeurant en notre ville d’Arras d’assigner et intimer à comparoir à jour certain et compétent pardevant nos amez et féaux les présidens et gens tenans notre dit conseil d’Artois : Jean Baptiste BRETON maçon et tailleur de pierres demeurant au village d’Acq pour procéder et aller avant sur l’appel interjetté par l’impétrant et qu’il interjette d’abondant par ces présentes d’un jugement rendu en matière civil par les officiers de notre gouvernance d’Arras le 18 de may dernier et en outre procéder selon raison et tu déclarera que M^e Jacques DUFOUR procureur en notre dit conseil demeurant à Arras rue des Agaches paroisse de Saint Aubert, occupera pour ledit impétrant sur ledit appel de ce faire et récrire, te donnons pouvoir car tel est nostre plaisir.

Donné à Arras sous le seel de notre chancellerie le dix juin l’an de grace mil sept cent quarante quatre et de notre règne le vingt neufvième.

Le moulin à vent d’Acq :

Dessin du moulin d’Acq datant sans doute du XIX^e siècle

Le moulin à vent d’Acq commence à fonctionner à la Toussaint 1762.

Il se trouve au lieu-dit «la Franque Pièce », en bordure du chemin Salbert.

Le premier meunier est Albert CUISINIER, né à Acq le 14-9-1708, y décédé le 11-6-1765. Il est l’époux de Marie Claire CRETON.

Leur fils Nicolas Augustin CUISINIER, né à Acq le 9-5-1745, y décédé le 16-4-1808, fait ensuite tourner le moulin. Il est l’époux de Maximilienne HERBET. Ce couple est sans descendance.

En 1790, le maire d’Acq signale que ce moulin à vent est fragile.