Montée au Pavillon des Cigognes

 

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Traduction :

 

Montée au Pavillon des Cigognes

                             (Wang Zhihuan)

 

Le soleil éclatant se couche derrière la montagne,

Le Fleuve Jaune se perd au sein de la mer.

Su tu veux voir mille lis plus loin,

Il te faut monter un étage de plus.

 

Notes:

 

* Le Pavillon des Cigognes (reproduit ci-dessus) est érigé dans la province du Shanxi. Il fait face aux montagnes, occupe une position dominante et a vue sur le Fleuve Jaune qui coule en bas. Le paysage est grandiose. A l'approche du soir, entre chien et loup, le poète est monté jusqu'au Pavillon des Cigognes. Il porte son regard au loin dans les quatre directions. Il voit l'interminable chaîne de montagnes, derrière laquelle le soleil se couche peu à peu. Regardant en bas, il voit les flots impétueux du Fleuve Jaune qui convergent vers l'océan à l'est. Le soleil éclatant, les hautes montagnes et le fleuve constituent une peinture splendide qui remplit le cœur du poète et le fait déborder d'enthousiasme. Voilà ce que suggère le premier distique. Il constitue une image éternelle de la nature, rien ne pourra la changer. Par contre les deux derniers vers ont une double signification. Tout d'abord il est évident que si on veut voir le paysage plus loin, il suffit de monter un étage de plus dans ce Pavillon des Cigognes. Mais au sens figuré le poète donne un autre sens au second distique: « si tu veux voir mille lis plus loin, il te faut monter un étage de plus ». Le sens est que si on veut améliorer sa condition sociale, si on veut avoir une position plus élevée dans la société, il faut payer de sa personne, étudier avec rigueur et travailler avec application voire durement. C'est une injonction morale, une réflexion sur la condition de l'homme, qui peut être modifiée, par opposition à la nature qui elle est immuable.

Les deux derniers vers que l'on peut aussi traduire par « Si tu veux embrasser l'infini de l'espace, il te faut prendre davantage de hauteur », constituent en Chine une maxime transmise de génération en génération, citée par les parents à leurs enfants ou par les professeurs à leurs élèves.

 

* Les deux premiers vers se répondent d'une manière remarquablement symétrique, syllabe par syllabe :

bai et huang veulent dire : blanc et jaune (couleurs);

ri et he ont pour sens : soleil et fleuve (éléments de la nature en mouvement);

yi et ru signifient : reposer et pénétrer (verbes d'action);

shan et hai désignent : montagne et mer (éléments de la nature);

jin et liu se traduisent par : épuiser et couler (verbes).